«L’Ange de Diên Biên Phu» (France 5) : «Je n’ai fait que mon devoir»

Ce sont les Américains qui la surnommèrent «l’ange de Diên Biên Phu» © France 5/Label Image

Malgré elle, Geneviève de Galard est devenue une héroïne. À 95 ans, elle reçoit encore des cartes de vœux de survivants de l’enfer de Diên Biên Phu. Portrait dimanche à 22h35 sur France 5.

Convoyeuse de l’air, Geneviève de Galard se chargeait d’aller rechercher les blessés sur les champs de bataille et d’assurer leur transport jusqu’à un hôpital. À 28 ans, cette infirmière navigante s’est retrouvée coincée dans le camp retranché de Diên Biên Phu, en pleine guerre d’Indochine. Elle s’était portée volontaire pour une évacuation de nuit.

«C’était minuté. Il fallait que le Dakota reste moins de trois minutes au sol. Le 28 mars 1954, l’avion est sorti de la piste, a heurté un piquet et crevé le radiateur d’huile. Nous n’avons jamais pu repartir. Les attaques ont commencé et j’ai été désignée pour les soins de longue durée des blessés graves», écrit-elle dans ses mémoires en 2003.

Au total, ils étaient 15.000 Français assiégés par les troupes vietnamiennes d’Hô Chi Minh, leader du parti nationaliste d’obédience communiste. Durant cinquante-sept jours, Geneviève de Galard a soigné des centaines d’hommes. Elle a aussi assisté les chirurgiens dans les abris souterrains transformés en hôpital. «Je n’ai jamais pensé que je pouvais mourir. Il y avait peut-être un peu d’inconscience. Je n’ai fait que mon devoir.»

Sa légende l’a précédée

Après la défaite militaire française, l’infirmière refuse d’être libérée par les vainqueurs avant que le dernier des 858 blessés graves ne soit évacué. Le 24 mai, elle arrive au Laos où plusieurs dizaines de reporters l’attendent. Les premiers rescapés ont parlé de sa patience et de sa gentillesse. Une photo d’elle en tenue de para trop grande fait la couverture de Paris Match. Le président Eisenhower lui épingle la Médaille de la Liberté à la Maison Blanche. «Ces félicitations s’adressaient, à travers moi, aux combattants de Diên Biên Phu. À leurs côtés, j’ai connu la fraternité et la solidarité.»

Elle choisit ensuite de se faire oublier, refuse des ponts d’or pour l’exclusivité de son histoire. Elle se met au service des grands brûlés au centre de revalidation des Invalides. En 1956, elle épouse le capitaine Jean de Heaulme (98 ans aujourd’hui), l’un des officiers à l’accueillir à sa libération. À Paris, le couple a trois enfants et trois petits-enfants. Élue conseillère municipale de son arrondissement durant dix-huit ans, elle est déléguée aux personnes handicapées. Souvent sollicitée, Geneviève donne des conférences à travers le pays. Elle n’est jamais retournée à Diên Biên Phu. Il lui arrive bien sûr de repenser à ce soldat amputé de 18 ans qui se tenait à peine debout et lui disait : «Geneviève, quand tout cela sera fini, je vous emmènerai danser.»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 25/02/2021

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