Mères et filles: les deux font la paire !

Glenn Close et sa fille Annie Starke, très complices. Elles incarnaient le personnage principal de «The Wife» (2017) à deux âges différents. © Isopix

Passages orageux, complicité ou liens fusionnels, mères et filles stars connaissent les mêmes tracas et les mêmes bonheurs que les autres. Voilà qui fait tout leur charme.

Susan Sarandon et Eva Amurri Martino dans «The Banger Sisters» (2002) et «Middle of Nowhere» (2008); Anny Duperey et Sara Giraudeau sur une même scène de théâtre pour «Colombe» de Jean Anouilh ; le duo Angelina Jolie-Vivienne Jolie Pitt dans «Maléfique» (2014) – la fillette était la seule à ne pas avoir peur de sa mère dans un costume effrayant ! – ou la magie délicate partagée par Sarah Mortensen et sa maman Elisabeth dans la série «Astrid et Raphaëlle» intéressent le public. Dans les coulisses, mères et filles doivent toutefois accorder leurs violons !

Je t’aime moi non plus

Mêmes talent, charisme et sensibilité pour Charlotte Gainsbourg et Jane Birkin. Pourtant, ces deux-là ont mis du temps à communiquer vraiment. Elles n’ont trouvé le climax de leur histoire que récemment, grâce au documentaire «Jane par Charlotte» réalisé par la seconde.

«Il y avait une pudeur entre nous que je voulais explorer, mais ça me foutait un peu la trouille aussi !», explique la cinéaste en herbe. «J’ai réalisé qu’on s’aimait mais qu’on n’avait jamais su se le dire ! Bon, mon père, Serge Gainsbourg, non plus ne me l’a jamais dit, mais il m’a témoigné son amour avec des chansons, des films… En fait, il existe plein de façons de dire à ses enfants qu’on les aime. (…) Peut-être qu’étant la deuxième d’une tribu de trois filles, j’étais jalouse, je voulais plus de proximité avec ma mère, je voulais le trop-plein d’émotions, les engueulades qu’elle avait avec mes sœurs, Kate (Barry) et Lou (Doillon) !» 

Jane, de son côté, ne savait pas comment s’y prendre avec sa fille. «À partir de 13 ans, avec ses rôles au cinéma, Charlotte a connu une vie un peu à part, elle est devenue un personnage un peu mystérieux pour moi», confie la chanteuse et actrice de 75 ans. Et c’est leur passion commune, le 7e art, qui leur a permis d’y voir clair.

Complexes et aveux

La jeune femme a aussi dû surmonter un complexe : «Je ne peux pas être comme Jane, je n’ai pas sa grâce et j’ai longtemps souffert de ne pas avoir sa beauté !»

Miss Birkin a compris tous les «blocages» de sa fille : «C’était nécessaire pour Charlotte d’entendre certaines choses qui ne se sont jamais dites. Elle avait besoin d’être rassurée, et moi aussi, car à travers les interviews qu’elle a données, je croyais qu’il n’y avait que son père qui comptait ! Le cadeau de ce film, c’est d’avoir découvert à quel point j’étais nécessaire à sa vie d’adulte. Je l’ignorais. Pour cela, ce film restera un bijou que je garderai toute ma vie.»

Réponse de l’intéressée : «Ce film est une déclaration que je lui fais, elle l’a compris. Néanmoins, il y a toujours la même pudeur entre nous ! Ça ne nous a pas rendues plus expansives, mais la nature de notre relation est dite.»

Liberté, complicité, sororité

Pour Josiane Balasko et Marilou Berry, c’est la franchise et la liberté qui priment. Au fil des interviews qu’elles ont accordées à Télépro, leur complicité est apparue évidente. «Je fonctionne à l’exemple», confie Josiane. «En me voyant bosser, elle a pu se rendre compte que le cinéma, ce n’était ni du glamour ni des paillettes, mais du travail et de la responsabilité !»

Si l’entente est là, Marilou a toutefois souffert de la célébrité maternelle : «J’ai connu de durs moments à l’école. J’avais 12 ans quand est sorti le film «Gazon maudit» (1995). Mes camarades traitaient ma mère d’invertie et disaient que j’étais pareille. J’ai quitté le lycée très tôt pour étudier le théâtre. Aujourd’hui, malgré ma chance et ma filiation, j’angoisse encore un peu. Le talent ne fait pas toujours la réussite.» 

