Gene Tierney, star à l’aura oubliée
Ce lundi, Arte consacre une soirée spéciale à Gene Tierney (1920-1991), l’héroïne envoûtante du film «Laura» (à revoir dès 20h55).
Son nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, dans les années 1940, sa beauté saisissante et son jeu, tout en subtilité, firent d’elle une étoile montante de l’âge d’or hollywoodien. «C’est la plus belle femme de l’histoire du cinéma !», proclame Darryl F. Zanuck, patron du Studio 20 th Century Fox. Mais «derrière le masque de sa beauté percent aussi ses fêlures», déclare son admirateur Martin Scorsese au fil du documentaire d’Arte (22.20). Si Gene Tierney connut un succès fulgurant, ses drames personnels le furent tout autant.
Mademoiselle, vous devriez…
Née en 1920 à Brooklyn dans une famille aisée, la petite Gene profite d’une enfance heureuse. Elle fréquente les meilleures écoles, d’abord dans le Connecticut puis en Suisse, où elle apprend le français. Son passe-temps favori est l’écriture en vers, qu’elle cultivera tout au long de sa vie. Au cours d’un voyage avec ses parents, alors qu’elle visite les studios Warner Bros, le réalisateur Anatole Litvak lui lance : «Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma !». Une exhortation qui deviendra le titre de ses mémoires. Et surtout, qui changera sa vie.
Faire du cinéma !
À 17 ans, l’adolescente se rêve en star d’Hollywood ! Au grand dam de sa famille, elle débute à Broadway où elle est repérée pour tourner un western avec Henry Fonda, «Le Retour de Frank James» (1940). Lors du tournage, le réalisateur Fritz Lang lui apprend… à fermer la bouche. La jeune femme de 20 ans ayant toujours refusé de se refaire les dents, qu’elle a «très légèrement en avant». En tout, elle tourne 34 films, sans jamais s’enfermer dans un type de rôles : douce Martha dans «Le Ciel peut attendre» (1943), beauté énigmatique dans «Laura» (1944) – son plus grand rôle ! – ou inquiétante psychopathe dans «Péché mortel» (1945), qui lui vaudra une nomination aux Oscars. Mais, bientôt, le destin la rattrape.
Le miroir se brisa
Après une séparation douloureuse avec son mari, le couturier Oleg Cassini, et la naissance, en 1943, de leur fille prématurée et handicapée mentale (l’actrice ayant contracté la rubéole durant sa grossesse dans des circonstances qui auraient inspiré le roman d’Agatha Christie, «Le Miroir se brisa», en 1962), Gene multiplie les séjours en psychiatrie et les traitements aux électrochocs. Elle aura néanmoins une seconde fille en 1948, avant de divorcer pour de bon.
Entre-temps, elle connaît des idylles malheureuses, notamment avec John F. Kennedy et Ali Khan, prince aux nombreuses conquêtes… En 1953, au sommet de sa dépression – au détriment de la gloire –, elle abandonne son rôle dans «Mogambo» à Grace Kelly, qui se fiance… à Cassini ! De son côté, Gene se remarie à un baron du pétrole texan et se fait plus rare dans le showbiz. Souffrant d’un emphysème pulmonaire, l’inoubliable «Laura» rend son dernier souffle en 1991, à l’aube de son 71 e anniversaire. Et dire qu’elle avait commencé à fumer afin de «rendre sa voix plus grave»…
Cet article est paru dans le Télépro du 22/2/2024
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