Glenn Close : l’art de la transformation

La star dans « Liaison fatale » (1987) © DR

Avec ses choix de rôles forts et étranges, celle qui a été nommée huit fois aux Oscars sans jamais en décrocher un, tient à sa singularité. Ce lundi à 22h55, Arte diffuse le documentaire « Glenn Close – L’Art de la transformation».

À 78 ans, dont cinquante de carrière au théâtre, à la télé et au cinéma, Glenn Close a tout de suite démarré avec le marquant « Monde selon Garp », en 1982, où elle est une infirmière féministe décidée à faire un enfant seule et rester célibataire. Mais c’est en 1987 que le grand public la remarque dans le rôle d’Alex Forrest, inquiétante séductrice de « Liaison fatale » qui harcèle son amant (Michael Douglas), homme marié et père de famille, jusqu’à mettre tout le monde en danger. Par la suite, l’actrice a continué de collectionner des personnages tenant en haleine les cinéphiles, et des performances exceptionnelles qui lui ont valu le titre de « l’une des plus grandes actrices de notre époque », décerné par le magazine Vanity Fair.

Être à part

Peut-être ces interprétations sont-elles dues à sa jeunesse malmenée dans une secte, le MRA (Réarmement Moral) que ses parents ont rejointe quand elle avait 7 ans, en 1954. Sortie de là, en 1970, pour se consacrer au théâtre, Close avoue : « J’avais l’impression, et je pense que c’est toujours le cas, d’être à l’écart ». Mais cette existence l’amène à apprécier l’introspection et la psychologie, dont celle de ses personnages. Glenn tient à les connaître à fond, passer au-delà des préjugés, trouver leurs failles et montrer qu’une attitude a priori bizarre cache maintes souffrances.

L’avis des psys

Après avoir reçu le scénario de « Liaison fatale », l’actrice demande à deux psychiatres de le lire et d’en discuter. Elle fait de même pour « Albert Nobbs » (2011), où elle incarne une femme travestie en homme afin de trouver un travail de majordome dans l’Irlande pauvre du XIXe siècle. Elle aura mis trente ans à persuader les producteurs de proposer ce récit dérangeant à l’écran. « Tout le monde ne triomphe pas dans la vie. On devrait savoir que des gens se battent contre les autres mais aussi contre eux-mêmes », avance-t-elle dans Variety. « Dans le 7e art, même si on aime les bons, les méchants, l’action, le sexe, il y a aussi de la place pour des héros parfois difficiles à cerner. » Et délicats à interpréter, exigeant des transformations spectaculaires.

Zones grises

L’artiste préfère considérer son métier comme de l’artisanat privilégiant l’humanité pour explorer les zones grises de l’existence : « C’est là que nous vivons tous. Personne n’a entièrement raison ou tort, rien n’est ni tout noir ni tout blanc. Chacun cache ses véritables sentiments. C’est de là que vient ma fascination pour des anti-héroïnes quelques fois hostiles mais authentiques. » Glenn Close, consciente de ne pas avoir une physionomie pour jouer dans des « rom coms », s’est ainsi concentrée sur Patty Hewes, redoutable avocate de la série « Damages », sur l’intrigante marquise de Merteuil des « Liaisons dangereuses » ou sur Cruella d’Enfer qui veut la peau, ou plutôt la fourrure, des « 101 dalmatiens ».

Plaisir de choquer

Bien sûr, les propositions artistiques de la star n’ont pas toutes attiré les foules. Elle n’en a jamais pris ombrage, préférant surprendre le spectateur plutôt que de lui plaire à tout prix. Et conclut : « Quand un de mes films choque tout le monde, je suis contente ! Je ne veux pas que le public adhère seulement aux fictions formatées et devienne paresseux. Il doit se poser des questions pour rester tolérant. »

Cet article est paru dans le Télépro du 10/4/2025

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