Jeanne Moreau, beauté ambitieuse

Jeanne Moreau en 1958 dans «Ascenseur pour l'échafaud» © Arte
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

La légende du cinéma était une femme fatale indomptée.

Elle nous a éblouis dans «Les Amants» et «Viva Maria !» de Louis Malle, «Jules et Jim» de François Truffaut, «Eva» de Joseph Losey et «Le Procès» d’Orson Welles. Elle a bercé nos oreilles avec «J’ai la mémoire qui flanche» et enregistré plusieurs bandes originales de films cultes.

Jeanne Moreau était actrice, chanteuse, réalisatrice, mais avant tout femme insoumise. Lundi soir, Arte lui consacre une soirée avec le film «Ascenseur pour l’échafaud», à 20.55, suivi du documentaire «Jeanne Moreau, l’affranchie», à 22.25.

Vivre pour la caméra

En 1959, dans une interview «vérité» à retrouver dans les archives de l’INA, Jeanne Moreau déclarait : «Quand j’ai commencé à travailler, je me suis donné dix ans pour arriver à être quelque chose ou quelqu’un qui me ressemble. Et ces dix ans sont écoulés… Je me donne à nouveau dix ans.»

À cette époque, la jeune femme, âgée alors de 31 ans, ne se doutait pas du long chemin qu’elle allait encore parcourir. Sa carrière commence au théâtre en 1947. Dès son entrée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Jeanne Moreau transcende l’assistance. Elle participe au Festival d’Avignon, intègre la Comédie-Française et se fait remarquer grâce à la pièce «Les Caves du Vatican» d’André Gide. Une reprise d’«Othello» lui permet de rencontrer Orson Welles, avec qui elle collabore professionnellement et vivra une histoire d’amour.

Les années 1950 lui sont bénéfiques. Ses premiers rôles au cinéma se déroulent aux côtés de Richard Pottier, Jacques Becker et Jean Dréville. Film après film, son jeu se construit. L’actrice révèle tout son talent dans «Ascenseur pour l’échafaud» (1957), de Louis Malle. Le début d’une gloire qui continuera jusqu’en 2015, lorsqu’elle tourne son dernier film, «Le Talent de mes amis», d’Alex Lutz. Deux ans plus tard, elle s’éteint à Paris à 89 ans.

Sex symbol

À la vie comme à l’écran, Jeanne Moreau était une grande séductrice. «Une tornade» selon Sacha Distel, avec qui elle a eu une aventure. Aimée de tous, l’actrice n’avait pourtant pas une grande estime d’elle. Au cours d’une interview, André Parinaud, journaliste et critique d’art, l’a questionnée sur l’image qu’elle transmettait à l’écran. «Aimez-vous votre visage, votre silhouette ?» La réponse fut surprenante, mais catégorique. «Non. Mais je m’y suis habituée», déclara-t-elle en toute sincérité.

Quand il lui demanda : «Êtes-vous, selon vous, ce que l’on appelle «sexy» ?», son regard s’est détaché. Un brin agacée, elle affirma : «Je ne peux pas dire que je pense que je le sois. Mais j’ai été obligée d’accepter ce jugement, parce qu’on me l’a fait comprendre. Sexy n’est peut-être pas le mot. Je crois que je plais.»

Les faits ne trompent pas, Jeanne Moreau était une femme ravissante. Elle avait du succès auprès des hommes et l’assumait. De ses histoires sans lendemain à ses grands amours, Jeanne Moreau a séduit une quantité d’hommes. François Truffaut, Tony Richardson, Pierre Cardin font partie de la liste de ses amants. Elle s’est mariée deux fois, avec William Friedkin et Jean-Louis Richard. Ce dernier est le père de son unique enfant, Jérôme. 

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 18/6/2020

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici