Laurent Cantet, Palme d’or 2008 avec « Entre les murs », est décédé

Le cinéaste Laurent Cantet, le 20 octobre 2014, à Paris

Le cinéaste Laurent Cantet, qui avait reçu la Palme d’or en 2008 pour son film « Entre les murs », est décédé jeudi, a annoncé son agent à l’AFP.

« Il est mort ce matin à Paris de maladie », a indiqué Isabelle de la Patellière, confirmant une information de Libération.

Le réalisateur de 63 ans, auteur de neuf long-métrages, travaillait sur un projet de film, intitulé « L’apprenti » qui devait sortir en 2025.

Réalisateur discret à la fibre sociale assumée, Laurent Cantet était entré dans la légende de Cannes en 2008 en recevant la Palme d’or pour « Entre les murs », par le jury présidé par Sean Penn.

Mi-documentaire mi-fiction, ce film d’un budget de 2,4 millions d’euros met en scène un professeur de français, François Bégaudeau (auteur du roman éponyme dont il s’inspire), et des élèves de 13 à 15 ans, aux origines géographiques et sociales multiples, dans un collège parisien.

Le Festival de Cannes a immédiatement réagi jeudi, saluant la mémoire d’un « humaniste acharné, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ».

Un cinéaste et scénariste « dont l’œuvre cohérente et humaniste dessine un cinéma sensible, à fleur de peau et à fleur de société », ajoute le festival. Et pour « Entre les murs », un film « au naturalisme déconcertant ».

Très souvent drôle -« J’aime pas les maths, les racistes et Materazzi », lançait Carl, un des personnages d' »Entre les murs » en faisant son auto-portrait-, le film a aussi ses moments émouvants et graves, l’école servant de caisse de résonance aux difficultés et aux inégalités sociales.

Le tournage du film avait été précédé, le temps d’une année scolaire, d’ateliers d’improvisation au collège Françoise-Dolto, dans l’est parisien, où le film a été tourné.

« Plein d’humanité »

Avant cela, Cantet s’était fait remarquer avec le film « Ressources humaines » (1999), sur le monde de l’entreprise et « L’emploi du temps » (2001), inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand.

Il était revenu à Cannes en 2017 avec « L’Atelier », dans lequel un groupe de jeunes en insertion effectue un stage d’écriture.

« Le film fait le constat d’un monde peut-être plus dur encore que celui que décrivait +Entre les murs+. Mais en même temps, j’espère que le film démontre aussi que la parole est importante. Et que les jeunes la maîtrisent plutôt bien », disait alors Laurent Cantet.

Son dernier film « Arthur Rambo », sorti en 2021, se penchait sur la destruction d’une réputation sur les réseaux sociaux.

Il s’inspirait de l’histoire vraie de Mehdi Meklat, un jeune auteur qui avait acquis une notoriété en chroniquant les quartiers défavorisés, avant de tout arrêter face à la découverte en 2017, de tweets antisémites, homophobes, racistes et sexistes.

« Cinéaste fin, discret et plein d’humanité, nullement ébloui par sa Palme d’or, Laurent Cantet réussissait avec précision et sens du rythme ce qu’il y a de plus difficile au cinéma: filmer les conversations, c’est-à-dire la vie », a réagi auprès de l’AFP l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.

Aux côtés de Pascale Ferran et de Cédric Klapish, il avait fondé en 2015 La Cinetek, plateforme de VOD de films éditorialisée par des cinéastes.

Laurent Cantet a beaucoup collaboré avec Robin Campillo (« 120 battements par minute »), qui fut son monteur avant de passer à la réalisation.

jfg-may/fbe/gvy

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici