Ils n’ont pas voulu d’un second succès !

Katie Holmes, 43 ans, n’était pas disponible pour le second épisode de «Batman» («The Dark Knight») © Isopix

Des rôles et films culte font la gloire et la renommée d’acteurs et d’actrices, contribuant souvent à (re)lancer leur carrière. Mais beaucoup refusent de tourner une suite. À tort ou à raison ?

«Les Visiteurs», «Speed», «Les Dents de la mer», «Le Silence des agneaux»… : nombreux sont les longs métrages à avoir marqué le public, l’histoire du cinéma, leurs réalisateurs et ceux ou celles qui en resteront les héros pour la postérité. Ces événements n’ont pourtant pas empêché ces figures célèbres de renoncer à réenfiler le costume du succès. Enquête en coulisses.

Oubliez-moi !

Marlon Brando (1924-2004) et Robert Duvall, 91 ans, n’ont pas souhaité tourner respectivement «Le Parrain II» et «Le Parrain III». Richard Dreyfuss n’a pas voulu retourner au charbon sans Spielberg dans «Les Dents de la mer 2». Sean Connery (1930-2020), devenu père d’Indiana Jones dans le volet 3 de la saga, a refusé de réapparaître dans le quatrième et a même suggéré à Steven Spielberg de tuer son personnage !

Avec ou sans lui !

Destin identique pour Steven Hiller, campé par Will Smith dans «Independence Day» (1996). Pris par un agenda serré, l’acteur a si longtemps tergiversé que le réalisateur Roland Emmerich a décidé que la suite continuerait avec ou sans lui et, prévoyant, a écrit deux scénarios possibles. Après le refus définitif de Will, la production a donné à Hiller une mort héroïque. Après que Keanu Reeves a refusé «Speed 2», les studios de la Fox l’ont ignoré pendant dix ans. Pourtant, ses raisons étaient acceptables. «Si j’avais adoré le film original dans un bus infernal, je ne comprenais pas pourquoi le second allait se dérouler à bord d’un bateau de croisière !», avait-il confié.

Pas pour tout l’or du monde

Jodie Foster, 59 ans, choisit, elle aussi, ses films avec soin, évitant la prestation de trop. Renonçant à un cachet de 20 millions $, la star n’est pas redevenue Clarice Starling dans «Hannibal» (2001), suite du «Silence des agneaux» (1991), laissant à Julianne Moore (61 ans) le soin de se confronter à Anthony Hopkins. Will Ferrell, 54 ans, a également laissé passer un gros chèque de 29 millions $ en se détournant d’un second «Elf» (2003), classique américain de Noël dont le premier avait rapporté 223.000 $ de recettes. Sincère, il avait déclaré à l’époque : «Le pitch ne m’a pas plu. Et je n’avais pas envie de faire la promo d’une suite très moyenne.» L’instinct de Jim Carrey , 60 ans, l’amenant à refuser un volet 2 de «Bruce Tout-Puissant» (2003), lui a aussi évité un flop : la suite tournée avec Steve Carell (59 ans), «Evan Tout-Puissant», en 2007, a connu un échec critique. Quant à Daniel Radcliffe (32 ans), il a fait l’impasse sur le personnage de Harry Potter ! Pour le moment. «Je ne dirai jamais « jamais »», assure-t-il. «Mais les gars de « Star Wars » ont mis trente ou quarante ans avant de revenir…»

Pas de «Batman» pour Katie…

Pourquoi le personnage de Rachel Dawes, dans la trilogie «Batman» de Christopher Nolan, a-t-il changé de tête en cours de route ? Beaucoup de spectateurs se sont interrogés. Incarnée par Katie Holmes , 43 ans, dans le premier volet («Batman Begins», 2005), l’héroïne a été interprétée par Maggie Gyllenhaal, 44 ans, dans le second («The Dark Knight», 2008), considéré par les fans comme le meilleur de la saga. Les rumeurs ont longtemps évoqué une interdiction de Tom Cruise, son mari à l’époque, jaloux de Christian Bale. En réalité, l’actrice devait se consacrer au tournage d’un autre long métrage, «Mad Money», de Callie Khouri. C’est ballot ! «The Dark Knight» a rapporté plus d’un milliard de dollars de recette et fut le film le plus rentable de l’année 2008… Dans le métier, c’est ce qu’on pourrait appeler une erreur de casting !

