Merkel va recevoir la plus haute distinction allemande malgré un bilan critiqué

L'ex-chancelière allemande Angela Merkel, le 29 mars 2023 à Berlin © POOL/AFP/Archives Ian Vogler

L’ex-chancelière Angela Merkel s’apprête lundi à recevoir la plus haute distinction allemande malgré les critiques visant son bilan, en particulier sa politique nucléaire et ses accommodements présumés avec Moscou.

Mme Merkel, qui a dirigé l’Allemagne de 2005 à 2021, va recevoir la Grand-Croix de classe spéciale des mains du président allemand Frank-Walter Steinmeier lundi à 18h00 locales (16h00 GMT).

Seuls les anciens chanceliers Konrad Adenauer et Helmut Kohl ont jusqu’ici reçu cette distinction.

L’ancienne dirigeante conservatrice, âgée de 68 ans, a pourtant vu son étoile pâlir depuis son départ de la chancellerie en décembre 2021. En cause notamment, ses décisions en 2011 de tourner le dos à l’énergie nucléaire et en 2015, d’ouvrir les portes aux réfugiés syriens et irakiens.

Les critiques émanent même désormais de son parti, la CDU.

L’ex-chancelière, à laquelle a succédé le social-démocrate Olaf Scholz, a eu « de grands mérites, notamment au niveau international ». Mais elle a « aussi fait des erreurs, certaines flagrantes », a ainsi estimé sur la chaîne d’information NTV Carsten Linnemann, vice-président du parti conservateur.

L’abandon du nucléaire, accéléré par la chancelière après la catastrophe de Fukushima (Japon), a constitué « une erreur » car il a été décidé « sans dire comment nous allions nous approvisionner en énergie de manière plus ou moins autonome », selon lui.

M. Linnemann a aussi évoqué, parmi les « erreurs flagrantes », la décision d’ouvrir les frontières aux réfugiés en 2015.

Mme Merkel, qui a quitté la chancellerie avec une popularité au zénith, a aussi vu son héritage terni par l’invasion russe de l’Ukraine, au motif qu’elle aurait été trop accommodante avec Vladimir Poutine et aurait accentué la dépendance allemande à l’énergie russe.

« A la fin de son (quatrième) mandat, notre pays n’était pas en bon état », estime le secrétaire général du parti libéral FDP, Bijan Djir-Sarai.

Mme Merkel, qui s’est attelée à l’écriture de ses mémoires depuis son départ de la chancellerie, reçoit toutefois des éloges, y compris de ses rivaux du SPD et des Verts.

« J’apprécie particulièrement son habileté diplomatique et sa sagesse empathique, grâce auxquelles elle a toujours réussi à forger des coalitions et des compromis viables sur la scène nationale et internationale », souligne ainsi Saskia Esken, une des dirigeantes du SPD.

Mme Merkel chancelière a « marqué notre pays comme peu d’autres », abonde le co-dirigeant des « Grünen », Omid Nouripour, pour qui « il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec l’ensemble de son action pour reconnaître ses grands mérites ».

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