Certains artistes aiment Noël, d’autres non. Mais tous sont d’accord sur un point: sortir des tubes qui fichent les boules ramène énormément de pépettes sous le sapin.
Des 45 tours de Tino Rossi, l’album de Mireille Mathieu chantant avec sa famille, en passant par les standards de Dean Martin ou Sinatra, Noël a toujours été fêté en chansons. De nombreuses stars ont sorti des hits de circonstance, certains inattendus, d’autres plus convenus : «Noël Interdit» et «Mon plus beau Noël» de Johnny Hallyday, «La Fille du Père Noël» de Jacques Dutronc, «Wonderful Christmas Time» de Paul McCartney et «Happy Xmas (War is Over)» de son collègue John Lennon, «Blue Christmas» d’Elvis Presley. Et parmi les plus récents : «A Very Gaga Holiday» de Lady Gaga, «Merry Christmas» revu par Ed Sheeran et Elton John, «The Christmas album» d’Axelle Red… Sans oublier les classiques incontournables : «Last Christmas» de Wham ! et «All I Want for Christmas Is You» de Mariah Carey.
Un amour inné
Même les jeunes chanteuses adoptent la rengaine des fêtes de fin d’année. Taylor Swift, 33 ans, a sorti un album dès 2007, «Sounds of the Season». Un succès ! La star dit apprécier la période des guirlandes lumineuses depuis sa plus tendre enfance. «J’ai un amour inné pour la saison des fêtes, j’ai eu la chance de grandir dans une ferme de sapinières en Pennsylvanie !», a-t-elle confié sur Twitter. «Ce lieu a cimenté en moi ce niveau d’excitation contre nature à propos de l’automne et de l’hiver. Beaucoup de mes amis en ont marre que je leur parle de cette saison ! Ils me demandent si je suis une sorte d’elfe !»
La fille du Père Noël
Une autre native d’un territoire où l’on célèbre Noël en grande pompe – le Maine -, Anna Kendrick, 37 ans, s’est aussi attachée à le chanter. L’actrice connue pour le rôle de Jessica dans la saga «Twilight» a de la voix. Elle a été nominée pour un Tony Award à l’âge de 12 ans pour la comédie musicale «High Society» (1998). La star a ensuite enregistré un air «spécial fêtes de fin d’année» en 2015, pour la B.O. du film musical «Pitch Perfect 2» : «Winter Wonderland – Here Comes Santa Claus». Anna y chante en duo avec le rappeur Snoop Dogg ! L’an passé, un remix de leur collaboration est même devenu viral sur TikTok. En 2019, Kendrick a aussi tenu à tourner «Noelle», pour Disney+… Elle y incarne la fille de Santa Claus, bien décidée à succéder à son illustre père. «J’aime cette période, les décorations…», confesse-t-elle à Variety. «Certains se plaignent de cette saison qui commence de plus en plus tôt, mais moi, je trouve ça génial !» Pourquoi pareil enthousiasme ? «J’ai grandi à Portland, dans le Maine, dans un décor de carte postale ! Et mon père, William, professeur d’histoire, travaillait le soir en tant que Père Noël à la foire locale annuelle. Sa barbe blanche était réelle !»
Santa Claus et Saint Graal
Le tour de force de tous ces interprètes d’un jour ou de toujours est de savoir vendre des hits aussi originaux que… ringards ! Mus par la passion ou par les millions, ils savent que le business de fin de saison sera d’emblée lucratif. «Le Saint Graal pour tous les musiciens est une chanson populaire, (…) un cadeau qui continue de les gâter chaque année», remarque le critique de The Express, Stefan Kyriazis. Bien qu’il soit difficile de faire toute la lumière sur la teneur de ces présents, la Performing Right Society (PRS, équivalent de la Sabam) se taisant dans l’intérêt de la protection de la vie privée de ses artistes membres, Channel 5 a mené une enquête exclusive en 2016, estimant les recettes pour chaque année, rien qu’au Royaume-Uni, de Mariah Carey («All I Want for Christmas Is You») à 400.000 €, ceux du cultissime «White Christmas» de Bing Crosby (hit que le petit McCaulay Culkin mime en playback, peigne en main en guise de micro, dans «Maman, j’ai raté l’avion» !) à 328.000 €. Viennent après : «Last Christmas» de Wham ! avec 300.000 € et «Wonderful Christmas Time» de Paul McCartney avec 260.000 €. «C’est un excellent moyen de gagner de l’argent !», note le journal Vox.com. «Créer un album composé uniquement de classiques, comme l’a fait Mariah Carey, peut même être une étape gagnante dans une carrière. Il lui garantit des revenus durant des décennies !»
Rien que du rêve
Ce n’est cependant pas ce que veut retenir l’acteur Bill Nighy de son amusante expérience dans «Love Actually» (2003), comédie romantique qui célébrera bientôt ses 20 ans. Nighy y a joué un vieux rockeur tentant de faire mouche dans les charts avec une adaptation de «Love Is All Around», tube de 1967 repris par Wet Wet Wet dans les années 1990 : «Christmas is All Around». Le film a fait un carton, la chanson aussi.
Mais le comédien pense surtout à son aventure artistique : «Au départ, nous avons juste créé ce remix pour donner une note comique à ce récit plein d’émotions ! Mon personnage et sa chanson interviennent toujours entre deux scènes beaucoup plus romantiques. C’est un bon équilibre !» Il a tellement aimé donner de la voix qu’il a remis ça, dix ans plus tard, pour le dessin animé «Arthur Christmas (Mission Noël)».
Et pour preuve de son désintéressement, tous les bénéfices de la B.O. ont été versés à l’association Starlight (équivalent de Make A Wish) qui exauce les souhaits d’enfants malades. «J’ai enregistré « Make Someone Happy » dans la salle des Beatles aux studios d’Abbey Road. Si on m’avait dit ça quand j’étais petit, j’aurais ri ! Donc, ce rêve devenu réalité, c’est plutôt cool.» Preuve qu’à Noël, tout peut arriver !
Un tube ou un pull…
Certains tubes de Noël ne sont pas les seuls à sublimer le ringard. Le pull moche est aussi devenu une tradition ! Et un business autant qu’un divertissement.
Il semble que le film «Le Journal de Bridget Jones» ait lancé la mode en 2001 ! On y voit l’héroïne (Renée Zellweger) portant un pull tricoté par sa mère et où figure un bonhomme de neige avec une écharpe cousue en relief. Elle y rencontre Mark Darcy (Colin Firth), lui aussi affublé d’un chandail fait main, décoré d’une splendide tête de renne. Comme le note USA Today : «Les anthropologues pourraient désigner Colin Firth et ce terrible habit comme le début de l’engouement pour les pulls de Noël laids !» Et la réalisatrice de la saga, Sharon Maguire, de confirmer : «On a consacré beaucoup de temps à trouver le pull le plus adéquat et le plus mémorable ! Mark Darcy étant, au début du récit, un type fier et constipé, on avait besoin d’un truc totalement ridicule pour contrebalancer sa vanité. (…) C’est le renne à nez rouge de clown qui l’a emporté !»
Mais l’équipe n’était pas au bout de ses peines : «Les premières versions étaient trop petites, trop subtiles, les yeux pas assez idiots, les cornes pas assez grandes. Ça devait aussi fonctionner pour la caméra !» Cette pièce-culte réapparaît même dans le troisième opus de la saga : «C’était un rappel du message selon lequel vous ne pouvez pas rationaliser l’amour. Il est fou, stupide mais seul maître à bord !» Il est également aveugle, en matière de mode…
Cet article est paru dans le Télépro du 22/12/2022.