Interview et concours – Norman au grand écran (vidéo)
Le petit prince français du buzz vidéo déploie son talent au cinéma dans «Pas très normales activités», un film de l’ex-Robin des bois Maurice Barthélemy.
Avec les Cyprien, Hugo tout seul, Kemar… Norman Thavaud (son vrai nom), 25 ans, fait partie des Web-humoristes qui ont réalisé les plus grands buzz sur les blogs vidéo. Fin décembre 2012, sa chaîne YouTube atteignait le million d’abonnés tandis que l’ensemble de ses vidéos avaient été visionnées 140 millions de fois et que sa page Facebook rassemblait plus d’1,3 million de fans. Aujourd’hui, Norman passe au grand écran dans «Pas très normales activités» (en salles le mercredi 30 janvier 2013), un film de l’ex-Robin des bois Maurice Barthélemy, qui a remporté le Prix spécial du Jury au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez en janvier 2013. Norman nous parle de cette aventure.
Je suppose que vous êtes pas mal sollicité, notamment dans le milieu du cinéma, toujours propice à récupérer ce qui fonctionne ailleurs. Pourquoi avoir accepté ce projet-là en particulier ?
En fait, je suis un ultra-fan des Robins des Bois, depuis tout petit. Je refaisais avec la caméra de mon père des sketchs des Robins, que j’ai toujours quelque part d’ailleurs. Alors forcément, quand Maurice m’a appelé, j’étais vraiment content, surtout qu’à la lecture de son scénario, j’ai kiffé à 105%. Les autres projets qu’on m’a soumis jusqu’à présent, quatre ou cinq, n’étaient pas à la hauteur et n’avaient pas grand intérêt, alors que là, franchement, entre le film lui-même et le fait que ce soit Maurice aux manettes, j’avais toutes les raisons du monde de le faire.
Travailler avec Maurice aujourd’hui, est-ce une façon de lui renvoyer l’ascenseur, du moins de rendre hommage à son humour qui fait partie de vos références ?
Je ne sais pas si on peut parler de renvoi d’ascenseur car j’ai plutôt l’impression que c’est lui qui m’a beaucoup donné, à l’époque des Robins et aujourd’hui avec ce film. Maintenant, c’est clair que c’est un de mes mentors. J’ai pris ce hasard – le fait qu’il fasse appel à moi sans savoir à quel point il avait compté -, comme une espèce de bénédiction et un honneur.
«Je ne suis pas acteur, pas vraiment disons»
La rencontre a-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?
Complètement. Maurice est très authentique dans sa manière de faire et de penser, il n’est jamais superficiel. Dès qu’une discussion est entamée avec lui, elle est toujours artistique. Il est assez sûr de ses idées, de son humour et donc de son point de vue, mais il n’hésite pas à tout mettre en balance, voire à remettre en question des choses qui pourraient paraître trop figées. Depuis le buzz, j’ai rencontré pas mal de monde dans le milieu du cinéma et, honnêtement, Maurice est vraiment un des plus «vrais».
A-t-il été facile de trouver un équilibre entre votre personnalité et ce que Maurice a voulu y mettre, sans tomber dans la facilité d’un copié/collé de votre travail dans «Norman fait des vidéos» ?
L’avantage de mes vidéos, c’est que je n’y joue pas de personnage, je m’y présente comme je suis dans la vie. Comme Maurice est très ouvert et que j’ai été baigné notamment par son humour, ça a tout de suite collé. Il y a eu une vraie communion dans la façon de voir les choses mais aussi de procéder. Maurice me laissait toujours m’exprimer, j’ai ressenti une grande liberté d’action. Ça m’a mis à l’aise, ce qui n’aurait pas été le cas s’il m’avait par exemple demandé de jouer un personnage trop éloigné de qui je suis, ou trop carré, parce que je ne suis pas acteur, pas vraiment disons.
«Je me suis senti chez moi»
En plus, sa façon de tourner est proche de votre travail en vidéo : il travaille en plan fixe essentiellement avec son ou ses acteurs comme ligne de mire.
Oui, je me suis immédiatement senti chez moi, d’une certaine façon. C’est marrant, parce que Maurice savait très bien ce qu’il voulait, il avait une idée bien précise de chaque scène, du rythme, du découpage, mais il nous laissait évoluer à l’intérieur de ce cadre et nous approprier l’instant. Notamment en traduisant son texte dans notre vocabulaire.
Je suppose qu’un jeu dans le jeu s’est instauré entre lui et vous…
Complètement. C’est sans doute l’humoriste de sa génération que je connais le mieux et apprécie le plus donc ça fusait dès qu’il commençait à me jouer une scène, pour me faire comprendre dans quelle direction il voulait que j’aille. Je pouvais y répondre du tac-au-tac et on a eu, tous ensemble, une énergie communicative assez extraordinaire.
«Il n’est pas très malin et un peu raciste sur les bords»
Dans vos vidéos, vous parodiez un peu Monsieur Tout-le-monde avec pas mal d’autodérision. «Pas très normales activités» joue aussi sur les deux tableaux en étant une parodie et un film jouant sur les codes de la parodie. A-t-il été facile de construire votre personnage en y insufflant ce double sens de lecture ?
J’aime bien les situations qui ne sont pas unilatérales donc forcément ça n’était pas pour me déplaire. Me sentant proche de mon personnage, qui a le même âge que moi,vient du même milieu social, un peu plus hipster peut-être – mais c’est un truc que j’aime surjouer justement -, il m’était assez facile de le moduler, de lui donner de l’épaisseur et une certaine forme de décalage, propice à cette double lecture. Par ailleurs, ce personnage était aussi facile à moquer. Il n’est pas toujours très malin, est un peu raciste sur les bords. Aussi je me suis amusé à le mettre dans des situations dans lesquelles je pouvais aller à fond dans la dérision.
Vous êtes diplômé d’une école de cinéma et dans sa façon de procéder Maurice laisse un peu chacun être son propre metteur en scène. Le piège pouvait être de se retrouver avec un «Norman fait son film»…
Franchement, je ne me suis jamais posé la question car dès que j’allais trop loin, Maurice était là pour me remettre sur les bons rails. Et puis, je n’avais pas à inventer un propos mais à travailler autour d’un propos qui était le sien. Mon travail a été un travail de forme, le fond est de la matière 100% issue du cerveau malade de Maurice (rires)…
«Pas très normales activités», le pitch :
une maison isolée, un jeune couple, un vidéaste pervers, un muet. Le tout donnant lieu à des activités normales… mais pas très !
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