Løyd : «Dans premier album, j’ai voulu allier la musique électro au rock’n’roll»

Løyd alias Maxence Lemaire © DR

Løyd alias Maxence Lemaire est un artiste émergent de la scène électro-rock. Il y a quelques jours le jeune Belge a sorti son premier opus, «A post-apocalyptic mordern art gallery». Nous nous sommes plongés dans son univers soigneusement et symboliquement construit pour parler de son projet.

Vous avez fait quelques scènes l’été dernier. Comment avez-vous vécu ces moments avec le public ?

Super bien. Je suis fort solitaire dans le processus de création. Je vais au studio Rec’N Roll avec Charles de Schutter que pour mixer et finir mes morceaux. Forcément, j’ai réellement un contact avec le public sur scène. Quand les gens dansent ou que l’on a des retours positifs, c’est un peu la récompense de tout le travail accompli.

Avez-vous fait des rencontres en studio ?

Tout à fait. Je m’entends super bien avec Pierre Lizée (NDLR : participant à The Voice en 2016 et aujourd’hui chanteur indépendant), on s’est croisés en studio un peu par hasard. Il a beaucoup d’influences notamment rock. On aime s’envoyer de temps en temps des messages. Ensuite, je pense à Aurel qui a son projet solo mais qui fait partie du groupe Sonnfjord. J’ai été appelé en renfort pour travailler sur le projet «City Lights» du groupe, c’est de là que j’ai connu Aurel. J’ai aussi eu l’occasion de travailler sur des projets de Bastian Baker. Mais tout cela ne fait pas partie du projet «Loyd».

Comment définiriez-vous l’univers de ce premier opus, «A post-apocalyptic modern art gallery» ?

J’ai voulu faire un album «concept». Il y a un morceau de début et de fin, ils ont été composés dans cette optique-là. Je voulais faire une dystopie, l’inverse d’une utopie, et créer un univers un peu satirique, hypothétique, futuriste, dans lequel l’accès au bonheur semble impossible. Dans mon cas, le sujet des nouvelles technologies et leurs travers m’intéresse particulièrement, je suis un grand fan de la série «Black Mirror». J’aime mettre en avant les effets pervers des nouvelles technologies (smartphones…) qui dénaturent les relations humaines.

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Où allez-vous chercher toutes vos inspirations pour votre univers visuel très sombre et particulier ?

Dès le début, je voulais avoir un logo, un symbole qui revient tout le temps et qui soit assez facile à dessiner, comme une signature. Pour les pochettes des singles, j’imagine le visuel moi-même. Par exemple, pour le morceau «Revolution», avec le rappeur OD Temper, je voulais une image qui reflète les paroles violentes du titre. J’ai pensé à un cocktail molotov avec mon logo comme étiquette sur la bouteille. J’ai dessiné la pochette de l’album puis j’ai demandé à un graphiste de le redessiner. J’ai voulu couper la cover en deux : à gauche, il y a un ciel étoilé et à droite il y a un plateau en métal avec des boutons… Je voulais faire un lien entre deux aspects du disque : un côté très mélodique, rêveur et l’autre côté plus dur et industriel.

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Dans votre premier opus, vous mettez la musique électro à l’avant plan aux dépens des paroles, ce qui est rare dans l’industrie musicale belge francophone. Voulez-vous réconcilier le public avec la musique purement électro ?

Je ne sais pas si je dirais que mon envie est de réconcilier le public belge avec ça. J’ai un rapport très égoïste avec la musique. J’ai fait tout mon album seul, chez moi, avant même de rencontrer mon manager et toute l’équipe. Je me laisse porter par ce qui me plait, j’ai une démarche très spontanée. Je suis quand même au courant ce qui se fait dans le paysage musical mais je voulais m’éloigner de la musique électro (en Belgique francophone) qui est fort lisse, rose, sucrée, avec des textes plutôt simples… Tout est assez «gentil». Je voulais aller dans l’autre sens pour exploiter un côté plus théâtral, parfois violent. Un de mes amis m’a dit : «tu fais du rock’n’roll avec des synthétiseurs» et je suis assez d’accord avec cela !

