Nicoletta, sa vie est toujours un manège

La chanteuse Nicoletta pose avec son chien Titus, sur une plage de Cannes, le 15 mai 1961 © AFP/Archives Pierre GATTI

Un demi-siècle de scène, ça se fête: Pour Nicoletta, c’est une grande tournée et un album piano-voix revisitant ses tubes, « Mamy Blue », « Ma vie c’est un manège » ou « Il est mort le soleil ».

Révélée en 1967 avec « La musique », l’artiste compte 23 albums et plus de 3.000 concerts à son actif. Mais qu’on ne parle pas à Nicole Grisoni (pour l’état civil) de « carrière » : « Ce sont les banquiers qui font carrière ! », lance-t-elle à l’AFP.

« Depuis mes débuts, je fais mon métier avec bonheur. Je n’oublie jamais que je suis arrivée à Paris (depuis sa Haute-Savoie natale) avec quinze francs en poche… C’était: +à nous deux Paris !+ », rembobine la chanteuse de 77 ans.

« Je ne savais pas ce que j’allais y faire. Hervé Vilard m’a aidée et hébergée ». Pour gagner sa vie, elle devient « disc-jockey au King’s Club, une boite de Saint-Germain-des-Près. On disait +disquaire+ à l’époque ». « Ce quartier me fascinait avec le jazz flamboyant. C’est là que j’ai trouvé ma chance », se souvient-elle.

Léo Missir, directeur artistique d’Eddie Barclay, la repère quand elle pousse la chansonnette derrière ses platines, se distinguant avec sa voix puissante, si singulière en pleine période yéyé.

Plusieurs succès à la suite –dont « La Musique », « Il est mort le soleil », « Ma vie c’est un manège » ou « Les volets clos »– la propulsent alors parmi les valeurs sûres de la chanson française.

Charles Aznavour glisse qu’elle a « la voix de la véhémence du bonheur cherché, perdu et parfois rencontré, une voix qui appelle à l’acte amoureux ». Johnny Hallyday, également séduit, lui confie ses premières parties dès 1969.

On ne compte plus les hits: « Où es-tu passé mon Saint-Germain-des-Prés ? », « Dieu est nègre », « A quoi sert de vivre libre? » sans oublier « Mamy Blue » en hommage à sa grand-mère, chanson reprise par plus de 150 interprètes dans une trentaine de langues.

Inédit composé par Carla Bruni

Figure populaire de la chanson francophone, aussi à l’aise dans la variété, le blues, la soul et le gospel, elle fera aussi parler d’elle hors de l’Hexagone. « La seule blanche avec une voix de noire », dira Ray Charles.

Elle préfère se décrire en « bon artisan opiniâtre et exigeant ». « Je suis très reconnaissante au public, insiste-t-elle. Je lui dois tout. La scène est essentielle avec ces moments uniques de partage et de joie. Je vois dans les yeux des spectateurs que je les rends heureux ».

Formée à la chorale de l’église de son enfance à Vongy (Haute-Savoie) et fan de gospel et de jazz, Nicoletta montera d’ailleurs son propre groupe pour de nombreux concerts dans des paroisses en France et à l’étranger.

« Je suis très croyante, même si je ne m’adresse pas à Dieu directement. Je ne veux pas le déranger… J’ai eu de la chance, mais aussi des malchances… La vie est une chienne ».

Elle n’en dira pas plus. « Il faut prendre sur soi et avancer. On n’a pas le droit de se plaindre quand on voit les malheurs du monde ».

Et voici donc (sortie vendredi) son nouvel album studio, « Amours & Pianos », dans la collection piano-voix intitulée « Parce que » et inaugurée chez Pias par Arno.

Nicoletta y a glissé un inédit cousu main par Carla Bruni (paroles et musique de « Mon Jésus-Christ »). Et il y a d’autres surprises, comme les apparitions sur deux standards du trompettiste-star Erik Truffaz et la voix de Marina Kaye, jeune pousse révélée adolescente dans un show télé, sur « Il est mort le soleil ».

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