Melvil Poupaud : «Un amour sans âge !»
Splendide de sensibilité, il joue le bien-aimé de Fanny Ardant dans «Les Jeunes amants» (en salles actuellement) où le lien très intense entre les héros fait oublier tout le reste. Bouleversant !
Pierre (Melvil Poupaud), médecin et père de famille de 45 ans, croise Shauna, 70 ans. Elle ne songe plus à l’amour, mais son indépendance et son charme plaisent beaucoup à cet homme en plein questionnement…
Est-ce le côté romanesque du script qui vous a plu ?
Oui, cette histoire est si vibrante ! Et quand j’ai appris que ma partenaire serait Fanny Ardant, j’ai encore plus cru à la beauté de l’histoire et à son potentiel cinématographique. Fanny est charmante, intelligente, attirante. Quant à nos différences d’âge, dans la vie comme à l’écran, on l’oublie très vite.
Incarner Pierre, cet homme qui assume un amour extraconjugal, vous a-t-il effrayé au début ?
J’ai juste craint que ce héros soit trop lisse, car c’est un bon mari, un bon père de famille et un bon médecin. Je préfère les rôles troubles et ambigus. Mais le récit finit par montrer que c’est un homme blessé qui perd pied et s’effrite. Ensuite, l’histoire n’est pas moralisatrice – d’ailleurs, le cinéma n’est pas fait pour ça. Si on veut délivrer un message, on le fait avec la poste ! Ce film est fait pour émouvoir. Il peut évidemment amener à réfléchir, changer le regard sur les femmes mûres mais ce n’est pas un manifeste.
Donner la réplique à la grande Fanny Ardant aurait aussi pu vous impressionner !
Elle est à une période de sa vie où sa maturité est rayonnante, ses choix de rôles sont magnifiques, elle assume totalement son âge, elle n’a pas recours à des traficotages esthétiques. Jouer en sa compagnie à ce moment de sa carrière est une chance. Elle a un esprit vif, pas du tout ronflant !
Ce fut donc un plaisir car rien dans ce film n’est conventionnel…
Tout à fait. Il peut choquer quelque peu au début car l’ami et Jeanne la femme de Pierre sont surpris d’apprendre sa liaison avec une femme plus âgée que lui. Mais on passe outre les normes sociales. L’amour de Pierre et Shauna est si fort, si évident, que ce couple n’a soudain plus d’âge.
Cécile de France incarne votre épouse et parvient à exister face à Fanny Ardant !
C’est un second rôle majeur. Cécile est flamboyante dans son désarroi. Son personnage passe par plein d’états émotionnels contrastés et elle les a bien exprimés ! Son jeu est très subtil.
Ce film sort-il à un bon moment, à une époque où les esprits sont plus ouverts ?
Pour moi, il est intemporel et a une portée universelle. Carine Tardieu, la réalisatrice, l’a voulu classique, comme les mélodrames de Douglas Sirk («Le Mirage de la vie», «Le Secret magnifique», ndlr) et «Love Story» d’Arthur Hiller où l’amour est le premier héros de la fiction.
La différence de génération entre les amants crée tout de même un événement…
Oui, il est dommage qu’un homme de 70 ans au bras d’une jeune femme ne choque personne, alors qu’un quinquagénaire amoureux d’une septuagénaire surprend encore ! C’est là qu’il faut faire évoluer les mentalités. Il n’y a pas de raison que pour les femmes, le temps compte double !
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