Le « bad boy » du ballet Sergueï Polounine s’est assagi

Le "bad boy" du ballet Sergueï Polounine s'est assagi
AFP

Sergueï Polounine, « bad boy » du ballet? Il fallait bien que jeunesse se passe, explique à l’AFP le danseur prodige à l’occasion de la présentation à Londres du documentaire « Dancer » retraçant son parcours.

« C’est la vie. Il y a toujours un gentil et un méchant », dit l’artiste de 27 ans, qui avait créé la consternation en 2012 en claquant la porte du prestigieux Royal Ballet britannique à une semaine de la première du ballet « The Dream », où il devait tenir le rôle principal.

Aujourd’hui, il reconnaît bien volontiers qu’il s’agissait sans doute d’une décision « précipitée ».

« Je manquais de lucidité », explique le danseur né en Ukraine, au corps recouvert de tatouages.

Sergueï Polounine à Los Angeles, le 10 septembre 2016

« Mais depuis, j’ai eu la chance d’apprendre, de mûrir. Je commence à comprendre les choses plus clairement », développe-t-il, avant la première du documentaire au théâtre Palladium.

Considéré comme l’un des danseurs les plus doués de sa génération, Sergueï Polounine c’est une technique de haute volée, des sauts à couper le souffle, mais aussi un sens inné de la comédie.

Signe d’une popularité qui dépasse le monde de la musique classique, la vidéo sur la chanson du musicien irlandais Hozier « Take Me to Church » (2015), réalisée avec l’artiste et photographe David LaChapelle, et dans laquelle Polounine fait tout l’étalage de son talent, a été visionnée plus de 18 millions de fois sur YouTube.

C’est l’une des forces de Polounine, explique David LaChapelle: démocratiser le ballet.

« Il repousse les limites de la danse classique. Il danse comme si sa vie en dépendait », dit le photographe.

– ‘Aller de l’avant’ –

S’il s’est sans doute assagi avec les années, le danseur n’en garde pas moins une âme rebelle, et jette un regard très critique sur le monde du ballet, qui ne laisse, regrette-t-il, pas assez de liberté à ses principaux acteurs.

« Je voudrais que les danseurs soient mieux traités, soutenus, qu’ils aient des managers, des agents. C’est la seule forme d’art qui ne dispose pas d’un système de soutien digne de ce nom », lance-t-il.

Signé du réalisateur américain Steve Cantor, le documentaire revient sur l’affaire du Royal Ballet, que Sergueï Polounine avait rejoint en 2007, avant d’être promu étoile à seulement 19 ans à la fin de la saison 2009/2010.

Une scène marquante montre Sergueï Polounine se rouler dans la neige, dévêtu, à l’extérieur de son domicile londonien, peu après sa démission du ballet.

« Pour moi, c’est l’ultime expression de la liberté », dit Steve Cantor.

Sergueï Polounine avait ensuite rejoint le Théâtre Stanislavski de Moscou, donnant un nouvel éclat à cette compagnie souvent éclipsée par le mythique Bolchoï.

Le film revient également sur ses premiers pas de danseur, à l’âge de trois ans, dans la ville de Kherson, en Ukraine.

Mais aussi sur les sacrifices de sa famille pour l’aider à réaliser ses rêves, comme lorsque son père était parti travailler au Portugal et sa grand-mère en Grèce pour lui permettre de payer l’école de ballet à Kiev.

« C’est important de ne pas oublier ce que vos parents ont fait pour vous », répond le danseur quand on lui demande pourquoi il a participé au documentaire.

L’idée, ajoute-t-il, était également d’envoyer un message aux jeunes artistes: « aller de l’avant, ne pas avoir peur, ne pas être fainéant ».

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