Lous : de SDF à star mondiale
Lous a connu la guerre et les privations mais aujourd’hui, à 27 ans, ses talents multiples lui offrent une belle revanche sur la vie.
«Je suis une femme noire qui a réussi toute seule, envers et contre tout. Je suis heureuse si ma trajectoire peut servir d’exemple», lance Lous, du groupe Lous and the Yakuza. L’auteure-compositrice- interprète-mannequin- peintre-romancière est l’invitée de Jérôme Colin dans «Hep taxi !» sur TV5MONDE.
Née à Lubumbashi, au Congo, le 26 mai 1996, d’une mère rwandaise et d’un père congolais, tous deux médecins, Marie-Pierre Kakoma, son vrai nom, a fait face à toutes sortes d’adversités depuis l’enfance. «J’ai été séparée de ma mère quand j’avais 2 ans», confiet- elle. «Pendant la seconde guerre du Congo, maman a été emprisonnée à cause de son appartenance ethnique. Papa s’est battu pour obtenir sa libération. Il a réussi à la faire émigrer en Belgique, où mon frère, mes deux soeurs et moi l’avons rejointe en 2001. La guerre a été l’un des premiers apprentissages de ma vie : j’ai appris à parler et à survivre en même temps.»
La famille vit dans un deuxpièces à Saint-Josse, l’une des communes les plus pauvres de Bruxelles. «C’était dur pour maman car elle n’avait pas l’équivalence de son diplôme de pédiatre. Elle ne pouvait pas exercer, sinon comme aide-soignante. En 2005, elle a souhaité retourner en Afrique, à Kigali. Papa nous a rejoints là. À 15 ans, j’ai voulu revenir en Belgique pour avoir accès à l’art. J’étais aussi devenue une adolescente pas facile à vivre.» La future Lous (l’anagramme de soul) fréquente alors l’internat du Val Notre-Dame de Wanze, près de Huy.
«Damso m’a sortie de la rue»
À 18 ans, elle découvre la liberté et les studios d’enregistrement. «Je voulais devenir chanteuse, je compose depuis l’âge de 7 ans, il fallait que je perce. Je faisais des live partout à Bruxelles, j’ai rencontré Damso, la star belge du rap, tout allait bien. Et puis à 19 ans, j’ai disparu dans la rue.» Par fierté, elle refuse de demander l’aide de ses parents, vit en SDF, flirte avec les drogues et est victime d’agressions sexuelles. «C’est Damso qui m’a sortie de là.»
La suite relève plutôt du conte de fées. Signature avec Sony qui sort l’artillerie lourde pour imposer ses deux premiers albums : «Gore» en 2020 et «Iota» en 2022. Les premières parties d’artistes internationaux comme Alicia Keys et Coldplay. Un contrat avec le géant du divertissement Roc Nation, dont le propriétaire n’est autre que le rappeur Jay-Z, et qui compte dans son portefeuille Shakira et Rihanna. «Roc Nation partage ma vision. Ils voient que je n’ai peur de rien et cela les attire.» Une exposition de ses peintures à Paris et New York. Deux défilés pour Vuitton dont elle est l’égérie. Et des projets par dizaines. «Je peins, j’écris, je dessine des mangas et je voyage. Ce que je n’ai jamais pu faire dans ma vie. Découvrir de nouvelles cultures. Tout cela fait partie de ce qui me renverra en studio cet automne.» Lous a aussi un autre objectif. «Ça paraît complètement utopique, mais je veux réduire la pauvreté en Afrique !»
Cet article est paru dans le Télépro du 17/08/2023.
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