Michel Daerden était aussi «Papa le roi du buzz»
L’homme politique liégeois est mort dimanche 5 août 2012 à Fréjus où il était hospitalisé depuis une semaine après un double malaise cardiaque.
Derrière l’éminent politicien, il y avait aussi l’homme médiatique. Michel Daerden se classait en tête des personnalités belges les plus suivies sur les réseaux sociaux. Il faut dire que l’homme politique liégeois n’y avait jamais déçu ! Bien sûr, l’homme politique devait d’abord son immense popularité au travail qu’il effectuait dans la province de Liège, mais sa notoriété, dépassant nos frontières, était aussi due à une série d’apparitions télé ayant fait le buzz. Si nous nous associons évidemment à la douleur de sa famille et de ses proches, pour conserver de lui l’image d’un éternel optimiste, nous vous proposons un souriant retour sur ce bon client du petit écran.
En 2006, il enflamme le Web
Dans l’euphorie de sa victoire électorale, en octobre 2006, Michel Daerden s’approche du micro qui s’est faufilé jusqu’à lui et sans s’offusquer du caractère a priori désobligeant de la question, il la répète calmement avant d’y répondre avec tout l’aplomb qu’on lui prête : «Si je suis saoul ? Mais pas plus qu’à l’accoutumée.» Prononcées sur un ton balbutiant, ces deux phrases viennent de conférer à Michel Daerden un nouveau statut : l’homme politique liégeois enflamme le Web dès la mise en ligne de ces images qui, aussitôt, tournent en boucle, suscitant des commentaires mêlant surprise amusée et stupeur atterrée. C’est, disons, son premier fait d’armes catalogué au rayon des bouffonneries couplées aux outils de son temps.
«Démission», hurle la N-VA
Les autres ? Elles kidnapperont littéralement Michel Daerden, le traqueront, le réciteront dans le texte, le découperont au gré de certains de ses dérapages, le filmeront sous toutes les coutures. Est-il nécessaire de préciser que le Liégeois est un bon client, et pas seulement pour les restaurants où il a ses habitudes ? Avec lui, l’addition fait généralement son poids. Ce réviseur d’entreprises de formation n’aime rien tant qu’assembler les chiffres, fût-ce à partir d’un menu n’affichant pas forcément des tarifs de collégien.
Tiens, au fait : Michel Daerden sortait-il d’un gueuleton solidement arrosé lorsqu’il lui fallut prendre la parole au Sénat au cours d’une intervention restée célèbre ? C’était en janvier 2010. Ce jour-là, les nationalistes flamands de la N-VA réclameront sa démission de son poste de ministre fédéral des Pensions, prétextant que ses propos hésitants et son débit saccadé traduisaient un état d’ébriété avancé. L’information sera relayée par la BBC. Décidément, tout le monde connaît Michel Daerden !
«De la meuf… »
D’ailleurs, le voilà invité par Sébastien Cauet de passage en Belgique et à qui il lance : «Il y a de la meuf ici, ce soir, hein ?» Emballement garanti. Idem quand une vidéo montre Michel Daerden en train de s’assoupir pendant un discours de Rudy Demotte, en 2008, lors des Fêtes de Wallonie. Ou tandis qu’il affirme durant un débat télévisé être «impuissanté» pour faire progresser cet épineux dossier des pensions dont il a la charge.
Suivi par une équipe de Canal+ dans le cadre d’un sujet pour le désormais cultissime «Grand Journal» de Yann Barthès, le Liégeois fonce dans l’espace médiatique avec l’ardeur d’un kamikaze. En clair ? Il ose tout…
Les « Douze Travaux » de Jules César
Flanqué de sa fille Aurore, qui adopte une position lascive à ses pieds ou lui tend une couronne de lauriers, Michel Daerden pose dès lors en «Jules César» dans Paris-Match. En ce début décembre 2009, le «choc des photos» est immédiat. Quelques jours plus tard, son apparition dans l’émission «Les Douze Travaux» diffusée par la RTBF battra tous les records d’audimat. Le Liégeois qui, pour reprendre l’expression d’Hervé Jamar, député MR, «a développé un concept : l’intégration grandissante des personnalités politiques à des programmes de divertissement», fait donc (pratiquement) toujours salle comble.
«Célibataire, mais jamais seul !»
Cette Daerdenmania, dont le populisme bon enfant (au mieux) ou l’exhibitionnisme de bas étage (au pire) est la marque de fabrique, s’exporte une nouvelle fois, alors que sa figure de proue squatte le plateau des «Enfants de la télé» lors d’une spéciale franco-belge proposée par Arthur pour la sortie du film de Dany Boon, «Rien à déclarer».
Michel Daerden retrouvera le présentateur en mars 2011, dans un programme intitulé «Ce soir avec Arthur». Il soufflera dans un alcotest avant de s’épancher sur sa vie sentimentale : «J’ai été marié une fois, il y a très longtemps, plus jamais» ou «Je suis célibataire, mais je ne dors jamais seul». Là encore, Michel Daerden avait été égal à lui-même !
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