Martin Parr : portrait sans filtre 

Martin Parr est le héros du photographe et réalisateur Lee Shulman, auteur du documentaire sur le photographe anglais de 72 ans, membre de l’agence de photojournalisme Magnum © Getty Images

Brossé par Lee Shulman, le portrait de l’«un des plus grands photographes britanniques de tous les temps» – Martin Parr – est diffusé sur France 5, ce vendredi à 23h, sous forme d’un road-movie documentaire.

Depuis qu’il est tout jeune, Martin Parr porte un regard tendre, acéré et plein d’humour sur ses contemporains qu’il immortalise. Mais aussi bienveillant et rempli d’humanité. Le gentleman d’Epsom (il y est né le 23 mai 1952) a grandi auprès d’un grand-père passionné de photographie. Difficile de ne pas être impressionné…

Pouvez-vous nous parler de vos influences photographiques ?

À l’université, j’ai découvert le travail de Tony-Ray Jones, qui m’a beaucoup influencé. Quel talent ! Puis, dans les années 1970, les photographes américains comme Robert Frank, Lee Friedlander, Garry Winogrand, ils ont aussi eu un grand impact sur moi.

Vous évoquez aussi Henri Cartier-Bresson, le cofondateur de l’agence Magnum, avec Robert Capa…

Je ne le connaissais pas personnellement, mais il a refusé mon intégration à l’agence Magnum, en 1989, quand j’ai présenté ma candidature (l’entrée de nouveaux collaborateurs se fait par vote). Ma série de photos en couleur de la «middle class» britannique sur les plages de New Brighton, près de Liverpool, a soulevé un tollé chez Magnum. Certains l’aimaient beaucoup, d’autres pas du tout. C’était le cas de Henri Cartier-Bresson. Il l’a détesté, considérant que mes photos avaient l’air de photos de vacances ! Il m’a envoyé un message qui disait : «Je ne sais pas grand-chose de vous, mais vous avez l’air d’arriver d’une autre planète !» Je suis finalement rentré chez Magnum en 1994.

Quelle est la bonne photo, pour vous, Martin Parr ?

La photo parfaite n’existe pas. C’est une quête permanente, un défi. Chaque matin, il faut être convaincu que c’est peut-être le jour où quelque chose va se passer. Une bonne photo montre une contradiction et la traduit visuellement. Elle doit être forte graphiquement. La plupart du temps, c’est une situation qui m’inspire. Ce que je cherche à saisir, c’est le «momentum» : une ambiance, une atmosphère. Et j’aime les clichés subversifs.

Alors, beaucoup de vos photos seraient «mauvaises» ?

Je ne les montre pas… Mais c’est une somme d’archives astronomique ! (rire) J’ai dû prendre une centaine de bonnes photos sur une carrière de cinquante-cinq ans. Cela étant dit, je les garde, car le temps peut aussi changer le regard.

À voir, à lire

Pour en savoir davantage sur Martin Parr :
https://www.martinparr.com
Et sur Lee Shulman
https://www.anonymous-project.com

Cet article est paru dans le Télépro du 6/2/2025

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