Juan Carlos en Espagne pour sa deuxième visite depuis son départ en exil
L’ex-roi Juan Carlos 1er est arrivé mercredi en Espagne pour sa deuxième visite depuis son départ en exil aux Emirats arabes unis sur fond de scandales en août 2020, un voyage qui s’annonce plus discret que le premier.
En provenance de Londres, où il avait assisté mardi soir à la victoire du Real Madrid sur Chelsea (0-2) en quart de finale retour de Ligue des Champions, l’ex-monarque âgé de 85 ans est arrivé peu avant 14H00 (12H00 GMT) à l’aéroport de Vigo en Galice (nord-ouest) à bord d’un jet privé émirati, selon un photographe de l’AFP sur place.
Juan Carlos s’est ensuite rendu dans le port galicien de Sanxenxo, où il doit séjourner quelques jours, le voilier avec lequel il a été champion du monde par le passé, le « Bribon », y participant à une régate.
Il a salué de sa voiture la presse sans faire la moindre déclaration.
Il n’est, en revanche, pas prévu qu’il fasse un déplacement à Madrid, contrairement à sa précédente visite il y a onze mois, pour y voir son fils, l’actuel roi Felipe VI, dont les relations avec son père sont notoirement distantes.
« Rien à dire »
Jamais annoncé, ni même confirmé, officiellement, ce nouveau voyage de Juan Carlos dans le pays sur lequel il a régné de 1975 à 2014 s’annonce plus tranquille que celui de mai 2022, qui avait provoqué une vive controverse.
Le palais royal, qui garde toujours le silence sur les activités du « roi émérite », s’est refusé à tout commentaire.
Pour sa part, la porte-parole du gouvernement de gauche du Premier ministre Pedro Sánchez a assuré la semaine dernière n’avoir « rien à dire sur le sujet ». « Il s’agit, comme vous le savez, d’une décision personnelle (de l’ex-roi) sur laquelle nous n’avons pas à porter de jugement », s’est contentée de dire Isabel Rodríguez.
Dans un éditorial, le journal conservateur ABC, farouche défenseur de la monarchie, disait la semaine dernière « espérer que ce voyage se fasse avec intelligence, austérité et discrétion, car les polémiques autour du père du roi Felipe VI sont toujours utilisées par les ennemis de la Couronne ».
En mai dernier, Juan Carlos avait été acclamé sur le port de Sanxenxo et n’avait pas fui les caméras. Un manque de discrétion qui, selon la presse espagnole, n’avait pas été du goût du palais royal.
« Des explications ? Mais à propos de quoi ? », avait-il répondu à la presse, alors que le gouvernement de gauche avait estimé, par la voix d’Isabel Rodríguez, que l’ancien monarque avait « perdu une occasion de donner des explications » sur les soupçons de corruption l’ayant visé « et de demander pardon » aux Espagnols.
« Tort à l’image de l’Espagne »
Juan Carlos a quitté l’Espagne pour s’installer à Abou Dhabi en août 2020 sur fond de révélations de plus en plus embarrassantes sur son train de vie fastueux et l’origine de sa fortune, au moment où une enquête judiciaire venait d’être ouverte à son encontre.
Portant sur des soupçons de corruption et de blanchiment, cette enquête et deux autres ouvertes par la suite ont été classées en mars 2022 par la justice espagnole, notamment en raison de la prescription des délits et de l’immunité dont il bénéficiait en tant que chef de l’Etat jusqu’à son abdication en 2014.
Les procureurs avaient cependant mis en avant ses « irrégularités fiscales ».
S’il n’est plus inquiété par la justice, les nombreuses révélations sur son train de vie et l’origine opaque de sa fortune ont terni à jamais l’image de cette figure adulée pendant des décennies pour avoir conduit la transition démocratique de l’Espagne après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.
A rebours de la discrétion de l’aile socialiste du gouvernement, les ministres issus de la gauche radicale et les formations alliées à l’exécutif au Parlement – en particulier les nationalistes basques et catalans – ont exprimé avec véhémence leur opposition à ce nouveau séjour de l’ancien souverain.
Juan Carlos « fait beaucoup de tort à l’image de l’Espagne et je crois aussi à l’image de la monarchie », a lancé mercredi le ministre communiste de la Consommation, Alberto Garzón, devant les députés.
« C’est une personne qui a été visée par de nombreuses procédures judiciaires et même si elles se sont conclues grâce à la prescription, elles ont montré qu’il (n’était) pas innocent », a-t-il ajouté, qualifiant la visite de Juan Carlos de « totalement déplacée ».
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