Jackie Chan, son combat d’une vie
Star mondiale pour son style à la fois pro et comique, et malgré un Oscar d’honneur en 2017, l’acteur cherche encore sa légitimité à Hollywood. Ce vendredi à 22h30, Arte dresse son portrait dans le documentaire «Jackie Chan : humour, gloire et kung-fu».
À l’instar des scénarios de ses films, la vie de Jackie Chan (67 ans) a été une lutte permanente. Acteur, cascadeur, réalisateur, scénariste et même chanteur – il est une pop star en Asie -, l’homme cherche pourtant une crédibilité aux USA. Comme son pote Stallone, ses prouesses physiques ne suffisent pas à faire de lui un comédien à part entière.
Sensible, timide et… inutile
Né en 1954 à Hong Kong, Chan Kong-Sang affirme très jeune sa singularité. Enfant de réfugiés de la guerre civile chinoise, il fait montre d’une énergie hors normes et est surnommé Pao-Pao (boulet de canon). Son père pratique avec lui le kung-fu, art martial qui exige patience et respect.
Son éducation se poursuit, dès 10 ans, à la China Drama Academy, où le garçon apprend une autre forme de lutte : s’imposer parmi ses condisciples en étant sensible et timide. Son aide envers un camarade timoré comme lui, lui vaut ses galons de meneur en plus de ses bonnes notes en acrobatie, chant et théâtre.
Membre des «Sept petites fortunes», un collectif de jeunes figurants sur des tournages locaux, Chan se découvre un goût prononcé pour l’action au cinéma. Mais un réalisateur cassandre le mine : «Tu es inutile. Laisse tomber…»
Pas le Bruce Lee n°2
C’était juste ce qu’il fallait dire à ce jeune entêté, décidé à être le meilleur dans son domaine ! Il tourne des films en Chine comme acteur secondaire et cascadeur. Le destin l’amène à rencontrer son idole, Bruce Lee, sur «La Fureur de vaincre» (1972).
Lors d’une «rixe», Lee blesse Chan au visage par accident et s’excuse à la fin de la prise. Il retient son nom et l’impose pour davantage de scènes dans «Opération Dragon» (1973). Sauf son respect envers la star, Chan refuse de devenir le nouveau Bruce Lee, lorsqu’il meurt à l’été 1973, et préfère imposer son style. Inspiré par les acteurs ayant marqué son enfance, Buster Keaton et Chaplin, rois de la gestuelle comique, Jackie pimente ses scènes d’action d’humour et introduit la comédie dans les films d’arts martiaux.
Stupide et honteux
Sa créativité paie, mais la médaille durement gagnée a son revers : certains cinéphiles et médias ne voient en lui qu’une caricature. «Hollywood m’a rejeté, m’a transformé en quelque chose de stupide et de honteux», écrit-il dans son autobiographie.
Chan doit attendre la fin des années 1990 et la saga «Rush Hour» pour conquérir le grand public, notamment américain. Mais à nouveau, les shows télé ne l’invitent que pour des démonstrations de kung-fu lui donnant l’impression d’être «un toutou dressé». En 2004, il confie à Variety son espoir de «devenir un véritable acteur» comme De Niro, Redford ou Dustin Hoffman, sa co-star de doublage dans «Kung Fu Panda».
En 2017, le cinéaste Martin Campbell change enfin son image avec le thriller «The Foreigner», où Chan donne la réplique à Pierce Brosnan. Vieilli pour le rôle, il se dit heureux : «Campbell m’a demandé de ralentir mes gestes et de ne plus être Jackie Chan. Je ne voulais plus jouer au maître chinois ni au flic de Hong-Kong. J’ai pu enfin me réinventer !»
Cet article est paru dans le Télépro du 11/11/2021
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