L’icône de la chanson française Juliette Gréco est morte

Juliette Greco sur scène lors de l'ouverture de la 39e édition du Printemps de Bourges le 24 avril 2015 à Bourges © AFP/Archives GUILLAUME SOUVANT

L’icône de la chanson française Juliette Gréco, célèbre aussi pour son interprétation de Belphégor à la télévision, est décédée mercredi à l’âge de 93 ans, a annoncé sa famille à l’AFP.

« Juliette Gréco s’est éteinte ce mercredi 23 septembre 2020 entourée des siens dans sa tant aimée maison de Ramatuelle. Sa vie fut hors du commun », a indiqué la famille dans un texte transmis à l’AFP. « Elle faisait encore rayonner la chanson française à 89 ans », a-t-elle ajouté. Jusqu’à l’AVC qui l’avait frappée en 2016, année où elle avait également perdu sa fille unique Laurence-Marie.

« Cela me manque terriblement. Ma raison de vivre, c’est chanter ! Chanter, c’est la totale, il y a le corps, l’instinct, la tête », déclarait la chanteuse encore tout récemment lors d’un entretien publié en juillet dans l’hebdomadaire Télérama.

« C’est une très grande dame qui s’en va », a réagi auprès de l’AFP Alexandre Baud, producteur de sa dernière tournée. « Juliette était fatiguée depuis quelques temps mais elle avait conservé son esprit extrêmement vif comme en témoigne sa débridée interview avec Télérama ».

Elle a côtoyé les plus grands

« Passion, combat, amour et rigolade intense » disait Juliette Gréco pour résumer sa vie. « Je suis un clown dans la vie et puis j’aime rire. Le plus grand atout de la séduction, c’est l’humour, donc l’intelligence, la dérision », affirmait-elle il y a quelques années.

Juliette Gréco est née le 7 février 1927 à Montpellier (sud de la France). Avec sa soeur Charlotte elle a grandi près de Bordeaux (sud-ouest) chez ses grands-parents après la séparation de ses parents. Son enfance est mélancolique, elle s’exprime surtout par la danse.

La guerre fait fuir la famille dans une propriété du Périgord (sud-ouest) qui sert de lieu de passage pour la Résistance. En 1943, sa mère et sa soeur sont déportées, elle-même est incarcérée en France une dizaine de jours.

Dès la fin de la guerre, elle n’a pas 20 ans, son air mutin, sa beauté, sa liberté d’allure et de ton séduisent intellectuels et artistes du quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Elle fréquente Marguerite Duras, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et anime les soirées du mythique cabaret « Le Tabou ». Juliette Gréco rencontre Miles Davis avec lequel elle aura une aventure. Raymond Queneau et Jean-Paul Sartre signent ses premiers succès de chanteuse, « Si tu t’imagines… » et « La Rue des Blancs-Manteaux ».

Elle élargit au fil du temps son répertoire avec Prévert, Boris Vian, Charles Aznavour. La « Jolie môme » se produit à l’Olympia pour la première fois en 1954 et c’est la consécration. Après un mariage éclair avec Philippe Lemaire dont elle a une fille Laurence-Marie (décédée d’un cancer en 2016, même année où Juliette Greco fut victime d’un AVC), elle interprète dans les années 60 les plus grands auteurs d’alors, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, Jacques Brel ou encore Brassens.

À l’écran

Comédienne de vocation, elle a joué dans « Bonjour tristesse » en 1958 une adaptation du roman de Françoise Sagan tournée par Otto Preminger. Mais c’est son rôle dans le feuilleton « Belphégor » qui la fait triompher sur le petit écran en 1965.

Au fil des ans, elle fait de nombreuses tournées à l’étranger en conservant les mêmes convictions et les mêmes engagements politiques. Après un deuxième mariage avec le comédien Michel Piccoli, elle a épousé Gérard Jouannest, l’ancien pianiste et ami de Jacques Brel en 1988, qui l’accompagne aussi sur scène.

Juliette Gréco a survécu au temps et aux modes. Plusieurs jeunes chanteurs français lui ont écrit des chansons dans ses derniers albums. Et leurs mots qu’elle prononçait avec gourmandise étaient pour elle « une nourriture absolue ». « Ce sont les mots qui dictent le geste, jusqu’au bout des doigts », disait celle qui avait lancé au printemps 2015 une grande tournée d’adieux, pendant laquelle elle avait fêté ses 89 ans sur la scène du Théâtre de la Ville, là même où elle avait créé en 1968 son plus grand succès, l’espiègle « Déshabillez-moi ».

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