Les adieux de la reine et son royaume au prince Philip
La reine et le Royaume-Uni font leurs adieux samedi au prince Philip, qui pendant plus de sept décennies a servi sans relâche la couronne et épaulé Elizabeth II, lors d’une cérémonie en comité restreint pour cause de pandémie et aux accents militaires.
Mort « paisiblement » il y a huit jours, l’époux de la reine, connu pour son franc parler et son humour – flirtant parfois avec le racisme ou le sexisme – aurait eu 100 ans le 10 juin.
Le duc d’Edimbourg sera inhumé dans le domaine du château de Windsor, où Philip, né à Corfou prince de Grèce et du Danemark, a rendu son dernier souffle après une vie dévouée au service de la monarchie depuis son mariage, il y a 73 ans, avec sa « Lilibet ».
La reine perd celui qui était selon les propres mots sa « force » et son « soutien », celui qui, depuis le couronnement d’Elizabeth II en 1952, était resté en retrait pour soutenir indéfectiblement son épouse et devenir pour la monarchie un pilier, pour la famille royale un patriarche.
Les circonstances aidant, le souhait du duc d’Edimbourg d’éviter des funérailles en grande pompe sera respecté davantage même qu’il ne l’aurait initialement imaginé.
En raison de l’épidémie de coronavirus, le public a été appelé à ne pas se rassembler devant les résidences royales. En deuil national depuis la mort du duc d’Edimbourg le 9 avril, le Royaume-Uni est appelé à observer une minute de silence à 15H00 locales (14H00 GMT), au début de la cérémonie religieuse.
Pour cette dernière, seules 30 personnes seront présentes, en vertu des règles sanitaires en vigueur en Angleterre.
Retransmises à la télévision, les obsèques, organisées dans une relative simplicité, reflèteront le passé militaire que portait fièrement le prince qui a combattu dans la marine pendant la Seconde Guerre mondiale.
– Dernière demeure –
La Royal Navy, la Royal Air Force et l’armée de terre seront ainsi présentes à Windsor pour accueillir son cercueil – recouvert de son étendard personnel et de son épée – qui sera transporté à bord d’un austère pick-up Land Rover vert que le duc d’Edimbourg a lui-même contribué à concevoir.
La fanfare des Grenadier Guards, dont Philip a été le colonel pendant 42 ans, mènera la procession jusqu’à la chapelle Saint-George, où se tiendra la cérémonie religieuse.
Le doyen de Windsor doit y louer son « inébranlable loyauté » envers la reine, son « courage », sa « force d’âme » et sa « foi », selon des extraits diffusés à l’avance.
Le cercueil sera descendu dans le « Royal Vault », crypte où il restera jusqu’à ce que la reine ne l’y rejoigne à sa mort. Les époux ainsi réunis auront alors pour dernière demeure la chapelle du Memorial du roi George VI, père d’Elizabeth II.
L’archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel des anglicans, donnera la bénédiction à la fin de l’office.
– Retrouvailles –
Pour les Windsor, ces funérailles sont aussi l’occasion de se réunir après les crises récentes.
C’est la première fois depuis sa mise en retrait tonitruante de la monarchie et son départ outre-Atlantique que le prince Harry retrouvera en public la famille royale, marquée par l’ombre des accusations de racisme et d’indifférence que son épouse et lui-même ont portées lors d’une interview retentissante accordée à Oprah Winfrey.
Il apparaîtra notamment aux côtés de son frère aîné William et de son père le prince Charles.
Enceinte de leur deuxième enfant, l’épouse de Harry, Meghan Markle, est restée aux Etats-Unis sur les conseils de son médecin.
– Un cousin entre deux frères –
Unis en 1997 derrière le cercueil de leur mère Diana, les deux frères marcheront sur la même ligne pour suivre le cercueil de leur grand-père. Mais leur cousin Peter Phillips prendra place entre eux, un choix abondamment commenté dans la presse.
Sur le plan vestimentaire néanmoins, la famille royale britannique va s’attacher à présenter un front uni. Tous seront en tenue civile, une manière d’éviter de distinguer les princes Andrew et Harry, tous deux très attachés à l’armée.
Malgré deux missions en Afghanistan, Harry, ex-capitaine, n’a désormais le droit de porter ses médailles de service que sur un costume civil, après avoir perdu ses titres militaires honorifiques.
Même s’il appartient toujours à la Navy, l’apparition en uniforme du prince Andrew, deuxième fils de la reine et ex-pilote d’hélicoptère, aurait fait mauvais genre après sa mise en retrait de la monarchie, en raison de son amitié avec le défunt financier Jeffrey Epstein, poursuivi pour trafic de mineures.
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