Noémie Lvovsky : «Avec Didier Bourdon, un vrai couple de cinéma»

Noémie Lvovsky, Didier Bourdon et le casting du film © Thomas O’Brien

Dans « Un Noël en famille » (en salles dès ce mercredi 18 décembre), l’actrice est Carole, une mère dépassée par le conflit des générations. Et des débats qui mènent à de jolis pétages de plombs. Mais aussi de la tendresse.

Rencontre.

La réalisatrice Jeanne Gottesdiener a écrit le rôle de Carole pour vous. Un cadeau intimidant ou porteur ?

Les deux, mon colonel ! Ça m’a paru à la fois très touchant et très étrange qu’on crée pour moi. Jeanne et moi nous étions croisées durant nos études de cinéma, il y a trente ans ! Ce fut délicieux de se retrouver. Comme moi, c’est une personne très enthousiaste. Je pense que nous avons toutes les deux injecté cette bonne humeur au personnage de Carole qui s’applique à faire plaisir à tout le monde sans râler. Sauf lorsque les autres la poussent vraiment à bout !

Onze ans après le film « Jacky au royaume des filles » (de Riad Sattouf), Didier Bourdon est à nouveau votre époux…

Quel plaisir ! Surtout parce qu’il joue ici un mari très différent. Avec Didier, il y a eu à chaque fois un déclic immédiat. Nous formons tout de suite un vrai couple de cinéma. Pas besoin de se tourner autour, de cerner l’autre. Cette connexion de comédie permet de travailler tout en nous amusant beaucoup.

La comédie est un exercice exigeant. Cela laisse-t-il quand même une liberté suffisante aux acteurs ?

Ah, oui ! Il ne faut pas du sérieux, mais un esprit de sérieux. Avec Didier, nous cherchons les mêmes effets avec sincérité. Nous aimons nous laisser surprendre par les scènes, par les situations. Nous avons eu trois semaines pour tourner la soirée du réveillon. Une période très jouissive !

Carole est à la fois maire de sa ville et mère de famille. Tout le monde lui fait des reproches. Culpabiliser fait-il d’office partie du « métier » de maman ?

Aujourd’hui, mon fils est grand, mais en tant qu’actrice, j’ai toujours eu des horaires très variables avec un besoin de travailler beaucoup. Donc, mon enfant et mon entourage me regardaient un peu bizarrement ! Ce n’était pas simple. Mon personnage fait aussi le maximum, mais ses trois enfants, avec leur franchise et leur conception de la vie, ont pas mal de doléances !

Le film montre une famille bien actuelle, avec des enfants qui osent s’opposer davantage à leurs parents…

Dans le récit, c’est cela qui crée les conflits, mais déclenche aussi les rires. Donc, cela me semble constructif. Quelle que soit l’époque, les parents essayent d’être un exemple pour leur progéniture, mais ils sont aussi changés, « formés » par les enfants avec leurs idées nouvelles. Le plus précieux que la jeunesse puisse nous apporter c’est l’enthousiasme, la vitalité, le fait de croire à un monde meilleur. C’est très sain de voir les juniors se révolter. Même si, comme dans le cas de Carole et de son mari Alain, c’est assez perturbant. Ça les oblige à se remettre en question, quitte à s’affronter.

À propos de fracture entre passé et présent, la cadette de Carole lit « 1984 » de George Orwell (roman d’anticipation sur un monde moderne inquiétant). Votre avis ?

C’est un clin d’œil très juste, à la fois une mise en garde et un objet d’amusement. Car tout ce qui fait rire prend presque toujours racine dans des sujets graves. L’humour est là pour les désamorcer.

Il est aussi question de tradition de Noël, qu’on l’aime ou pas. Les traditions vous paraissent-elles importantes ?

Oui, mais je me construis mes propres traditions. Ou plutôt, il s’agit de petits rituels. Avec un quotidien d’artiste toujours très varié, j’en ai besoin, ce sont mes repères !

Cet article est paru dans le Télépro du 19/12/2024

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