Mort de Michel Blanc, clown triste du cinéma français

Michel Blanc à Beaune, en Côte-d'Or, le 16 novembre 2008

Impayable Jean-Claude Dusse dans « Les Bronzés », acteur majeur du cinéma comique dans les années 80 avant de s’orienter vers des rôles dramatiques et une carrière de réalisateur, Michel Blanc est mort à l’âge de 72 ans dans la nuit de jeudi à vendredi.

Annoncée par Paris Match, sa mort a été confirmée à l’AFP par l’attaché de presse de ses principaux films, Laurent Renard. 

L’acteur a fait un malaise cardiaque dans la soirée et a été transporté dans un état sérieux dans un hôpital parisien, a précisé son entourage à l’AFP. 

« Putain, Michel… Qu’est-ce que tu nous a fait… », a réagi sur Instagram Gérard Jugnot, son complice de la troupe comique du Splendid, résumant la stupeur et l’émotion du public à l’annonce de cette mort.

« Michel mon pote, mon frère, mon partenaire », a écrit sur le même réseau social Josiane Balasko, elle aussi membre de la troupe qui les a amenés à la célébrité.

« Ce matin, la peine est immense, à la mesure de son talent (…). Le cinéma, le monde de la culture comme l’ensemble des Français ne l’oublieront pas », a estimé la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur le réseau social X.

A l’image de celui de Jean-Claude Dusse, dans « Les Bronzés » de Patrice Leconte (1978), ou de Denis dans « Marche à l’ombre » (1984), qu’il avait réalisé, ce sont les personnages comiques de losers exaspérants qui lui ont valu son immense popularité auprès du public.

Archétype

Dans ces films, Michel Blanc créée un archétype comique, celui du chauve maigrichon et moustachu aussi exaspérant qu’attachant, qui lui collera ensuite à la peau.

« À l’époque, on a écrit des personnages qui étaient assez proches de nous. Jean-Claude Dusse, c’était clairement pour moi, pas pour Thierry Lhermitte (le playboy dans « Les Bronzés », ndlr). J’ai très vite eu peur qu’on m’y associe toute ma vie », avait-il raconté à Paris Match au printemps. 

Il prend alors d’autres chemins, avec des rôles dramatiques comme celui du travesti Antoine dans « Tenue de soirée » (1986) de Bertrand Blier, ou de l’inquiétant « Monsieur Hire » (1989) de Patrice Leconte, d’après un livre de Georges Simenon.

Avec sa mort, « on célébrera l’acteur des Bronzés et autres succès publics de celui au physique souffreteux du Français à qui on ne la fait pas », mais « espérons qu’on n’oubliera pas un film où il est acteur et réalisateur », et « ce «Monsieur Hire» qui est un chef d’œuvre », a réagi l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, sur X.

Gros bosseur, perfectionniste, Michel Blanc savait utiliser ses complexes et son talent d’écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu’il avait réalisés comme « Grosse fatigue » (1994) et « Embrassez qui vous voudrez » (2002).

En 2006, Patrice Leconte avait à nouveau réuni la troupe des « Bronzés » pour un troisième volet, qui avait été un échec critique.

Malgré cela, Michel Blanc avait toujours envie de retravailler avec ses anciens complices du Splendid, comme il l’avait dit au printemps à Paris Match: «  Faire des choses ensemble, oui, mais pas «Les Bronzés». On ne sait plus faire cet humour-là. C’était il y a bientôt cinquante ans, le monde a évolué ».

jfg-pr/may/pta

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