Le Brésilien Chico Buarque sur scène après une longue absence

Le compositeur et chanteur Chico Buarque, l’une des légendes vivantes de la musique brésilienne, renoue avec la scène jeudi pour un mois de concerts à Rio de Janeiro après la sortie de son dernier disque, « Caravanas », après plus de cinq ans d’absence.

Si Buarque, 73 ans, a fait des apparitions occasionnelles dans quelques concerts, 2018 marque formellement son retour à la scène, quelques semaines après le lancement de son 23e opus, salué par la critique. C’est son premier disque depuis « Chico » en 2011.

Elégant, délicat, parfois drôle et mordant, Buarque y parle de l’amour, y compris à l’heure de WhatsApp, application extrêmement populaire au Brésil (« Dueto », chanté avec sa petite-fille Clara), du drame des réfugiés (« As Caravanas ») ou de la confrontation avec la vieillesse (« Jogo de bola »).

Eloigné de la scène depuis 2012, Buarque, également poète, romancier et auteur de théâtre, a lancé la tournée « Caravanas » à la mi-décembre à Belo Horizonte, dans le centre-est du Brésil. Mais c’est ce mois de concerts chez lui, à Rio, que son come-back prend toute sa force, avant de le conduire, après le carnaval, en février, à Sao Paulo et dans d’autres villes brésiliennes.

Les places de ses concerts ne sont pas à la portée de tous les Cariocas, puisque le billet coûte entre 240 et 490 réais (63 à 128 euros).

Mercredi soir, Buarque, qui n’est pas un grand fan de la presse ni des projecteurs, avait invité les journalistes dans la salle de Vivo Rio, où il donne son premier concert ce jeudi, pour parler de sa musique.

L’artiste a joué « Homenagem ao malandro » et « As Caravanas » avec ses musiciens dans un style minimaliste, prenant brièvement la pause en plaisantant avec les photographes.

Son dernier disque mêle des influences de « lundu », un rythme africain centenaire, de bolero espagnol en hommage à Cuba (« Casualmente ») et de sonorités plus orchestrales avec un clin d’oeil au funk qui se danse dans les favelas.

Buarque a permis un renouvellement de la musique brésilienne avec d’autres artistes tels Gilberto Gil et Caetanao Veloso qui ont incarné la MPB (musique populaire brésilienne) dans les années 60.

Exilé en Italie pendant la dictature militaire au Brésil (1964-85), Chico Buarque a toujours été un militant de gauche actif. Il soutient aujourd’hui l’ex-président Lula, qui espère pouvoir se présenter à la présidentielle d’octobre après avoir fait appel de sa condamnation à neuf ans et demi de prison pour corruption.