Lucie Carrasco : «J’ai pleuré à Hiroshima»

Lucie (39 ans) dessine la mode depuis son adolescence malgré l’amyotrophie spinale dont elle souffre © Getty

Mercredi à 21h35, «Discover» (Plug RTL) met à l’honneur une globe-trotteuse hors norme ! Avec l’animateur Jérémy Michalak, la jeune styliste en fauteuil roulant (39 ans) parcourt le globe. Étape au Japon pour un périple époustouflant et émouvant.

Comment est née votre envie de découvrir le monde ?

Je dois cela à mon grand-père. Enfant, j’étais souvent malade et du coup, je me retrouvais chez lui. Tendre, cultivé, mon papy m’a appris plein de choses sur l’histoire, les voyages et l’art. Il y a aussi une phrase de mon papa que je n’oublierai jamais : «Tu ne pourras jamais marcher, mais tu feras des choses extraordinaires». Ces paroles sont ancrées en moi.

Pourquoi avoir choisi Jérémy Michalak comme compagnon de route ?

J’ai contacté plusieurs producteurs avec mon idée de doc. Jérémy m’a répondu au bout de mon troisième rappel. (Rires) Je ne suis pas déçue de cette rencontre, car c’est quelqu’un d’authentique, qui ne va jamais s’apitoyer sur mon sort. 

Vous faites une escale au Japon. Pourquoi ce choix ?

Après les États-Unis en 2015, Jérémy m’a proposé de repartir dans un pays lointain, sans me préciser cette fois la destination. Seule consigne : faire ma valise avec des vêtements pour chaque saison.

Comment avez-vous été accueillie ?

Alors qu’aux USA, les gens me prenaient dans les bras, au Japon, ils n’en avaient rien à fiche. (Rires) Plus sérieusement, les Japonais sont plus dans la retenue. Lors d’un tournage où il pleuvait des cordes, l’équipe est arrivée avec le matériel et les parapluies à un rond-point extrêmement fréquenté. Les gens se sont écartés dans une discrétion absolue.

Que retenez-vous de votre journée à Hiroshima ?

Quand je suis arrivée au Dôme de Genbaku, immédiatement, j’ai ressenti beaucoup d’émotion, car on visualise dans notre esprit les images de la catastrophe. Les larmes ont coulé quand j’ai découvert les vestiges. Nous avons aussi fait une rencontre d’une très grande intensité avec un vieil homme assis sur un banc. En revoyant les images, j’en pleure encore.

En tant que styliste, ces voyages vous inspirent-ils ?

Complètement. Ces destinations ont un réel impact sur mon métier. De retour en France, c’est comme un automatisme : je dessine des croquis avec ce que j’ai vu comme motifs, comme couleurs… Et je les européanise.

Au Japon, y avait-il plus d’accès aux personnes à mobilité réduite que dans votre propre pays ?

Oui. J’ai pu me balader sans le moindre souci ! Comme je dis souvent, cette accessibilité n’est pas une question de modernité du pays, mais de mentalité. 

Ces voyages servent aussi à briser les clichés liés à votre handicap…

Ce n’est pas un documentaire militant où on se focalise sur la fille handicapée. Ce sont surtout les voyages de Lucie et ses potes. Je reçois énormément de courrier de gens, sans le moindre handicap, qui me disent prendre une claque en découvrant mes péripéties. C’est touchant.

Quelle destination rêveriez-vous de découvrir ? Pourquoi pas la Belgique ?

Mais je connais votre pays ! J’ai adoré Bruxelles. Mon fiancé est un amoureux de Bruges. Je rêve d’aller en Australie, mais pour des raisons de durée de voyage, c’est compliqué pour moi. Même si je n’aime pas le froid, je serais aussi curieuse de parcourir l’Écosse, l’Irlande et l’Islande.  

Cet article est paru dans le Télépro du 20/5/2021

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