La voie de la passion
Elles ont toujours été animées par le plaisir et l’ambition, mais ces célébrités ont souvent étouffé leur vraie passion. Puis, à la faveur d’une mise au point, d’un coup de pouce ou d’un coup de pied du destin, ces VIP ont choisi leur vrai chemin.
Il y a quelques jours, le magazine Forbes a publié la liste des acteurs les mieux payés au monde. En tête, s’impose Dwayne Johnson, dit «The Rock», avec 87 millions $ de revenus amassés en un an. Loin devant Ryan Reynolds, Mark Wahlberg, Ben Affleck, Vin Diesel et Will Smith, l’homme de 48 ans n’a pas toujours été une star de l’écran et dit même avoir encore le trac devant la caméra. Comme de nombreuses autres célébrités qui ont osé une transition stupéfiante.
Travail acharné
«Il n’y avait aucune garantie que je réussisse dans le cinéma !», affirme Dwayne Johnson, d’abord sorti de l’anonymat en étant joueur de foot américain, puis catcheur professionnel. Privé de football après une blessure – «Les rêves que j’avais alors étaient anéantis, cela me semblait être le pire moment de ma vie !» -, il transpose ses prouesses sur le ring en remportant le titre des poids lourds de la fédération WWE à six reprises. Par hasard, à l’occasion d’une invitation à l’émission «Saturday Night Live», où l’on demande aux stars de se livrer à des sketches ou numéros inattendus, le sportif montre des dispositions pour le jeu et la comédie ! Le voilà sur orbite, via le 7e art, d’abord avec de petits rôles («Le Retour de la Momie»), puis avec une franchise à succès, celle des «Fast and Furious». Fan de cinéma, «The Rock» n’en espérait pas tant, mais déclare vouloir se créer «une carrière durable». Il confie à ses fans sur Instagram : « Ça demande du travail acharné et de la persévérance, car le monde d’Hollywood est très exigeant. Et je voulais devenir une vraie présence au box-office. C’était mon objectif, je me suis donné dix-douze ans pour y parvenir car la vie est si imprévisible. Mais mon statut de lutteur m’a aidé !»
Besoin créatif
Savoir jouer la bonne note au bon moment a aidé Carla Bruni, jeune mannequin devenu célèbre, mais taraudée depuis toujours par un désir secret : faire de la musique un métier à part entière. L’artiste se souvient : «J’ai toujours entendu de la musique à la maison, toute ma famille s’y intéressait. C’était dans mon sang. Ma mère a toujours dit qu’elle pouvait être attirée par un homme qui n’était ni fort ni beau, mais qu’elle ne pourrait jamais aimer un homme qui n’aimait pas la musique – et je suis d’accord !» Mais l’esprit rebelle de Carla donne déjà le «la» : «Mes parents ont essayé de m’apprendre le piano et le violon, deux instruments que j’aime, mais je ne voulais pas apprendre à lire la musique classique. Frustrés par mon manque d’intérêt, ils m’ont acheté une guitare. C’était génial, je pouvais enfin jouer ce que je voulais, sans avoir à lire les notes. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à jouer tous les jours !» Mais un autre tourbillon l’attend : celui des catwalks. La musicienne en herbe qui écrit poèmes et chansons dans sa chambre, devient top-model. Sa passion est rangée au vestiaire dans les années 1990. «J’ai adoré ma période de mannequinat», se souvient la star de 52 ans. «Le monde de la mode est très créatif pour les designers, photographes ou maquilleurs, mais être mannequin, c’est juste être la cerise sur le gâteau…»
Être soi-même
C’est lorsqu’il faut penser à une reconversion, âge oblige, au début des années 2000, que la musique revient. Mais pas l’audace. «Il m’a fallu trente ans pour trouver le courage de chanter !», confie Carla Bruni. «Je n’ai pu le faire que parce que j’ai écrit mes propres chansons, car je n’étais ni Aretha Franklin ni Barbra Streisand», explique celle qui sort enfin un disque en 2003. Encore aujourd’hui, l’artiste reconnaît avoir le trac, mais le plaisir de la scène la galvanise. Et d’ajouter : «Je me sens mieux maintenant, l’âge ne vous laisse plus le temps d’avoir peur !» Un certain champion de tennis nommé Yannick Noah finira aussi par revenir à ses premières amours musicales en prenant une retraite sportive prématurée à la fin des années 1980. L’homme est un peu dépité par l’agressivité qu’il faut déployer sur un court et par une notoriété arrivée très tôt, une célébrité qui l’étouffe, l’empêche d’être lui-même et de s’écouter. En exil à New York, Yannick Noah repense au gamin qu’il a été, un môme épris de liberté avec, pour idoles, Bob Marley et Jimi Hendrix. En 1990, le voilà sur la route tant espérée avec «Saga Africa», tube de l’été, puis un album («Black & What») auquel participent de grandes pointures dont Manu Dibango. Yannick est si à l’aise dans son nouveau rôle que le public n’avance ni moqueries ni critiques. Il confie à Pure Charts : «Dans tout ce que j’ai fait, il y a cette idée de rassembler les gens. Dans toutes mes actions sociales, humanitaires, mes chansons… Blanc ou Noir, on est ensemble, on fait la fête ! Je me suis lancé dans la musique pour m’amuser. À 60 ans passés, c’est toujours mon but.»
Frissons et excitation
Changer de trajectoire est aussi un moyen de vivre d’autres sensations. Comme l’a vécu Patrick Dempsey, alias «Docteur Mamour» dans la série «Grey’s Anatomy», en délaissant régulièrement les plateaux de tournage pour s’engouffrer dans son jouet préféré : une voiture de course ! «J’ai beaucoup appris à chaque compétition», explique l’acteur de 54 ans. «La course me procure un frisson que la comédie ne peut pas m’offrir. Le travail sur une fiction de télévision ne change pas. Dans une course, ça varie constamment, à chaque tour, à chaque virage. Et c’est très excitant. Et ça me garde en vie.» En effet, une transition, momentanée ou durable, peut alléger les poids de l’existence. L’acteur et réalisateur Olivier Marchal a ainsi abandonné sa plaque de policier car la réalité du métier lui était insupportable. Son âme d’artiste très sensible a parlé : «Après une affaire de meurtre, j’ai plongé dans la dépression et l’alcool.» Et d’ajouter dans Le Figaro : «J’ai réalisé ce qu’était la barbarie et l’horreur à figure humaine. J’aimais pourtant mon statut de policier. Je l’avais choisi. J’y croyais. Mais tout a basculé. J’avais peur. J’étais à la dérive.»
Rester un gamin
L’ex-flic prend alors des cours de comédie. Et découvre un autre monde. Cinéaste de talent («36 quai des Orfèvres», «MR 73»), acteur efficace, Olivier Marchal avoue sur Europe 1 : «Être sur une scène, sur un plateau ou derrière une caméra me débarrasse du reste du monde, de mes angoisses. Je suis un garçon qui pleure beaucoup, en secret. Je suis obligé de prendre des médicaments pour dormir, sinon je me réveille et je pleure. Dès que je suis sorti de la naïveté de l’enfance, j’ai pris conscience de la violence, de la méchanceté. En voulant être policier, je voulais être utile, rendre service, protéger. Je voulais être bûcheron, pompier, flic. Je voulais une vie d’aventurier. J’étais un gamin, je suis resté gamin quand j’étais poulet. C’est pour ça que je n’ai pas supporté. Jouer ou mettre en scène me donne l’adrénaline dont j’ai besoin. Je pense que si je n’avais pas réussi dans le cinéma, je serais devenu un alcoolo ou un con.»
Déclic accélérateur
François-Xavier Demaison a également failli être trop raisonnable. Intention louable, mais camouflet pour les rêves susceptibles de devenir réalité. Enfant, il souhaite faire du théâtre mais le jeune adulte choisi d’être fiscaliste et s’en va faire un stage à New York. Au matin du 11 septembre 2001, ses certitudes volent en éclats. «Voir des gens sauter par les fenêtres m’a fait l’effet d’un électrochoc», racontera-t-il à Paris Match. «Je me suis dit : «Ça aurait pu être moi.» Ma vie de fiscaliste m’a semblé dérisoire. Je me suis rendu compte à quel point j’étais décalé par rapport à mes aspirations profondes. (…) J’ai commencé à accepter de laisser s’exprimer l’enfant enfoui en moi. Le lendemain, sur mon ordinateur de bureau, j’ai commencé à écrire. Toute une galerie de personnages a surgi dans ma tête. J’avais la sensation d’être sur la bonne route.»
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