Jean Dujardin : «La peur m’a donné du courage !»

Jean Dujardin © Isopix

Dans «Novembre», film coup de poing auréolé d’un suspense et d’une précision remarquables (en salles dès ce mercredi), il est Fred, enquêteur de l’Anti-Terrorisme en action durant les cinq jours qui suivent les attentats du 13 novembre 2015.

Vous avez rencontré la Sdat (Sous-direction anti-terroriste), la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) et le Raid. En quoi ces conversations ont-elles été utiles pour votre rôle ?

On parle à des humains qui racontent factuellement ce qu’ils ont vu. On sent le doute, la peur, la responsabilité et la fragilité. Mais ils doivent agir au mieux et surtout très vite, dans un champ rétréci, se focaliser sur un suspect, une adresse, la préparation d’un assaut. On appelle cela «l’effet tunnel». Pendant cinq jours, rien d’autre ne compte, ils dorment peu, ne voient par leurs familles. La Sdat était particulièrement tendue, ses équipes craignaient une récidive imminente sans savoir qui étaient et où étaient les terroristes.

En cinq jours, ils cherchent – et trouvent ! – une aiguille dans une botte de foin…

L’inquiétude est constante. Et la pression énorme. Tout est épluché. Il faut prendre de bonnes décisions en très peu de temps. Un des enquêteurs m’a dit, avant l’assaut, que pour la première fois, il ne savait pas s’il allait en ressortir vivant. Donc toutes ces rencontres ont donné le ton, l’ambiance, le suspense avec une véracité exceptionnelle. Ce film est aussi un hommage au courage de ces gens de l’ombre.

Comment prépare-t-on un personnage dans un film collectif où, contrairement, à une docufiction américaine, il n’y a pas un seul meneur, un seul héros ?

On est pris entre la fonction et l’autorité que l’on doit exercer, c’est-à-dire la bonne mesure : donner des ordres tout en rassurant. Ce qui se passe est exceptionnel et inédit, il faut unir nos forces – il n’y a pas un seul chef – et toujours se recentrer. Mon personnage, comme les autres, doit accepter de se dire : c’est un cauchemar mais il faut que je tienne ! J’ai donc essayé d’interpréter cela sans surjouer ni choquer.

Recréer aussi la même tension sur le plateau et à l’écran n’a pas dû être facile…

On a travaillé jusqu’à 9 heures par jour. À notre humble niveau, on a dû penser au fait que ces enquêteurs n’avaient pas le temps d’attendre. On a essayé de tourner le jour et la nuit afin de se mettre dans leur énergie et leur nervosité. De ne pas digresser, de comprendre, de se rapprocher au mieux de ces ressentis. Et ça se voit sur nos visages !

Est-ce l’un des vos rôles les plus énergivores ?

J’en suis ressorti éreinté. Mais l’histoire demandait ça. Tous les acteurs devaient le jouer comme cela. Ça m’a fragilisé mais aussi donné du courage – il n’y a pas de peur sans courage et vice-versa ! Quand je suis sorti de la première projo du film, j’étais paranoïaque. Je n’étais pas dupe, je savais que cela pouvait recommencer, mais je savais désormais ce qui se passait dans l’ombre quand de tels attentats surviennent : des tas de gens se mobilisent avec une conviction sans faille. C’est rassurant. On a tort de mettre tous les flics dans le même panier et de dire qu’ils ne font rien. Puis, il y a un témoin-clé, une civile, Samia (Lyna Khoudri), qui ose parler malgré le risque, le danger de mort. Cela rassure sur le fait qu’il y a encore de l’humain et une conscience.

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