Mort de Burt Bacharach, le compositeur fétiche de Dionne Warwick
Il a fait chanter Aretha Franklin, Dusty Springfield ou les Beatles: l’Américain Burt Bacharach, mort à 94 ans selon les médias américains jeudi, a créé des dizaines de mélodies devenues des classiques, notamment pour son interprète fétiche Dionne Warwick.
« What the world needs now is love », « The look of love », « Don’t go breaking my heart », « A house is not a home »… à la frontière entre jazz et pop, ses ballades romantiques et mélancoliques ont atteint les sommets des hit-parades des deux côtés de l’Atlantique.
La liste de ses interprètes — plus de 1.000 — est tout aussi impressionnante: on y trouve Tom Jones, Elvis Costello, les White Stripes, etc.
Stan Getz a enregistré un album entier de ses compositions (« What the world needs now: Stan Getz plays the Burt Bacharach songbook »), tandis que des artistes aussi divers que Brian Wilson et le leader d’Oasis Noel Gallagher ont clamé leur admiration pour son oeuvre.
D’apparence simples — « je n’ai qu’une règle: ne pas rendre les choses difficiles pour l’auditeur », disait-il –, ses compositions sont en fait truffées de mesures asymétriques et de progressions d’accords complexes.
Des ruptures de rythmes qui accrochent subtilement l’oreille de l’auditeur, mais constituent autant de défis pour les interprètes de ce maître exigeant.
La chanteuse Cilla Black a ainsi raconté avoir dû enregistrer 32 prises d' »Alfie » dans les studios londonien d’Abbey Road avant de parvenir à le contenter.
Engagé par Marlène Dietrich
Pianiste passionné de jazz, né le 12 mai 1928 à Kansas City (Missouri), Burt Bacharach étudie l’art de la composition dans plusieurs universités américaines.
Un de ses professeurs, le Français Darius Milhaud, lui donne un conseil qui le marque à vie: « ne jamais avoir peur d’être mélodieux ».
Après son service militaire, il est engagé par Marlène Dietrich comme arrangeur et directeur musical pour ses tournées.
En 1957, il rencontre le parolier Hal David (décédé en 2012), avec qui il va former un des tandems les plus fructueux de l’industrie musicale.
Quatre ans après le début de leur partenariat, ils découvrent au cours d’une session d’enregistrement une jeune choriste qui va devenir leur « porte-drapeau »: Dionne Warwick.
Entre 1962 et 1968, ils classeront ensemble 15 titres dans le Top 40 américain, dont « Walk on by », « Anyone who had a heart » ou « Do you know the way to San José? ».
Le duo d’auteurs est également plébiscité par Hollywood. En 1970, ils glanent deux Oscars pour la musique du film « Butch Cassidy et le Kid » et sa chanson originale « Raindrops keep fallin’ on my head ».
Burt Bacharach en remporte un autre en 1982 avec « Arthur’s theme (Best that you can do) », la chanson originale du film « Arthur ». Mais, il monte cette fois sur la scène des Academy Awards sans son acolyte.
Quatre mariages
En 1973, un conflit financier a éclaté entre les deux hommes. Pendant dix ans, ils ne se parlent que par avocats interposés et ne travailleront plus jamais ensemble.
La fin du partenariat avec Hal David est synonyme de traversée du désert pour Burt Bacharach, qui ne renoue avec le succès que dans les années 1980.
Surnommé « le playboy du monde occidental » dans les années 1960, le musicien à l’allure athlétique et au large sourire, s’est marié à quatre reprises, avec Paula Stewart (1953-58), Angie Dickinson (1965-1980), Carole Bayer Sager (1982-91) et Jane Hansen (en 1993).
« J’étais amoureux de ma musique. Et la passion pour la rendre parfaite est telle que ça rend fou », a-t-il dit pour expliquer sa vie sentimentale tumultueuse.
La vie de Burt Bacharach a également été marquée par un drame, l’autisme de la fille née de son union avec l’actrice Angie Dickinson, Nikki. Celle-ci s’est suicidée en 2007, à l’âge de 40 ans. Burt Bacharach a eu trois autres enfants.
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