Le Panthéon ose Joséphine
Pour son entrée dans le temple des célébrités françaises, mardi 30, La Trois propose de (re)découvrir l’incroyable destin de Joséphine Baker.
Dans les années 1920, une artiste noire, militante et provocante quitte l’Amérique ségrégationniste pour conquérir Paris. Ce mardi à 20h35 sur La Trois, le portrait «Joséphine Baker, première icône noire» relate son parcours hors normes.
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Deux unions, un nom
Freda Josephine McDonald, naît le 3 juin 1906 dans le Missouri (États-Unis). Abandonnée par son mari, Eddie Carson, alors que Joséphine a 1 an, sa mère, Carrie McDonald, se remarie rapidement et a trois autres enfants.
Joséphine, en bonne aînée, alterne école et travaux domestiques afin d’aider sa famille. Durant son rare temps libre, elle n’a qu’une obsession : danser. En 1920, presque naturellement, elle intègre un trio d’artistes de rue nommé Jones Family Band.
La même année, à 13 ans à peine, elle épouse Willis Wells. Un mariage éclair : en 1921, elle refait le serment d’amour face à un autre Willis, Baker cette fois. De ce mariage, tout aussi bref que le premier, Joséphine, qui a déjà une petite carrière d’artiste, conserve le patronyme.
Danse endiablée
Le Missouri devient trop étroit pour le tempérament de feu de cette ado de 15 ans : elle tente sa chance à Broadway (New York). Deux ans plus tard, une productrice française qui souhaite monter une «revue nègre» à Paris, la repère.
Joséphine la suit et débarque au Théâtre des Champs-Élysées, en 1925, avec pour seuls langages l’anglais et son corps. «La veille de la première, Jacques-Charles, le grand producteur des spectacles de Mistinguett au Moulin Rouge, lui suggère d’être plus déshabillée pour son numéro. Elle hésite, puis accepte», relate le magazine Géo.
Sur scène, il y a juste Joséphine Baker, son art de la danse et… son pagne de bananes. Le spectacle est un succès retentissant. En 1927, de retour d’une tournée européenne, Joséphine retrouve son public parisien aux Folies Bergères. Cette fois, elle n’est plus seule. «Sur scène, Chiquita, un guépard, l’accompagne, entre deux échappées dans la fosse pour terroriser les musiciens et amuser le public», raconte le mensuel Marie-Claire. Joséphine est adulée par le Tout-Paris et son gratin : Hemingway, Picasso et Dior en font leur muse.
Au service de la France
Qu’elle soit meneuse de revue, chanteuse ou actrice, la France est fascinée par l’artiste. En 1936, elle souhaite remonter sur scène dans son pays natal mais le pays de l’oncle Sam, encore très raciste, ne la suit pas.
Après cet échec, Joséphine épouse Jean Lion, un jeune courtier de l’Oise, et obtient la nationalité française. En 1939, la Seconde Guerre éclate et elle s’engage dans la Résistance. «Engagée pour la libération de la France, elle profite de ses tournées mondiales pour faire passer des documents secrets, écrits à l’encre invisible sur des partitions. Ou elle cache dans ses sous-vêtements des photos secrètes d’installations militaires allemandes», poursuit Marie-Claire.
Ses actes héroïques, au péril de sa vie, lui valent d’être la première Américaine à recevoir la Croix de Guerre française.
Sur tous les fronts
Après la guerre et jusqu’à sa mort, en 1975, Baker la rebelle poursuit son engagement militant : soutien au mouvement afro-américain pour les droits civiques, dénonciation de la ségrégation américaine, participation à la marche de Martin Luther King.
Elle devient aussi symbole d’émancipation sexuelle en dévoilant ses relations amoureuses avec d’autres femmes, dont la peintre Frida Kahlo. Son hit «J’ai deux amours» serait d’ailleurs un coming out, selon le journaliste Sébastien Ministru.
Ce 30 novembre, Joséphine Baker sera la sixième femme à entrer au Panthéon et la première Noire.
Cet article est paru dans le Télépro du 25/11/2021
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