«Mamadou de Roubaix» : boxeur, guérisseur et star chez les Ch’tis !

Le vitrail représentant Mamadou et retrouvé par hasard (66x47cm) © RTBF/HIKARI/WHAC MEDIA BE
Alice Kriescher Journaliste

Samedi à 23h15 sur la Trois, découvrez l’histoire incroyable de Mamadou de Roubaix, N’Diaye de son vrai nom, un Sénégalais devenu une légende pour des milliers de Français et de Belges.

En 2017, dans un dépôt-vente de Villeneuve-d’Ascq, dans le nord de l’Hexagone, Germain Hirselj, régisseur de musée, tombe par hasard sur un vitrail étonnant. Un homme y est représenté en veste verte et cravate rayée. En arrière-plan, le drapeau du Sénégal, un écusson garni d’un lion et un baobab en fleur. Sur le cartouche, on peut lire : «Au cher M. Mamadou qui m’a sauvé la vie. Témoignage reconnaissant. La Marquise.» Germain se souvient vaguement de Mamadou, son père lui a raconté avoir eu recourt à ses services pour de fortes douleurs au dos. Intrigués par cette découverte, plusieurs personnes, dont l’historien Victor Macé de Lépinay, décident de retracer le fil de la vie de ce fameux Mamadou N’Diaye.

Multiples vies

Né en 1909 au Sénégal, à Diourbel, Mamadou arrive à Roubaix en 1931 après avoir travaillé comme moussaillon durant presque dix ans. Dans la cité du Nord, il est parmi les premiers à émigrer du Sénégal, alors encore colonie française. Durant ses premières années roubaisiennes, il perfectionne son apprentissage de la langue de Molière auprès d’un missionnaire, à Tourcoing, et devient boxeur. Une passion qui le mènera à fonder, en 1950, le Boxing Club colonial de Roubaix. Quand il n’est pas sur le ring, Mamadou, qui s’est découvert un don pour la chiropractie sans jamais l’avoir apprise, soigne les douleurs des uns et des autres. Son don est tel que, à la faveur du bouche à oreille, des Belges se rendent jusqu’en France pour se faire soigner par le docteur boxeur. Certains médecins vont même jusqu’à recommander Mamadou auprès de leurs patients lorsqu’ils ne parviennent pas à soulager leurs maux.

Guérison au tribunal

Fort de sa réputation, Mamadou ouvre un cabinet, mais sans autorisation, ce qui finit d’agacer l’Ordre des médecins. Le chiropracteur autodidacte est cité pas moins de vingt-deux fois en justice. Mais, à Roubaix, des centaines de ses patients, dont certains de nos compatriotes, font le déplacement pour le soutenir face au tribunal. Au sein de ce groupe, un curé, qui a l’habitude de chanter les louanges de celui qui l’a guéri dans sa paroisse. «L’accusé lui-même finit de convaincre les juges en guérissant sur place la greffière qui éprouve de terribles douleurs au dos», relate Le Monde. Mamadou sera finalement condamné à une peine purement symbolique de 2.000 francs, et son matériel de chiropractie lui sera rendu.

Une belge sépulture

Depuis que Germain Hirselj a exhumé le vitrail, la page Facebook de son musée, où est désormais exposée l’œuvre, regorge de témoignages racontant les exploits de guérisseur de Mamadou, décédé en 1985. «Au cimetière de la ville, une famille belge a repris la concession funéraire pour entretenir sa tombe laissée à l’abandon», poursuit Le Monde, «Mamadou N’Diaye n’ayant pas de descendance malgré son mariage en 1951 avec Alice Viane, une employée de banque qui avait juré de l’épouser s’il parvenait à soulager ses douleurs…»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 18/02/2021

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici