Hyphen Hyphen : «On voit un peu notre album comme une série Netflix»

Hyphen Hyphen : «On voit un peu notre album comme une série Netflix»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Après avoir sorti leur deuxième album «HH», le trio Hyphen Hyphen l’a présenté au public des Solidarités de Namur le week-end dernier. Le groupe a livré un show énergique, rythmé par sa générosité, sa proximité et sa folie inégalable.

Nous les avons rencontrés pour parler de leur opus audacieux dans lequel se mêlent de nombreux styles musicaux influencés par les plus grands noms de l’industrie musicale…

Venir aux Solidarités de Namur et chanter devant des milliers de Belges, ça vous fait quoi ?

On est tellement contents et heureux d’être là. Ça fait un moment que l’on attend cette date. Le tout est génial : le festival, l’endroit, on adore Namur ! La première fois que l’on a joué en Belgique, c’était au Belvédère justement ! On a une vraie relation amoureuse avec la Belgique, on hésite même à venir emménager ici (rire).

On a tendance à vous classer dans la musique pop/électro, pourtant votre style semble être assez singulier, unique et propre à votre groupe…

On ne crée pas de la musique en se disant on va faire «cela ou cela», on écrit la musique que l’on aime. Maintenant, je pense qu’avec internet, les gens ont tous un peu explosé. C’est pour cela que l’on essaye de trouver de la musique dans la musique, chose qu’il n’y a plus assez !

On ne parle pas souvent de la production d’un album, pourtant sur «HH» vous avez tout fait vous-mêmes, à trois. Approximativement combien de temps avez-vous pris pour réaliser ce deuxième opus ?

Oh, une vie (rire) ! Non, finalement on a été assez vite ! On a été vite dans la composition mais on a mis tellement de temps à produire ! On voulait des productions avec des sons très larges et hyper américains. Tout cela, on a dû le faire nous-mêmes, ça a pris un temps de fou.

L’album regorge de surprises, notamment avec le titre «The Way to Stay » qui vient un peu contrebalancer tout le reste du disque en étant beaucoup moins électro et plus calme. Est-ce important pour vous de surprendre vos fans en allant là où on ne vous attend pas ?

Tout le temps, mais on veut même se surprendre entre nous. D’arriver à nous surprendre nous-mêmes, je pense que le fun est là ! C’est aussi la force d’écrire à trois. Après, cette chanson a une résonance particulière. On s’adresse à une entité qui est indéfinissable, et en même temps on l’a fait à Nice dans ce que l’on appelle «le studio», on s’est remis à jouer dans les mêmes conditions que lorsque l’on était tout jeunes. On voit un peu notre album comme une série Netflix et on adore proposer des petites surprises comme cela. On aimerait bien faire un film de chaque titre pour mettre en perspective les chansons et les faire vivre d’une autre manière.

Un autre titre interpellant sur l’album est «Last Call», un titre nous faisant fortement penser à l’univers de Michael Jackson…

Oui, totalement et c’est assumé ! On est obsédé par cette icône ! Sa manière de transcender sa musique, son image en créant des concepts qui ont ouvert des voies à plein d’artistes. «Last Call» est une chanson où l’on est un peu arrogants dans un univers sombre. Ça traite un peu d’histoires d’amour avec beaucoup d’ironie comme quand tu appelles ton ex bourré et que tu as envie d’être un peu méchant.

Sur «Kiss you», on peut entendre une voix à la Kesha, un son limite RnB, le tout dans un univers très sombre… Voulez-vous montrer que rien ne vous arrête et que vous osez tout dans vos compositions ?

Complètement. C’est notre petit péché, on adore le RnB des années 90. C’est la musique qui nous a bercé quand on était gosses. On est nés en 93 donc complètement au milieu de cette vague-là. On adore mettre ce genre de musique en soirée et on avait envie de proposer un son comme cela en DJ Set car on en fait pas mal. D’ailleurs, c’était le dernier morceau que l’on a composé pour l’album !

