Jesse Hughes, une victime des attentats désormais indésirable au Bataclan

Jesse Hughes, une victime des attentats désormais indésirable au Bataclan
AFP

Habitué des déclarations tapageuses qui lui valent d’être désormais indésirable au Bataclan, le chanteur des Eagles of Death Metal, Jesse Hughes, peine parfois à se faire entendre comme victime, un an après les attentats qui ont endeuillé Paris.

« Je suis pour l’éternité redevable au peuple français », a-t-il affirmé à Paris après l’hommage rendu dimanche aux 130 personnes tuées ou aux blessés du 13 novembre 2015, saluant une ville qui « a réagi de la meilleure manière possible à cet acte vil et affreux ».

Derrière ses lunettes à verres rouges, le chanteur est apparu recueilli et silencieux lors de la cérémonie organisée devant la salle. Il avait été convié par les associations de victimes, comme tous les membres du groupe qui jouait au Bataclan le soir de l’attentat.

« Ils avaient une couronne de fleurs bleu-blanc-rouge et ont fait la queue comme tout le monde pour se recueillir devant la plaque » à la mémoire des 90 morts du Bataclan, a relaté à l’AFP le journaliste du Monde Daniel Psenny, lui-même blessé lors des attentats en portant assistance à un Américain.

Cette salle, Jesse Hughes n’y est pourtant plus le bienvenu.

Samedi soir, la direction du Bataclan a affirmé en avoir interdit l’accès au chanteur, accompagné du manager du groupe, pour le concert de réouverture de Sting. « Il y a des choses qu’on ne pardonne pas », avait tranché le codirecteur du Bataclan, Jules Frutos, en référence notamment à des soupçons exprimés en mars par Jesse Hughes à l’encontre des vigiles.

« Je ne voulais pas voir le concert, je voulais simplement voir la salle ouverte », s’est défendu dimanche le chanteur.

– ‘Pas le bon moment’ –

« Jessie, qui est aussi une victime, avait peut-être besoin d’entrer dans le Bataclan mais ce n’était pas le bon moment », estime Caroline Langlade, présidente de l’association de victimes Life for Paris. « Les temps et les envies de chacun ne s’accordent pas toujours. »

L’incident de samedi soir n’a pas empêché l’émotion dimanche: les membres des Eagles of Death Metal « ont serré dans les bras chacune des victimes » présentes à la cérémonie, a raconté à l’AFP Thierry, qui assistait à leur concert le 13 novembre 2015, mais n’a pas été blessé.

Nul doute que les musiciens sont aussi des victimes pour Daniel Psenny, qui reconnaît toutefois que « ça pose un problème d’accuser les gens et de faire des déclarations polémiques ».

Outre les soupçons évoquant les agents de sécurité, le chanteur, connu pour ses positions favorables au port d’armes, a en effet multiplié les propos controversés depuis les attentats.

Au printemps, le chanteur avait ainsi accordé une interview à une publication américaine aux prises de positions extrémistes, dans laquelle il affirmait avoir « vu des musulmans faire la fête dans la rue pendant l’attaque, en temps réel ». Suite à ces déclarations, deux festivals français avaient annulé la venue du groupe cet été.

Jouant l’apaisement, Jules Frutos ne souhaitait pas s’exprimer dimanche au sujet du chanteur des EODM, préférant ne retenir le « moment magique » samedi soir avec Sting.

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