Mauvaises passes et renaissances !
Elles ont beau être très admirées et riches, les stars peuvent payer cher un succès énergivore. Après des tournées gigantesques, des périodes fastes, des problèmes personnels… beaucoup ont craqué.
Déprime, dépression, burn-out : il est parfois difficile de différencier ces passages à vide. Mais les célébrités qui les ont endurés peuvent, en revanche, les décrire a posteriori. Et se confier sur les solutions qu’elles ont trouvées pour s’en extraire.
L’épuisement n’est pas qu’un mot «La célébrité peut vous consumer», note le Dr Norman Sussman, professeur de psychiatrie à l’université de New York. «C’est une situation précaire. Vous pouvez avoir beaucoup de succès, puis le flop d’un film ou d’un disque et c’est la fin de carrière !» Nick Komodina, d’Impakt Industries, qui aide dirigeants et athlètes à travailler de manière optimale dans de bonnes conditions, ajoute : «La plupart des créatifs et des visionnaires évitent les horaires rigides du bureau, mais ça ne les empêche pas d’être victimes d’épuisement. Cette baisse de régime survient quand la fatigue mentale et physique est ignorée pendant une période prolongée.» Et soudain, on dépressurise et tout s’écroule ! La chanteuse et actrice Queen Latifah («The Equalizer»), 52 ans, l’explique dans Parade : «À une époque de ma carrière, j’ai dû m’en aller. L’épuisement professionnel et personnel n’est pas un vain mot ! J’ai aussi vécu des choses personnelles difficiles…»
Maladie auto-immune
Selena Gomez a appris, en 2016, à l’occasion d’un nouvel épisode dépressif, qu’elle était atteinte d’un lupus, une maladie auto-immune (le système immunitaire attaque les parties saines du corps). Elle a choisi de s’éloigner de toute forme de stress, notamment celle de son téléphone portable : «Je l’ai éteint pendant 90 jours ! C’était une sensation rafraîchissante, apaisante ! Aujourd’hui, je décroche rarement et seules quelques personnes peuvent me joindre.» Dans Forbes, Komodina confirme : «Les médias sociaux ramènent votre esprit dans un espace chaotique (…) Éviter l’épuisement ne signifie pas seulement prendre des pauses éphémères. Il faut changer son style de vie, éloigner son corps et son esprit du chaos qu’impose parfois la réussite.»
Évanouissement
Lady Gaga, 36 ans, elle aussi atteinte d’un lupus et anorexique depuis l’âge de 15 ans, a été contrainte, en 2010, d’annuler et de reporter des spectacles : «Le décor sur scène avait des éléments mécaniques compliqués, on craignait que je sois en danger durant chaque show, car je m’étais évanouie durant les répétitions.» Tracas identiques pour Beyoncé, plusieurs fois éreintée, comme confié à The Sun : «Ça commençait à devenir si flou que je ne pouvais même plus dire quel jour on était ou dans quelle ville j’étais. Aux cérémonies, on me remettait un prix et je pensais juste à la prochaine représentation. Ma mère m’a alors ordonné de prendre soin de ma santé mentale.»
Quand les plombs sautent
«C’est le revers de ce qui semble être une vie passionnante, mais ce n’est pas toujours facile de garder le cap», explique Rihanna , 34 ans. «Puis, on a des problèmes comme tout le monde, sauf que les nôtres sont épiés au microscope et surmédiatisés !» En 2012, Riri avait été hospitalisée, une fois de plus, après avoir achevé son album «Talk That Talk» : «Je me sentais dépassée par les horaires et la difficulté de hiérarchiser mes tâches. Un matin, je me suis réveillée et j’ai commencé à pleurer très fort !»
En 2001, à l’issue du tournage de «Glitter», Mariah Carey, luttant pour faire bonne figure malgré une fatigue intense, manque de faire un strip-tease intégral sur le plateau de Total Request Live, sur MTV. Et laisse un message de détresse sur son répondeur : «Je ne peux plus faire confiance à personne en ce moment parce que je ne comprends pas ce qui se passe !» En fait, c’est à cette époque qu’elle est diagnostiquée bipolaire… C’est également sur un tournage – «Terminator : Salvation» (2009) – que l’acteur Christian Bale , après avoir accumulé des années de frustrations professionnelles, et avoir fait une dépression tout jeune, s’en prend gratuitement à un technicien.
Retravailler : la bouée de sauvetage
Paradoxalement, à l’instar des employés anonymes les plus investis, qui sont toujours les premiers à être submergés, c’est la passion du travail qui aide les stars à sortir la tête hors l’eau. Comme Florence Foresti, 49 ans, qui a été ravie de retrouver les planches en 2022. Lors de la promotion de sa dernière tournée, «Boys Boys Boys», l’actrice et humoriste a avoué sur Europe 1 être en proie à une dépression. «J’ai eu envie d’en finir. Parce que la dépression, c’est la fin de la vie. On est à la marge de la mort. On ne peut pas travailler, ni être mère, épouse, amie. On oublie qu’on a des enfants, on oublie tout.» L’âge aussi pèse sur ses épaules avec le cap de la cinquantaine qu’elle franchira en novembre prochain. «Plus on vieillit, moins on se sent en phase. C’est normal, l’avenir appartient à la jeunesse. On subit, on accepte le changement, on n’en est plus à l’origine.»
L’humour, le meilleur moyen…
Heureusement, la scène est là. «L’humour est le meilleur moyen de ne pas penser à la fin. (…) Sur scène, on n’a pas d’âge, pas de sexe, pas de problèmes, on est en osmose avec le public. Je n’irais pas jusqu’à dire que les rires soignent, mais ils font du bien», a-t-elle confié au Figaro.
Son homologue Muriel Robin, 67 ans, a également relaté ses soucis dans les sketches de son show «Muriel Robin revient, tsoin, tsoin !». Et ne dissimule pas qu’elle est «Fragile» (titre de son autobiographie, sortie en 2018 chez XO Éditions). «Je ne peux pas vivre sans antidépresseurs, les choses m’impactent trop», a-t-elle révélé à Thierry Ardisson. «Tout me brûle. Surtout quand on fait très attention à l’actualité, quand on a un Zorro à l’intérieur de soi…» L’artiste ultra-sensible a connu quatre dépressions et un burn-out qu’elle a expliqués auprès de Marc-Olivier Fogiel, puis de Laurent Delahousse : «Le burn-out est une maison dont les quatre murs sont intacts, mais dont l’intérieur est brûlé. On peut encore communiquer, mais on ne ressent plus rien !» Et de se remémorer un soir de 2011 où les États-Unis l’ont couronnée d’un Emmy Award pour son rôle principal dans le téléfilm «Marie Besnard». Malgré son discours de remerciements truffé d’humour, la star était de marbre. «La dépression, c’est différent», poursuit-elle. «On ressent qu’on est triste, que l’entourage est triste. Il n’y a pas un matin de ma vie où je ne me demande comment je vais faire pour passer cette journée…»
Il semble qu’aujourd’hui, avec des cures régulières et le soutien de sa compagne Anne Le Nen, la star aille mieux. «Ma colère, je l’assume. Ce n’était pas le cas avant. Je craignais trop qu’elle me consume. Aujourd’hui, je suis en accord complet avec elle et j’ose l’exprimer !», conclut-elle dans le Courrier Picard. «Je découvre la légèreté.»
Cet article est paru dans le Télépro du 19/01/2023.
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