Gershwin le magnifique

George Gershwin était un autodidacte timide, mais sûr de son génie. Il disparaît à 38 ans. © Getty Images

Dans le New York des années 1920, George Gershwin a renouvelé la bande-son du rêve américain, en mariant jazz et musique classique. Retour sur la carrière fulgurante du compositeur, à l’occasion de la diffusion ce dimanche à 18h40 sur Arte du concert «George Gershwin : An American in Paris».

George Gershwin est né à Brooklyn le 26 septembre 1898, l’année où New York, fin prête à entrer dans le XXe siècle, double sa superficie et intègre ce quartier populaire à l’occasion d’un nouveau découpage administratif. En puisant ses influences dans le melting-pot de Big Apple, puis en faisant sauter les verrous séparant chanson, jazz et classique, le compositeur invente la partition musicale de l’Amérique moderne. Sa vie elle-même, celle d’un self-made-man aussi talentueux qu’ambitieux, a des airs de comédie musicale.

Le piano d’abord

Né dans une famille d’émigrés russes arrivés aux États-Unis en 1895, le petit George préfère s’égarer dans les rues de New York plutôt que d’aller à l’école. Lorsque ses parents achètent un piano à son frère Ira, de deux ans son aîné, son existence bascule : il adopte l’instrument pour ne plus le lâcher jusqu’à sa mort, en 1937.

À 15 ans, il occupe un emploi de pianiste chez un éditeur musical, à Broadway, où prospère l’industrie du spectacle. Également compositeur, il signe son premier tube à 19 ans avec la chanson «Swanee», interprétée par Al Jolson. Un futur standard qui en annonce beaucoup d’autres : «Rhapsody in Blue», «Embraceable You», «They Can’t Take That away from Me», «The Man I Love» et le plus immortel de tous, tiré de «Porgy and Bess», «Summertime».

Euphorie créatrice

Le succès est fulgurant pour George Gershwin qui, dans l’effervescence culturelle des années 1920, travaille en hyperactif. Épaulé par son frère Ira, qui écrit ses textes et livrets, il compose des centaines de chansons, des concertos, un opéra, des partitions pour des comédies musicales. Il arrange, orchestre et joue lui-même du piano sur scène. Il voyage aussi. La France lui inspire la partition d’«Un Américain à Paris», où il ose intégrer des klaxons de taxis à l’instrumentation symphonique.

Novateur !

Sa musique est insolente, euphorique et novatrice, comme cette jeune Amérique où poussent les gratte-ciel. Star internationale, dandy mondain solitaire et parfois excentrique façon Gatsby, Gershwin s’inquiète pourtant de la postérité de son œuvre. Une tumeur au cerveau l’emporte en juillet 1937, alors qu’il travaille à Hollywood sur la musique du film «L’entreprenant M. Petrov», avec son vieil ami Fred Astaire. George Gershwin meurt prématurément, mais son œuvre bientôt centenaire est toujours jouée. À New York, depuis 1983, la plus grande salle de spectacle de Broadway porte le nom de ce génie éternel.

Dimanche, sur Arte, l’Orchestre de la Scala de Milan le met à l’honneur en interprétant deux de ses œuvres majeures : «Catfish Row» et «Un Américain à Paris».

Texte : Stéphane DESCHAMPS

Cet article est paru dans le Télépro du 1/9/2022

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