«Higher» nous a fait penser à l’univers du premier album d’Alice and the Roof avec ce son très léger et envoûtant… Aviez-vous l’envie de commencer l’album énergiquement et de le terminer harmonieusement et sereinement ?

Oui, je pense que c’est une petite note d’espoir, d’amour… En fait, l’album peut dépeindre une forme de jeunesse un peu perdue qui passe par toute les phases, un peu paumées dans tout ce monde qui est un peu déroutant. Je pense que c’est générationnel, chacun a ses enjeux, nous c’est «l’egocentrisme Instagramique» (rire) et on se retrouve avec quelque chose d’assez réel qui est ce rapport humain de face à face. «Higher», c’est un peu une déclaration d’amour où l’on dit que nous pouvons aller plus loin ensemble.

Il n’y a que 11 titres sur l’album…

Oui, on en a marre des albums à 25 titres qui n’ont qu’une seule recette. Pour moi, c’est une espèce de machine à laver. On aurait pu le faire parce qu’on a écrit énormément de morceaux mais le tri s’est fait tout seul parce que l’on voulait qu’il n’y ait rien à jeter. L’album doit être un instant où tu ne t’ennuies pas pour que tu puisses l’écouter d’une traite et en même temps que tu puisses n’écouter qu’un seul titre pour que tu puisses le mettre dans une playlist.

Pour l’instant, vous restez dans un registre en anglais, aura-t-on un jour des titres en français ?

C’est possible, il ne faut jamais dire jamais ! Avant, on disait toujours « non, non et non » mais maintenant, c’est possible d’imaginer… Ce ne sera peut-être pas une chanson entièrement en français, mais c’est tout à fait envisageable. Je n’aime pas trop comment ma voix sonne en français (NDLR, propos émis par Santa, chanteuse du trio). Il y a aussi une forme de pudeur entre nous.

Vous n’avez réalisé aucun featuring pour l’instant, êtes-vous contre cette démarche de collaborations ?

Non pas du tout, c’est une chose que l’on pourrait faire ! Nous cherchons les bonnes collaborations, celles qui peuvent créer quelque chose de beau ! Dans cet album, à trois, on y a vraiment mis notre alchimie. C’était difficile d’inclure quelqu’un d’autre sur cet album-là. Après, c’est possible qu’il y ait des featurings par la suite, peut-être même pour une réédition. J’aimerais bien faire un featuring à l’étranger, peut-être pour nous faciliter notre ouverture à l’international. Il y a vraiment des artistes que l’on admire !

Vous travaillez à trois, vous composez à trois, vous performez à trois… Avez-vous des moments où vous êtes en désaccord ?

Il y en avait sur des petits détails qui ne bloquaient pas la création. C’était des désaccords qui aidaient aussi parce qu’au final, on voyait tous dans la même direction.

Vous composez un peu chacun de votre côté, avez-vous des procédés anecdotiques pour créer ?

On compose chacun de notre côté, comme des producteurs effectivement. C’est assez complexe parce que l’on travaille un peu comme des rappeurs américains. On se propose ce que l’on appelle des « prods », moi (NDLR, Santa) je chante dessus. Enfin, s’il se passe quelque chose, la magie opère. Pour te répondre, je pense que chaque titre est une anecdote en soi parce qu’ils racontent des moments de nos vies.

Depuis vos premières performances, vous partagez toujours autant avec le public, vous ne perdez pas vos valeurs de générosité, de solidarité et de cohésion…

Ah non, on vient de la scène ! On a tellement le désir de partager cet album que l’on a envie de le faire résonner encore plus fort, d’où la raison de notre venue ici.

Vous serez à l’Ancienne Belgique le 25 octobre, que réservez-vous au public qui vous attend pour cette date ?

On réserve le meilleur show possible. On a une scénographie qui est de plus en plus grandissante et on a envie de proposer le plus beau concert possible. L’Ancienne Belgique, c’est une de nos salles préférées puisque l’on y est déjà passé ! Cette date, c’est l’un de nos meilleurs souvenirs de la tournée précédente et on a envie de renouveler l’exploit !

Entretien : Olivier Desmet

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