Ce qui est paradoxal, c’est que nous avons un des plus grands festivals de musique électro au monde avec Tomorrowland. Seriez-vous prêt à fouler cette scène ?

Si on me le propose, j’accepterais évidemment. C’est un festival qui me fascine, je n’y suis jamais allé, je serais très curieux à l’idée de découvrir. De plus, Tomorrowland dégage une aura et accorde une certaine approbation. Une fois qu’un artiste passe par-là, il a une certaine renommée. Je rêve d’un jour y jouer. J’ai l’impression qu’en Belgique francophone, on a beaucoup de musique pop/électro mais il manque le côté électro/alternatif au paysage.

Stromae a sorti une bande son, « Repetto x Moseart » pour sa marque de vêtements. Ce titre nous fait penser à l’intro de votre album, « Cult ». Que pensez-vous de ce rapprochement ?

Je ne connais pas le morceau mais la comparaison est flatteuse. Même si je ne suis pas fan de tous les titres de Stromae, j’apprécie sa plume, l’ambiance qu’il dégage, son côté singulier, j’adore sa voix… J’aime tout chez lui, outre ses compositions/productions. Il a quand même accompli un exploit en bousculant les codes de la pop et en trouvant sa propre signature sonore.

Que pensez-vous de la musique pop qui se rapproche de plus en plus de la musique électro ?

Je trouve cela intéressant. J’ai l’impression que la musique est devenue assez hybride : tous les codes de la musique électronique se mélangent mais on entend aussi de vrais instruments. J’apprécie les morceaux riches en sonorités. Dans la pop, parfois des artistes chantent uniquement sur des synthétiseurs, je trouve ça dommage en tant qu’artiste électro. Avec tout le respect que je dois à ces chanteurs, ce ne sont pas spécialement ceux que j’écoute.

D’ailleurs, sur certains titres de votre album, vous avez fait appel à des interprètes, ces sons ont des sonorités plus pop. Avez-vous cherché à réaliser des musiques qui pourraient toucher un public plus mainstream ?

On m’a souvent posé la question mais pas du tout. Comme j’ai fait tout l’album seul au départ, puis j’ai rencontré Charles de Schutter qui est venu m’aider dans les étapes suivantes. Je suis arrivé avec 14 ou 15 titres. Il m’a apporté son expertise mais j’ai quand même soumis l’idée d’ajouter des interprètes sur certains titres. On a tous les deux fait appel à nos contacts pour trouver les chanteurs. Je ne voulais pas faire un album purement pop ou purement électro, je voulais apporter du contraste pour ajouter du relief. Je ne voudrais pas créer en partant avec l’idée de toucher un public en particulier.

Vous avez fait la première partie de Mustii et vous avez choisi de collaborer avec des personnes qui travaillent avec lui, comment s’est passée votre rencontre ?

Dans le spectre des artistes que j’ai rencontrés, je pense que Mustii est un des plus gentils et attentionnés. Il a vraiment le cœur sur la main. Il venait de sortir son album quand j’ai fait sa première partie donc il avait beaucoup d’interviews. Il a quand même pris le temps de se préoccuper de mon bien-être en me demandant si je n’étais pas trop stressé alors qu’il avait plein d’autres choses à penser.

Vous êtes à l’affiche du prochain «Pure on stage». Les médias semblent déjà vous avoir adopté…

Je suis hyper content. Je ne suis pas chanteur et généralement je suis souvent rangé dans la case «producteur» pour les médias, or ce n’est absolument pas comme cela que je me définis. À l’échelle mondiale, le mélange de la musique pop à des sonorités plus violentes choque moins qu’en Belgique. Malgré ça, je suis soutenu par plusieurs médias comme Pure et ça, ça fait plaisir !

Sur scène Loyd ne laisse aucun moment de répit au public en démontrant l’étendue de son talent. Que réservez-vous pour la suite ?

À travers la setlist du live, je retravaille tous les morceaux. Pour la suite, il y a des choses en cours pour 2020. On discute beaucoup mais je ne peux rien annoncer officiellement. En ce qui concerne, le show, on travaille la mise en scène pour améliorer le rendu. On sera toujours deux sur scène mais la scénographie va évoluer !

Entretien : Olivier Desmet

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