Jacques Tati, le Chaplin français

Jacques Tati, tout comme son personnage de M. Hulot, ne quittait jamais sa pipe © France 5/Gédéon Programmes/Les Films de Mon Oncle
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

Avant de devenir cinéaste, Jacques Tati (1907-1982) était un comique de music-hall, un sportif passionné et un acteur prodigieux. Ce vendredi à 22h05, France 5 dresse son portrait dans le documentaire «Jacques Tati, tombé de la Lune».

«Mon oncle», «Playtime», «Les Vacances de Monsieur Hulot», «Trafic», le réalisateur français a amusé et fait rêver toute une génération. Il inspire encore aujourd’hui de nombreux acteurs et comiques contemporains. De ses premières aventures sur scène jusqu’à son succès au cinéma, focus sur le parcours de Jacques Tati.

Music-hall

D’origine franco-russo-néerlando-italienne, le jeune Tati se présente comme un élève médiocre. Il abandonne ses études à 16 ans, mais se montre investi quand il s’agit de sport. Il pratique l’équitation, le tennis et se découvre un talent hors pair pour le rugby. Mais son plus grand plaisir réside dans l’humour. Il commence sa carrière au music-hall et met au point son premier numéro, «Impressions sportives», où il mime un tennisman, un gardien de but, un jockey ainsi qu’un boxeur. Il se fait connaître par le biais de spectacles amateurs organisés par le futur démographe et sociologue Alfred Sauvy. Il enchaîne les contrats et s’intéresse peu à peu au cinéma…

Cinéma et guerre

Les années 1930 sont génératrices de grands projets. Alors que sa carrière sur scène est un succès, il débute sur grand écran en tant qu’acteur avec «Oscar, champion de tennis» (1932), de Jack Forrester, et «On demande une brute» (1934), de Charles Barrois. Il expérimente la réalisation avec «Gai dimanche» (1935). Après sa mobilisation, il reprend le chemin des tournages en 1944 et, deux ans plus tard, réalise son premier film solo. Son court métrage «L’École des facteurs» forge sa carrière.

Monsieur Hulot

Peu à peu, Jacques Tati crée son propre univers cinématographique. La poésie burlesque ne le quitte pas. Son personnage emblématique de Monsieur Hulot le conduit vers le sommet. Grands types maladroits, arborant un parapluie et un chapeau sur la tête, pipe au bec, les deux hommes sont indifférenciables dans «Mon oncle», «Trafic» et «Les Vacances de M. Hulot».

Sa caractéristique ? Être un personnage muet dans le cinéma parlant, «un inadapté» selon son créateur. «La France a son Chaplin», écrivent les médias de l’époque.

Rowan Atkinson (Mr. Bean) s’est inspiré de lui pour ses rôles : «Ce que j’ai compris avec Jacques Tati et son personnage de M. Hulot, c’est que la comédie n’est pas une question de vitesse, mais de rythme. J’ai appris de lui qu’il ne faut jamais forcer le trait d’un personnage, mais le laisser évoluer dans chaque scène. Avec Tati, l’humour passait par son langage corporel. Il disait qu’on pouvait faire rire avec un seul mouvement de jambe. Pour peu qu’il soit amené au bon moment.»

Cet article est paru dans le Télépro du 27/1/2022

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