Jean-Marc Morandini renvoyé en procès pour « harcèlement sexuel »

L'animateur de télévision Jean-Marc Morandini le 19 juillet 2016 durant une conférence de presse © AFP/Archives GEOFFROY VAN DER HASSELT

Un deuxième procès se profile pour l’animateur de télévision Jean-Marc Morandini: déjà renvoyé en correctionnelle pour « corruption de mineurs », il sera aussi jugé pour « harcèlement sexuel » dans le cadre d’un casting auquel il avait participé pour une web-série entre 2015 et 2016.

Dans une ordonnance datée du 23 décembre, révélée lundi par BFMTV et dont l’AFP a eu connaissance, la juge d’instruction chargée des investigations a ordonné son renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris pour « harcèlement sexuel » à l’égard d’un plaignant.

Elle a également renvoyé sa société de production « Ne Zappez pas ! Production », dont il est le représentant légal, pour « travail dissimulé » à l’égard de cinq plaignants.

La magistrate a, en revanche, ordonné des non-lieux pour « harcèlement sexuel » à l’égard de quatre autres plaignants.

« Il y avait eu classement sans suite de cinq plaintes, là il y a un non-lieu pour quatre des cinq », a souligné Me Céline Lasek, l’avocate de l’animateur de Cnews et NRJ12. Concernant la cinquième, « M. Morandini démontrera qu’il n’a pas commis de harcèlement devant le tribunal », a-t-elle ajouté.

En juillet 2016 dans Les Inrockuptibles, deux jeunes acteurs avaient accusé Jean-Marc Morandini, aujourd’hui âgé de 56 ans, d’avoir profité de castings réalisés pour une web-série érotique baptisée « Les Faucons » pour les pousser à s’exhiber nus.

Selon leurs témoignages, une personne se présentant comme directrice de casting et s’appelant « Catherine Leclerc » – en réalité M. Morandini sous pseudonyme – leur avait demandé avec insistance par courriel d’envoyer des vidéos d’eux nus et des scènes de masturbation.

Au total, cinq comédiens avaient porté plainte pour « harcèlement sexuel ». Ils avaient aussi dénoncé des faits de « travail dissimulé », la société de production n’ayant pas déclaré les acteurs auprès des organismes sociaux.

– « Pressions graves » –

Saisi de cette plainte, le parquet de Paris avait classé sans suite son enquête en décembre 2016. Mais les plaignants avaient obtenu en 2018 la reprise des investigations par un juge d’instruction.

Au terme de l’instruction, il est reproché à M. Morandini des « pressions graves » pour obtenir une fellation et des sollicitation à caractère sexuel « réitérées » à l’été 2015, puis sur plusieurs mois, sur un jeune homme de 18-19 ans qui avait répondu à l’offre de casting. Ce dernier n’avait pas de formation, aucune expérience du milieu ni agent.

Pour ce faire, M. Morandini a créé un « personnage totalement fictif », Catherine Leclerc, une « figure maternelle et sécurisante inspirant confiance au jeune homme qui l’incitait à toujours repousser ses limites dans l’acte de nature sexuelle, sous le prétexte allégué de travailler sa posture de comédien », souligne la juge.

Dans un autre dossier, l’animateur a été renvoyé en juillet 2020 devant le tribunal correctionnel pour « corruption de mineur » sur deux plaignants.

Dans la première plainte, un jeune homme affirmait que M. Morandini lui avait fait des propositions sexuelles dans des échanges SMS, entre février et mars 2013.

Le second plaignant, qui s’est depuis désisté, avait de son côté raconté avoir été contacté en juillet 2009 par la société de production de M. Morandini via un site de casting pour un projet de remake de film.

Il a expliqué avoir été convié, seul, au domicile de l’animateur où ce dernier l’aurait invité à se déshabiller et à reproduire une scène de masturbation, selon le journal Le Parisien.

Fin novembre, la cour d’appel de Paris a validé son renvoi devant le tribunal correctionnel dans cette première affaire, mais sans les circonstances aggravantes d’incitation par un moyen de télécommunication et d’incitation à la proposition sexuelle sur mineur.

Son avocate avait alors annoncé son intention de se pourvoir en cassation.

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