Julie Andrews : fa, si, la chanter
L’actrice britannique de 86 ans doit son succès à sa voix cristalline, souvent malmenée…
Cataloguée dans les rôles musicaux qui l’ont rendue célèbre, Julie Andrews a pourtant dû «se réinventer pour surmonter les échecs avec cette même soif de perfection», précise le documentaire de La Trois, ce mardi à 22h10, sous-titré «La mélodie d’une vie». Une vie faite de bémols, mais aussi de notes joyeuses.
Premières gammes
1er octobre 1935, en Angleterre. Julie Elizabeth Wells, fruit des amours d’un menuisier et d’une professeure de piano, voit le jour. Quand la guerre éclate, ses parents se séparent. Sa mère épouse alors un ténor sans envergure porté sur la boisson… qui donne son nom à la fillette : Andrews.
Pendant le Blitz, la petite fille de 5 ans apaise les âmes apeurées de sa douce voix. Une voix capable de couvrir plus de quatre octaves ! Bluffé, le couple de musiciens la déscolarise pour courir le cachet des music-halls londoniens à ses côtés.
La jeune soprano, exhibée comme un trophée, épate dans un registre très aigu : «Je ne suis pas sûre d’avoir aimé cela, mais je ne savais rien faire d’autre», avouera-t-elle.
À 13 ans, elle chante devant le roi George VI – dont la fille, Elizabeth II, lui conférera, en 1999, le titre de «Dame». Dès 1956, Julie devient une star à Broadway en interprétant «My Fair Lady». Sa performance impressionne Maria Callas, effrayée d’apprendre que Miss Andrews donne huit représentations par semaine ! Un défi pour la voix…
De Broadway à Disney
Mais lorsqu’il est question d’adapter la pièce musicale au cinéma, c’est Audrey Hepburn qui est choisie. Elle n’est pourtant pas chanteuse. Julie Andrews en sera durablement affectée.
Ironie du sort : Disney lui offre le rôle de Mary Poppins, qui lui valut, en 1965, l’Oscar de la Meilleure actrice. Sa rivale, elle, ne fut même pas nominée…
Le tournage a failli lui coûter cher : l’un des câbles qui permettaient à la comédienne de voler grâce à son parapluie magique a lâché. «Je me suis écrasée sur la scène. Il y a eu un silence atroce pendant une minute et j’ai lâché un juron anglo-saxon de quatre lettres», a-t-elle révélé sur un plateau télé américain.
Fausses notes
«La Mélodie du bonheur» (1965) achève de la consacrer au rang de star planétaire. Un bonheur de courte durée… «Un tel succès m’a amenée en thérapie», déclare l’actrice. Elle divorce de son époux, avec lequel elle a une petite fille.
Hantée par la déchéance de ses parents alcooliques, Julie enchaîne les tournages, dont le «Rideau déchiré» d’Hitchcock au côté de Paul Newman. L’ambiance est tendue, le réalisateur la jugeant «trop lisse et sans relief». Sa carrière bat de l’aile. Même les studios Disney lui tournent le dos, lui préférant Angela Lansbury pour le rôle de «L’Apprentie sorcière».
Sa vie privée est plus radieuse : avec son second mari, le réalisateur Blake Edwards, elle adopte deux petites filles vietnamiennes.
Casser la voix
Julie Andrews renoue enfin avec le succès grâce à l’anticonformiste «Victor Victoria» (1982), réalisé par son époux. Mais elle n’obtiendra plus d’Oscar. Sa voix, épuisée, se brise à tout jamais en 1997, à la suite d’une opération ratée sur ses cordes vocales.
Elle se consacre depuis à l’écriture de livres pour enfants ou à des rôles légers. Et assure des doublages : la reine Lillian dans «Shrek» et la mère de Gru dans «Moi, moche et méchant», c’est elle ! Continuant ainsi de faire rêver des générations d’enfants…
Cet article est paru dans le Télépro du 21/10/2021
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