Jane Birkin s’en va à l’âge de 76 ans

Jane Birkin au festival du film francophone d'Angoulême, le 27 août 2021 © AFP/Archives Yohan BONNET

Elle était l’Anglaise préférée des Français, une icône de mode et une voix teintée d’un délicieux accent. Jane Birkin est morte à l’âge de 76 ans, retrouvée sans vie dimanche à Paris, après avoir marqué de son empreinte la chanson et le cinéma.

L’information, donnée par le quotidien Le Parisien et la chaîne BFMTV, a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier.

« Parce qu’elle incarnait la liberté, qu’elle chantait les plus beaux mots de notre langue, Jane Birkin était une icône française », a écrit sur Twitter le président Emmanuel Macron.

Même éloge de la part de la Première ministre Elisabeth Borne qui a salué sur Twitter « une icône inoubliable qui a transcendé les générations ».

Cette Londonienne d’origine, naturalisée française, dont le nom est indissociable de celui de Serge Gainsbourg, avait récemment fait part de graves problèmes de santé qui l’avaient obligée à annuler des concerts.

Elle était apparue affaiblie en février lors de la dernière cérémonie des César, les récompenses du cinéma français, aux côtés de sa fille, l’actrice et chanteuse Charlotte Gainsbourg, qui lui avait consacré un documentaire en 2021 « Jane par Charlotte ».

« Il y a des célébrités dont on se dit +oh, elles ne seront probablement pas avec nous très longtemps+. J’espérais que Jane Birkin serait toujours là », a confié à l’AFP Jenny Hunt, brodeuse devant la maison rue de Verneuil où Jane Birkin a vecu avec Gainsbourg.

Jane Birkin a connu un succès mondial avec des chansons comme « Je t’aime… moi non plus », duo avec Gainsbourg en 1969 au parfum de scandale, « Jane B » la même année ou « Ex-fan des sixties » en 1978. Le public l’appréciait pour sa sensibilité, soulignée par le délicat accent britannique qu’elle a conservé toute sa vie.

« Éternelle dans nos cœurs »

« Inimaginable de vivre dans un monde sans ta lumière », a écrit sur Instagram le chanteur Étienne Daho, un des ses proches, qui a co-composé son dernier album, « Oh, pardon tu dormais… » (2020). Sheila, Patrick Bruel, Benjamin Biolay ont eux aussi salué sa mémoire.

« Quand on est aussi jolie, aussi fraîche, aussi spontanée, avec une voix d’enfant, on n’a pas le droit de mourir », a dit l’actrice Brigitte Bardot dans une déclaration transmise à l’AFP, saluant une artiste « éternelle dans nos cœurs ».

« Si drôle, si intelligente, si fragile, si généreuse, si tout! », a écrit sur Twitter le comédien Pierre Richard, qui forma avec elle, à l’écran, un couple souvent fantasque.

Le milieu de la mode saluait aussi dimanche la mémoire de celle qui a donné son nom à un sac de la marque Hermès, parmi les plus chers au monde. Le créateur de Balmain, Olivier Rousteing a évoqué la disparition d’une « icône », dont le style alternant entre bohème-chic et robes transparentes sexy servait d’inspiration à beaucoup.

Au cinéma, Jane Birkin a longtemps joué des petits rôles en commençant dans « Blow up » d’Antonioni, Palme d’or 1967, puis « La Piscine » avec Romy Schneider et Alain Delon en 1969, avant de s’affirmer avec des réalisateurs comme Agnès Varda.

Engagements

La relation avec Gainsbourg, qu’elle a connu sur un plateau de tournage en 1968, a été déterminante. Et a fait du couple un duo mythique du Paris des seventies, mêlant passion, glamour et scandales. Au point de voir aujourd’hui leurs deux prénoms repris par des marques de mode.

Jane finira par étouffer face à lui, enfermé dans ses excès qui se doublent parfois d’accès de violence. En 1981, elle fuit leur appartement, avec ses filles Kate et Charlotte, et refait sa vie avec le cinéaste Jacques Doillon, avec qui elle aura sa troisième fille Lou.

Longtemps après le décès de Gainsbourg en 1991, et en dépit d’épreuves dont la mort brutale de sa fille Kate, en 2013, puis une leucémie longue à guérir, elle a toujours chanté l’œuvre de Serge.

Jane Birkin était officier de l’Ordre de l’Empire britannique et, en France, commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Mais elle a refusé la Légion d’honneur en 1989, estimant que « seuls des héros » devaient la recevoir.

C’était sa façon de saluer son père, David, officier de la Royal Navy qui avait transporté des résistants de Grande-Bretagne vers la France pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui s’est éteint le jour des funérailles de Serge Gainsbourg.

« Aujourd’hui, nous perdons une icône totale dont l’accent pouvait aussi bien nous murmurer les hymnes d’une époque que défendre ses engagements sur la scène internationale: la solidarité, l’accueil des migrants, la lutte contre l’extrême-droite, la liberté », a salué la ministre de la Culture Rima Abdul Malak.

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