La star qui a incarné figures historiques et monarques est aussi une reine à sa façon. Celle de la franchise et de la ténacité. Ce mercredi à 22h30, Arte diffuse le documentaire «Helen Mirren, une actrice royale».
Dame Helen Mirren, 78 ans, commandeur de l’Ordre britannique pour ses contributions au théâtre classique, actrice multi récompensée (Golden Globe pour «Elizabeth I», Oscar pour «The Queen» où elle est Elizabeth II), cache derrière son allure altière de nobles combats.
Trop pulpeuse
«La pire réflexion que j’ai eue, jeune, est : «Tu ne seras jamais actrice, tu te marieras et seras mère». Je suis ouverte aux conseils, mais je ne veux pas en écouter certains !», dit Helen Mirren à Harper’s Bazaar au sujet de sa carrière.
Née Ilyena Vasilievna Mironov, descendante d’aristocrates russes exilés en Angleterre, elle s’est forgé un caractère trempé en grandissant dans l’East End, quartier pauvre de Londres, et en ignorant les clichés liés à sa blondeur.
Membre de la Royal Shakespeare Company, elle débute à l’écran dans le sexy «Age of Consent» en 1969. Cela lui vaut une interview dérangeante, six ans plus tard, sur la BBC, où un journaliste lui demande : «Vos attributs physiques vous empêchent-ils d’être une actrice à succès ?» Outrée par ce sexisme, la star ne se démonte pas : «Parce que les actrices sérieuses ne peuvent pas avoir de grosses poitrines, c’est cela ? J’espère que le public surmonte des réflexions aussi ennuyeuses !»
Lame de fond
C’est avec la série télé «Prime Suspect» qu’elle casse son image à l’orée des nineties : «L’héroïne, Jane Tennison, est très innovante, ce n’est ni une féministe de manuel d’histoire ni une fille-fille. Elle est ambitieuse et, à bien des égards, se comporte comme un homme. Ce qui exige autorité et courage !»
Helen en a aussi et s’installe durablement au 7e art, après des années 1970 et 1980 très rudes pour les comédiennes. «La situation a changé, le paysage est si excitant, tellement plus intéressant», confie-t-elle à Filmcomment.com. «Les rôles sont bien meilleurs. Avec #MeToo, il y a eu une lame de fond. Je ne peux pas croire que cela ait pris tant de temps, mais c’est enfin là !»
Libérée des diktats, la voix off goguenarde du film «Barbie» se réjouit aussi de sa maturité. «C’est un grand soulagement de se savoir exemptée de la nécessité d’être une jolie jeune chose.» Majestueuse réflexion.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/8/2023
