Mel Gibson, rebelle au grand cœur

Mel Gibson © Isopix
Giuseppa Cosentino Journaliste

Malgré ses talents d’acteur et de cinéaste, ses dérapages lui collent à la peau. Portrait d’un visage d’ange à l’âme tourment

À la question «Pourquoi voulez-vous être acteur ?», Mel Gibson réplique : «Comme je fais souvent l’idiot, autant être payé pour !» Son franc-parler faillit lui coûter sa carrière.

Propulsé au rang de star à seulement 23 ans, celui que l’on surnomme «Mad Mel» a flirté avec tous les excès. Vendredi à 22h30, le documentaire d’Arte «Mel Gibson – À la folie, passionnément…» explore sa relation tumultueuse avec Hollywood, où il est passé, en quelques années, du statut de star adulée à celui d’acteur infréquentable. Excessif, lui ?

Un peu…

À l’école de Sydney déjà, Mel apprend à se défendre. Pas facile quand on est né à New York, le 3 janvier 1956. Face à ses camarades qui le traitent de «yankee», il développe une stratégie : l’humour. Sa sœur décèle très vite ses talents d’acteur et le pousse à choisir cette vocation. En peu de temps, le jeune Mel connaît un succès inattendu avec «Mad Max» (1979), un film à petit budget qui rapporte une centaine de millions de dollars. Il y incarne un flic futuriste assoiffé de vengeance qui se bat pour la justice dans un monde en perdition. Un rôle qui fait écho aux idéaux de son père, fervent catholique opposé à la guerre du Vietnam ayant immigré, avec ses onze enfants, en Australie pour fuir une Amérique «dépravée».

Beaucoup…

Les longues journées de tournage s’enchaînent. C’est… par téléphone qu’il assiste à la naissance de son premier enfant. Pour combler son mal-être, la star se réfugie dans l’alcool. «Ne fous pas ça en l’air !», lui écrit Tina Turner, sa partenaire dans «Mad Max 3» (1984), au dos d’une photo de celui qui sera élu l’«homme le plus sexy» un an plus tard.

Mais le bellâtre aux yeux bleus boit de plus en plus. Dans «L’Arme fatale» (1987), il campe un flic déjanté et suicidaire. Un rôle sur mesure, qu’il assure à quatre reprises.

Dans les années 1990, le Tout-Hollywood l’acclame ! Après «Braveheart» (1995), sa propre réalisation raflant cinq Oscars, il s’essaie à la comédie avec «Ce que veulent les femmes» (2000), aux films de guerre : «The Patriot» (2000), «Nous étions soldats» (2002)… Jusqu’à la fatale «Passion du Christ» (2004), qui signe sa descente aux enfers !

Passionnément…

Le film, jugé violent et antisémite, est pourtant un carton ! «Je n’ai fait que retranscrire la Bible. Cette histoire, je ne l’ai pas inventée moi-même», répond-il à ses détracteurs. Les propos de son père niant l’Holocauste dans un article du New York Times Magazine aggravent son cas.

Pire : en 2006, il est arrêté en état d’ivresse et profère des insultes à l’encontre des Juifs. Malgré des excuses publiques, Mel Gibson est désormais un pestiféré. Sa femme, mère de ses sept enfants, le quitte après vingt-sept ans de mariage. Dans la foulée, il est condamné en 2010 pour violences conjugales à l’égard de sa nouvelle compagne.

Plus du tout ?

Alors qu’Hollywood lui tourne le dos, Gibson peut compter sur le soutien de ses amis, telle Jodie Foster, qui lui offre un rôle dans «Le Complexe du castor» (2011). Une rédemption ! À l’image de sa réalisation «Tu ne tueras point» (2016), qui raconte l’histoire vraie d’un soldat refusant de prendre les armes.

Assagi, celui qui avoue «avoir accompli un énorme travail sur lui-même» incarne un professeur dans le film de Sean Penn «The Professor and the Madman» (2019). À 66 ans, Il aurait même songé à endosser, pour la cinquième fois, le blouson de Riggs dans «L’Arme fatale»… Comme au bon vieux temps.

Vie privée

Mel Gibson épouse Robyn Moore en 1980, à Forestville, en Australie. De cette union naîtront sept enfants : une fille et six garçons. Après vingt-sept ans de mariage, Robyn, lassée des déboires de sa star de mari, demande le divorce.

L’acteur connaît à nouveau les joies de la paternité en 2009 grâce à Oksana Grigorieva, mannequin et pianiste russe qui lui donne une fille. Mais le couple se sépare en 2010 à la suite d’une dispute téléphonique très médiatisée…

Depuis 2015, le repenti est en couple avec la cavalière et scénariste Rosalind Ross, de 34 ans sa cadette. Ensemble, ils ont eu, en 2017, un garçon, le neuvième enfant de Mel Gibson.

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