Nicolas Duvauchelle : «Les winners sont trop lisses et ennuyeux» (interview)

Il tient un rôle fugace mais brûlant dans «Tout nous sépare», un film noir, proche des polars des années 50.

Alternant drames, comédies et récits classiques, Nicolas Duvauchelle (37 ans) dit enfin se sentir légitime dans le monde du 7e art. On le ressent dans «Tout nous sépare» où il tient tête à Catherine Deneuve et Diane Kruger.

Rencontre avec un acteur qui, comme ses personnages, cache sa sensibilité derrière ses tatouages.

Votre ami, le cinéaste Thierry Klifa, a-t-il écrit le personnage de Rodolphe pour vous ?

Il ne m’a rien dit mais je le pense, oui ! Nous sommes potes depuis assez longtemps maintenant et Thierry sait que j’ai moi aussi un côté sombre. Maintenant, le fait qu’il ait écrit pour moi et que nous soyons amis ne m’ôte pas la pression, bien au contraire. En amitié, je tiens à ne pas décevoir. Donc, tourner sous la direction d’un copain n’est pas si facile que ça !

Catherine Deneuve fait partie du casting. Avez-vous accepté ce film, notamment pour la retrouver ?

Peut-être. Depuis le tournage des «Yeux de sa mère», je gardais un souvenir génial de cette femme étonnante. Puis, j’ai aussi fait la connaissance de Diane Kruger qui m’a impressionné par son investissement. Elle n’est pas chochotte. Dans les scènes difficiles, elle s’est laissée porter et m’a fait confiance. C’est gratifiant.

Est-il vrai que Deneuve est une personne plutôt froide ?

Pas du tout ! Si Catherine se montre parfois distante, c’est sans doute à cause de l’image que l’on a d’elle. Si on se montre mal à l’aise en faisant des manières, ça peut l’ennuyer. Mieux vaut être franc, normal, direct. Deneuve a de l’humour et n’a pas peur. Elle n’a pas demandé à être ménagée durant nos séquences d’empoignade. Puis, sur un plateau, c’est une actrice qui prend soin des autres, elle est dans la transmission.

Vous avez aussi tourné pour la télé, dans la série «Braquo». Un bon souvenir ?

Une expérience intéressante. Surtout quand l’un des metteurs en scène s’appelle Olivier Marchal ! Puis, je ne m’en cache pas, j’ai aussi accepté cette aventure pour toucher un large public, les spectateurs qui ne vont peut-être pas au cinéma.

On vous compare souvent à Patrick Dewaere. Un compliment agréable ?

Oh, ouais ! D’autant que Miou-Miou est la première à me l’avoir dit. Je ne crois pas avoir le même tempérament que Patrick mais j’aime ses rôles de mec écorché, fragile. J’adore les emplois d’anti-héros. Les winners, eux, sont trop lisses et ennuyeux.

Entretien : Carol Thill

Découvrez ci-dessous la bande-annonce du film : 

Votre rôle est violent mais beau…

Oui, car il est très ambigu. Au-delà de ses problèmes de délinquants, Rodolphe est un gars sensible, il s’inquiète pour sa bande d’amis. Et il aime vraiment Julia, jouée par Diane Kruger. Mais cet homme est issu d’un milieu où on ne répond que par l’agressivité, où la réalité est totalement désincarnée à cause du web, des réseaux, des jeux vidéo.

Rodolphe et ses potes incarnent l’actuelle jeunesse égarée. Quel regard posez-vous sur elle ?

On ne lui donne pas grand-chose : ni chance, ni espoir, ni attention, ni d’emploi. Ma génération, comme les suivantes, a toujours vécu avec la menace du chômage. Il y a de terribles manques de repères. Je me demande comment ça tournera lorsque mes enfants seront en âge de bosser dans cette société.

Votre personnage vit une relation d’amour très animale avec sa compagne. Votre avis sur ce style de rapports ?

Ça peut être toxique et destructeur. On a toujours du mal à s’extraire d’une histoire passionnelle, il y a forcément des dégâts. Mais avec une telle intensité dans les sentiments, on se sent vivant ! Hélas, ça ne rend pas heureux sur le long terme.

Catherine Deneuve fait partie du casting. Avez-vous accepté ce film, notamment pour la retrouver ?

Peut-être. Depuis le tournage des «Yeux de sa mère», je gardais un souvenir génial de cette femme étonnante. Puis, j’ai aussi fait la connaissance de Diane Kruger qui m’a impressionné par son investissement. Elle n’est pas chochotte. Dans les scènes difficiles, elle s’est laissée porter et m’a fait confiance. C’est gratifiant.

Est-il vrai que Deneuve est une personne plutôt froide ?

Pas du tout ! Si Catherine se montre parfois distante, c’est sans doute à cause de l’image que l’on a d’elle. Si on se montre mal à l’aise en faisant des manières, ça peut l’ennuyer. Mieux vaut être franc, normal, direct. Deneuve a de l’humour et n’a pas peur. Elle n’a pas demandé à être ménagée durant nos séquences d’empoignade. Puis, sur un plateau, c’est une actrice qui prend soin des autres, elle est dans la transmission.

Vous avez aussi tourné pour la télé, dans la série «Braquo». Un bon souvenir ?

Une expérience intéressante. Surtout quand l’un des metteurs en scène s’appelle Olivier Marchal ! Puis, je ne m’en cache pas, j’ai aussi accepté cette aventure pour toucher un large public, les spectateurs qui ne vont peut-être pas au cinéma.

On vous compare souvent à Patrick Dewaere. Un compliment agréable ?

Oh, ouais ! D’autant que Miou-Miou est la première à me l’avoir dit. Je ne crois pas avoir le même tempérament que Patrick mais j’aime ses rôles de mec écorché, fragile. J’adore les emplois d’anti-héros. Les winners, eux, sont trop lisses et ennuyeux.

Entretien : Carol Thill

Découvrez ci-dessous la bande-annonce du film :