Très comiques

Quant au fameux phénomène oedipien, le duo ne l’a pas connu. «Certaines filles ont besoin de « tuer » symboliquement leur mère pour exister. Ça ne me semble pas forcément nécessaire. Ça dépend des cas : il y a des mères envahissantes qui veulent que leur fille leur ressemble, d’autres qui sont amies… Chez nous, en tout cas, Marilou, en réussissant à trouver son style en tant qu’actrice et réalisatrice, s’est très bien détachée de moi !»

Ce qui crée cette belle émulation quand elles jouent ensemble, comme dans «Joséphine s’arrondit» (2016) ou «Mes très chers enfants» d’Alexandra Leclère (2021). «J’ai été super contente quand Alexandra nous a demandé de jouer une mère et sa fille. Il y a forcément un truc en plus !», constate Marilou.

Collaboration au vitriol

Peut-être l’épanouissement est-il plus difficile quand on a une mère mondialement connue et admirée, comme c’est le cas de Mamie Gummer , 39 ans, fille de l’actrice multirécompensée, Meryl Streep, 73 ans. Si les deux femmes s’aiment beaucoup, se donner la réplique dans le film «Ricki and the Flash» (2015) a été étrange pour elles. D’autant que le récit les oppose : Mamie joue une fille qui en veut à une mère qui l’a abandonnée pour sa carrière musicale.

«J’étais désorientée, au début !», a-telle confié au Guardian. «Pas facile de se dissocier de la personne à laquelle vous êtes le plus intrinsèquement liée dans la vie. Mais une fois que nous avons creusé et compris les personnages que nous créions, on s’est bien amusées ! C’était très facile pour nous de communiquer sur le plateau. Puis, je suis l’une des seules personnes sur cette planète à ne pas être intimidées par Meryl Streep ! C’était donc une expérience merveilleuse, profonde que je chérirai toujours.»

Avec des avantages… «Nous pouvons nous comprendre sans même avoir à parler», poursuit Mamie Gummer. «En revanche, devoir lancer des répliques au vitriol, pleines de colère, à ma mère était un défi pour moi !» Et d’épiloguer dans le Daily Telegraph : «Mais avec une inconnue, libérer un tel degré d’émotion sans culpabiliser n’aurait peut-être pas été si réussi. Car ma mère est une pro et elle me connaît bien !»

Passion commune

En France aussi, expertise et filiation fonctionnent pour Michèle Bernier, 66 ans, et Charlotte Gaccio, 35 ans, fruit de ses amours avec Bruno Gaccio, 63 ans. Fusionnelles ? Non, sans doute pas. Complices ? Alors là, oui ! «Être le faire-valoir de l’autre, ça ne nous intéresse pas !», confie Michèle à nos confrères de Téléstar. Et la prunelle de ses yeux embraie : «Puis, s’il y a un truc qu’on n’aime pas, on se le dit. On ne se regarde qu’avec les yeux de l’amour !»

 

Laura Smet , 38 ans, et Nathalie Baye , 74 ans, apparues dans la série «Dix pour cent» et dans le film «Les Gardiennes» (2017), apprécient aussi leur attachement. «J’ai tout de suite su que travailler ensemble ne poserait pas de problème», déclarait Laura Smet à Télépro. «Sur un plateau, nous ne nous considérons pas comme mère et fille. On se respecte, on s’entend très bien. Ce tournage nous a rapprochées et nous a permis de sublimer une passion commune !»

Pas de relation sur le plateau

En 2017, Glenn Close incarne «The Wife», la femme de Joe Castleman (Jonathan Pryce), lauréat du prix Nobel de littérature. Interrogée par un journaliste qui prépare une biographie sur l’auteur, elle replonge dans ses souvenirs, se remémorant sa rencontre avec Joe dans les années 1950. Annie Starke, 34 ans, la fille de Glenn, incarne son personnage, jeune.

L’actrice de 75 ans, oscarisée pour ce rôle, confie avoir évité sa fille unique et adorée lors du tournage. «Je ne voulais surtout pas la perturber. Elle devait s’emparer du personnage et le faire vivre hors de ma présence. Je ne voulais pas l’influencer !»

Annie Starke, de son côté, nuançait : «Mon personnage a été le fruit des échanges avec ma mère. Il n’aurait pas pu se construire sans cela !»

Cet article est paru dans le Télépro du 27/10/2022

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