Georges Brassens, dessus dessous

Le poète laisse derrière lui des chefs-d'œuvre de la chanson française © RTBF/Comic Strip Production
Giuseppa Cosentino Journaliste

L’artiste aurait eu 100 ans le 22 octobre…

 Quarante ans après sa mort, ses airs résonnent encore… De «La Mauvaise réputation» au «Gorille», en passant par «Les Copains d’abord» ou «Les Amoureux des bancs publics», le chanteur conte à son public des bribes de sa vie, jetant sur le monde son regard incisif. Ce mardi à 22h10 sur La Trois, le documentaire «Le Regard de Georges Brassens» lui rend hommage.

Rime avec… crime

Son père, maçon, lui transmet sa liberté de pensée. Sa mère, fervente catholique d’origine napolitaine, le goût de la tarentelle. Dans la maison familiale à Sète, on chante toute la journée. Mais pas de la musique classique, Georges lui préfère encore le «bruit du rasoir électrique»… Il s’essaie très jeune à la mandoline, puis à la guitare et la batterie.

Seule ombre au tableau : l’école. Indiscipliné, il est mauvais en tout, sauf en gymnastique. Son professeur de français, Alphonse Bonnafé, lui fait néanmoins découvrir la poésie. Une révélation !

Mais, à cette époque, l’adolescent a de mauvaises fréquentations. À 18 ans, il se retrouve impliqué dans des histoires de vol qui le condamnent à six mois de prison. Cet épisode est raconté dans «La Mauvaise réputation». Ses parents, humiliés, l’envoient l’année suivante à Paris, chez tante Antoinette.

Humble poète

Il y apprend le piano et compose ses premiers vers tout en travaillant comme ouvrier à l’usine Renault. Mais la guerre gronde. En mars 1943, le poète est réquisitionné pour le Service de travail obligatoire près de Berlin. Il chante ses textes devant son premier public : les prisonniers de guerre.

Lorsqu’il obtient enfin une permission, il se cache à Paris, chez Jeanne, la voisine de sa tante, en attendant la fin de la guerre. Son rêve en 1945 : devenir parolier. Mais il peine à trouver des interprètes. Malgré son trac fou – qui ne le quittera jamais -, il affronte les cabarets. À l’été 1952, il est repéré. Son franc-parler est un succès !

Sa poupée

À 26 ans, il rencontre Joha Heiman, une Estonienne de dix ans son aînée, qu’il nomme «Püppchen» (petite poupée, en allemand), mais qu’ils orthographient avec un seul «p», référence malicieuse à «petit pet». C’est d’ailleurs ce nom qui figure sur la tombe qu’ils partagent. Ils ne se sont jamais mariés, n’ont pas eu d’enfants et n’ont jamais vécu sous le même toit. Il dédiera «Je me suis fait tout petit» à son éternelle fiancée.

Les animaux d’abord !

Quand il ne soulève pas négligemment des haltères de 100 kilos pour impressionner ses amis, Brassens s’occupe des chats et chiens errants de son quartier, mais aussi buse aveugle, singe et perroquet, qu’il filme avec tendresse. Son dada : inscrire leur nom, date de naissance et de mort sur les murs de sa chambre. Il fait de même avec ses proches…

Il avait promis à Lino Ventura que «ses amis seraient morts avant lui». Ce à quoi ce dernier avait rétorqué qu’il «mangerait des pâtes à son enterrement». Un cancer de l’intestin sonne le glas du chanteur le 29 octobre 1981, à tout juste 60 ans. L’histoire ne dit pas ce que son copain mangea vraiment ce jour-là…

Cet article est paru dans le Télépro du 14/10/2021

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