Les vers du rappeur Young Thug, une réalité crue mais pas l’admission de crimes, selon son avocat
« C’est l’environnement dans lequel il a grandi » : l’avocat du rappeur américain Young Thug, en procès pour crime organisé à Atlanta, a assuré mardi que les vers de ses chansons décrivent une réalité crue mais ne constituent pas pour autant des preuves contre lui.
Arrêté en mai 2022 et maintenu depuis en détention, l’artiste de 32 ans, figure influente du hip-hop, est accusé d’avoir dirigé l’une des branches d’un gang des rues d’Atlanta identifiée comme « Youg Slime Life », ou YSL.
A l’appui de l’accusation contre le gang, des faits présumés de meurtres, trafic de drogue ou vols de voiture avec violence.
Les procureurs s’appuient notamment, pour preuves, sur certaines paroles des chansons de Young Thug, censées démontrer sa participation aux activités criminelles, une méthode critiquée par des défenseurs de la liberté d’expression et des acteurs de l’industrie musicale.
Pour son avocat, Brian Steel, les vers de Young Thug décrivant meurtres, fusillades ou trafic de drogue, « c’est l’environnement dans lequel il a grandi, ce sont les gens qu’il a connus, les histoires qu’il a connues » dans son quartier pauvre d’Atlanta, en Géorgie (Sud).
Durant sa plaidoirie d’ouverture, au lendemain de celle de l’accusation, l’avocat a ajouté que le rappeur aspirait au succès et à la célébrité pour « briser le désespoir générationnel » de sa famille et que son expérience personnelle avait nourri une profonde défiance vis-à-vis de la justice et des autorités.
Brian Steel a décrit une scène où l’un des frères du rappeur avait été abattu près de leur immeuble et que la police avait menotté sa mère désespérée et recouvert la victime d’un drap alors qu’elle respirait encore.
Selon l’avocat, Young Thug s’est engagé dans des rivalités sur les réseaux sociaux non pas en tant que membre d’un gang, mais pour « générer de l’intérêt » pour son travail, comme c’est souvent le cas dans l’industrie du rap.
« Vous apprendrez que cela fait partie de l’implication dans le hip-hop ou le rap », a déclaré Brian Steel, en établissant un parallèle avec le sport. « Les batailles qui se déroulent sur les réseaux sociaux suscitent de l’intérêt, tout comme les rivalités en NFL », le championnat de football américain, a-t-il comparé.
L’accusation a retenu 17 extraits de chansons de Young Thug qui constitueraient autant d’aveux des crimes dont le rappeur est accusé. Après les plaidoiries d’ouverture, le procès, qui se déroule devant un jury populaire, devrait probablement durer plusieurs mois et se poursuivre en 2024.
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