L’interview de la Première dame de France
Valérie Trierweiler fait l’actualité sur telepro.be et dans votre magazine télé favori sorti ce mercredi 9 mai 2012
Pour en apprendre davantage sur la compagne de François Hollande, consultez le magazine Télépro du 10 mai 2012 (disponible depuis mercredi en librairies). Et découvrez aussi notre portrait
de la Première dame de France.
La journaliste politique Valérie Trierweiler, nouvelle Première dame avec l’élection dimanche de son compagnon François Hollande à l’Elysée, a le sentiment qu’elle « reparcourt l’histoire d’une autre façon » comme si elle « entrait dans les papiers » qu’elle avait écrits.
Journaliste, vous devenez Première dame, vous passez de l’autre côté du miroir ?
Valérie Trierweiler :
En fait, c’est un peu comme si j’entrais dans mes papiers. Vous voyez ce film dans lequel le téléspectateur rentre et devient acteur, c’est un peu la même sensation. J’ai ressenti cela le 1er mai à Nevers pour la commémoration de la mort de Pierre Bérégovoy. Son suicide en 1992 est mon souvenir professionnel le plus bouleversant. En revenant à Nevers, j’ai senti que je reparcourais l’histoire d’une autre façon.
«Je veux conserver mon indépendance»
Comment comptez-vous assumer ce rôle de Première dame ?
Sérieusement. Mais en même temps, je n’ai pas encore d’idée précise. Ce qui est certain, c’est que j’aurai besoin de temps pour réfléchir à ce qu’il sera nécessaire de faire.
Bernadette Chirac disait que Première dame consistait avant tout à se conduire en « maîtresse de maison de l’Elysée ». Je ne crois pas que ce soit ça qui me convienne, je ne crois pas non plus que cela corresponde à notre époque, à ce qu’attendent les femmes. Dans les meetings de campagne, des femmes venaient me voir, y compris des femmes très âgées, pour me dire : « Gardez votre indépendance, c’est un beau message pour nous, les femmes ». Cela correspond aussi aux valeurs de la gauche. À celles que je porte donc.
Vous allez donc continuer votre activité de journaliste ?
Je suis et je reste une passionnée d’information. Je connais la politique, je connais les médias. D’ailleurs, je pense que ce sera plus facile pour moi à l’Élysée que cela ne l’a été pour Carla Bruni. Elle venait d’un monde totalement étranger à celui de la politique. Elle n’en connaissait pas nécessairement les codes.
De plus, j’ai besoin de gagner ma vie, d’avoir mon indépendance. J’élève mes trois enfants (trois garçons de 15, 17 et 19 ans) et je ne trouverais pas normal que ce soit l’État ou François qui les prennent en charge.
«Je l’ai soutenu dans sa traversée du désert»
Quand avez-vous connu François Hollande ?
Quand il était au club Témoin en 1988. Notre vraie relation a commencé en 2005, mais nous avions noué une grande complicité avant, en 2000. En 2004, dans Paris-Match, j’avais d ailleurs écrit un portrait de lui dans lequel je parlais de « l’homme normal »
En tous cas, nous n’aurions jamais connu cette histoire si je n’avais pas eu, moi, cette passion de la politique. Cela n’était pas possible, il ne pouvait pas partager sa vie avec quelqu’un qui n’aurait pas aimé la politique, puisque cela représente l’essentiel de sa vie.
J’ai été à ses côtés pendant sa traversée du désert, à l’époque où il n’y avait pas grand monde pour lui tendre un verre d’eau.
Vous en avez de la rancune ?
Non, mais j’ai de la mémoire. Lui beaucoup moins parce qu’il est un vrai grand homme politique. Sa grande force, c’est de savoir tendre la main à ses ennemis. Il sait rassembler, il n’a cessé de le prouver.
Vous n’êtes pas mariés, est-ce un problème sur le plan diplomatique ?
Je ne suis pas sûre que cela en pose tant que ça. Peut-être pour une visite chez le Pape ? Franchement, ce n’est pas du tout un aspect qui me soucie. Il y a bien d’autres choses qui peuvent m’inquiéter avant celle-là. Cette question du mariage est avant tout un aspect de notre vie privée.
«Nous n’habiterons pas à l’Élysée»
Où habiterez-vous ?
François a dit que nous n’habiterions pas à l’Élysée. Nous restons sur cette ligne mais les services de sécurité estiment qu’il ne sera pas vraiment possible de continuer à vivre dans notre appartement du XVe arrondissement pour des raisons de sécurité. En plus, ça oblige à bloquer la rue, à contrôler tous les gens qui habitent dans l’immeuble, c’est compliqué. Laissez-nous le temps de mesurer tous ces aspects-là.
Sur le plan personnel, êtes-vous née, comme cela est répété, dans une famille modeste ?
C’est un mot que je n’aime pas. En fait, je suis née dans une famille qui n’avait pas beaucoup d’argent. Mon père était victime civile de guerre après un accident de mine à 12 ans en 1944. Il y a quelques jours le directeur de l’agence locale de Ouest France à Angers m’a retrouvé un article de presse relatant l’accident. Ils étaient trois enfants en vadrouille : l’un est mort, les deux autres ont été retrouvés sur le bord de la route, sans connaissance dans un état grave. Mon père, Jean-Noël, était l’un de ces enfants, il a été amputé d’une jambe peu de temps après. Cet article m’a bouleversée. Je n’avais jamais réalisé le drame de mon père puisque je l’avais toujours connu unijambiste.
«La cinquième d’une famille de six enfants»
Il est dit également que votre grand-père paternel était banquier. C’est vrai ?
Effectivement, mon grand-père était dirigeant associé d’une banque angevine, la banque Massonneau-Bordier vendue en 1950, dans des circonstances que je ne connais pas. Mon grand-père paternel est mort sans que je le connaisse. J’ai toujours pensé que cette histoire de banquier était une légende. Je suis en train de découvrir ma propre histoire familiale. Je ne m’étais jamais posé ces questions, maintenant qu’on me les pose, je m’y intéresse.
Avez-vous souffert du manque d’argent ?
Non, ça n’a pas été une difficulté, ni une souffrance mais une leçon. Nous habitions une maison HLM dans un quartier populaire d’Angers mais c’était un luxe puisque nous venions d’une tour. Je suis la cinquième de six enfants. Et une famille nombreuse, ce sont des souvenirs heureux, dans ce quartier où il y avait plein d’enfants, où nous jouions sur les trottoirs.
©AFP / Philippe Desmazes / AFP / AFP / Thomas Coex / AFP
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