Légion d’honneur de Gérard Depardieu: une « procédure disciplinaire » va être engagée

Gérard Depardieu reçoit la Légion d'honneur des mains du président Jacques Chirac, à Paris le 2 mai 1996 © AFP/Archives Vincent AMALVY

Arès Harvey Weinstein, Gérard Depardieu ? Une « procédure disciplinaire » va être engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de l’acteur français, visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle, a annoncé la ministre de la Culture vendredi.

« Une Légion d’honneur, cela distingue un homme, un artiste, une attitude, des valeurs. Il se trouve que j’ai échangé avec le Grand Chancelier de la Légion d’honneur, le général Lecointre : un conseil de l’ordre de la Légion d’honneur va se réunir et va engager une procédure disciplinaire pour décider si cette Légion d’honneur doit être suspendue ou pas, retirée complètement ou pas. Ce sera à eux de décider », a déclaré Rima Abdul Malak sur France 5, dans l’émission « C à vous ».

Gérard Depardieu avait reçu la Légion d’honneur des mains du président Jacques Chirac en 1996.

Créée par l’empereur Napoléon Ier au début du XIXe siècle, cette distinction récompense les civils et les militaires pour leurs actes et les services rendus à la France. De nombreux artistes se la voient décerner.

Le code de la Légion d’honneur prévoit pour les Français qu’un « comportement contraire à l’honneur » peut conduire à un blâme, une suspension ou une exclusion de l’ordre.

Pour les étrangers, une seule mesure est prévue, celle du « retrait ». Elle fait alors l’objet d’un décret signé du président de la République, Grand maître de l’ordre.

En 2017, Emmanuel Macron avait par exemple engagé cette démarche de déchéance contre Harvey Weinstein, accusé d’agressions sexuelles et de viol. Le producteur américain avait été fait chevalier de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy en mars 2012.

Refus de la « cancel culture »

« Évidemment, Gérard Depardieu pourra apporter des éléments en contradictoire » durant cette procédure « mais je comprends qu’elle puisse être faite. C’est important d’ouvrir cette question », a souligné Rima Abdul Malak, qui se refuse toutefois à toute forme de « cancel culture » à l’encontre des oeuvres cinématographiques où apparaissent l’acteur français, âgé de 74 ans.

« Je pense qu’il faut continuer à voir les films dans lesquels Gérard Depardieu a joué, on ne va pas arrêter de regarder ses films. En revanche, je ne crois pas qu’aujourd’hui qui que ce soit ait envie de faire une soirée hommage ou célébration à Gérard Depardieu. On ne va pas supprimer ses films de notre patrimoine, pas du tout ! », a encore indiqué Mme Abdul Malak.

En déplacement à Moissac (Tarn-et-Garonne) avec le porte-parole du gouvernement Olivier Véran plus tôt dans la journée, la ministre avait déclaré que les propos et l’attitude de l’acteur lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018 font « honte à la France ».

Dans ces images dévoilées par un reportage de « Complément d’enquête » diffusé sur France 2 début décembre, le monstre sacré du cinéma français multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, n’épargnant pas une fillette de ses propos obscènes.

« Dans ce reportage, son attitude se veut sur le ton de la blague, de la provocation, mais (elle) est en fait assez irrespectueuse, indigne et fait honte à la France », avait-elle ajouté, « dégoûtée ».

Gérard Depardieu est mis en examen depuis 2020 pour viols, à la suite d’une plainte d’une comédienne, Charlotte Arnould.

Concomitamment à la diffusion de « Complément d’enquête », une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne Hélène Darras, pour des faits a priori prescrits, remontant à 2007 sur un tournage.

L’acteur nie ces accusations.

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