Jusqu’au tribunal

Cas d’école à Hollywood : le refus de l’acteur Crispin Glover, alias George McFly, père de Marty (Michael J. Fox) dans «Retour vers le Futur», d’apparaître dans le reste de la trilogie a eu des conséquences surprenantes. Si les raisons de l’intéressé restent floues – selon les rumeurs, il aurait demandé un salaire faramineux, n’aurait pas aimé le scénario ou se serait montré mentalement instable -, la réaction de la production a été malhonnête. Furieuse de ne pouvoir réunir au complet le casting d’un tel blockbuster, elle a engagé un autre acteur, Jeffrey Weissman, mais l’a maquillé et lui a même fait porter un moulage du visage de Glover. Puis, dans certaines scènes, a inséré des séquences du premier volet, sans demander ni avis ni permission à Crispin Glover ! Celui-ci n’a pu que constater l’entourloupe sur grand écran : «J’ai poursuivi la production pour rétablir la vérité !» Il a réclamé aux studios 1 million de $ pour violation de son droit à l’image. Ceux-ci ont finalement dû lui verser 760.000 $. Ce procès a créé un précédent, interdisant aux studios d’utiliser l’apparence et la voix d’un comédien sans son consentement.

Splendeur et déception

En France, l’un des plus gros succès du cinéma, «Les Visiteurs» (1993), a laissé un goût amer à Valérie Lemercier (58 ans), alias Béatrice de Montmirail, et à Muriel Robin (66 ans) qui lui a succédé. Malgré le triomphe et un César du Meilleur second rôle, Lemercier a mal vécu le tournage : «Quand il a fallu adapter à l’écran mon personnage de grande bourgeoise, je me méfiais du rôle too much. Du coup, ce que je proposais n’était pas très haut en couleur. (…) Entre les scènes, l’équipe dînait sans moi, me séparant d’Isabelle Nanty dont je me sentais proche et quand la maquilleuse voyait débarquer Marie-Anne Chazel, elle s’exclamait : « Voilà enfin une femme drôle ! »…»

La déconvenue de sa remplaçante, Muriel Robin, fut encore plus intense : «Dans «Les Visiteurs II : Les couloirs du temps» (1998), j’ai été à ch… ! Une comédienne a besoin d’être désirée. Le metteur en scène Jean Marie Poiré ne me désirait pas. J’ai été très malheureuse et je me demande aujourd’hui pourquoi j’ai fait ce film !»

Petits arrangements entre amis

D’autres suites, d’abord ouvertement déclinées par les acteurs principaux, ont finalement vu le jour sous une forme à peine déguisée. Après le succès de «La Boum» (1980) et «La Boum 2» (1982), Sophie Marceau , 55 ans, n’a pas voulu redevenir Vic Beretton une troisième fois, craignant qu’on l’associe définitivement à cette héroïne. Le réalisateur Claude Pinoteau a accepté son choix. Mais a continué de travailler avec elle en tournant «L’Étudiante» (1988)… Sur un ton amusé, Pierre Cosso – qui jouait son petit ami dans le second volet – avait déclaré : « »La Boum 3″ existe ! Elle s’intitule « L’Étudiante », en français, mais dans beaucoup d’autres pays, elle est sortie comme une suite !» À Hollywood non plus, il ne faut pas dire «Fontaine, je ne boirai pas de ton eau». En 1986, après le triomphe mondial de «Top Gun», le réalisateur Tony Scott voulait une suite. Le jeune et ambitieux Tom Cruise, 60 ans, refusa. Pas question qu’on lui colle à vie l’étiquette d’aviateur. Et pourtant… Trente-six ans plus tard, la tête brûlée est de retour. Tony Scott étant décédé en 2012, c’est le cinéaste Joseph Kosinski qui a su persuader Cruise de remettre son casque de pilote dans «Top Gun : Maverick»…

Cet article est paru dans le Télépro du 14/07/2022

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici