Funérailles grandioses pour DJ Arafat, star ivoirienne du coupé-décalé
Les fans du chanteur ivoirien DJ Arafat, star du « coupé-décalé » décédée accidentellement le 12 août, s’apprêtaient vendredi à rendre un hommage exceptionnel à Abidjan à celui qui a rythmé leur vie en chansons.
« Nous attendons 100.000 personnes pour les funérailles musicales qui débutent vendredi », a affirmé à l’AFP Kenzo Kouadio, le président du comité d’organisation des funérailles du « Père des Chinois », surnom donné au chanteur tant ses admirateurs étaient nombreux.
DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Houon, est mort à 33 ans des suites d’un accident de moto à Abidjan. L’annonce de sa mort avait donné lieu à des scènes d’hystérie parmi ses fans.
Genre musical, mais aussi attitude, le coupé-décalé, musique au rythme endiablé utilisant souvent des sons électroniques, est né en 2003 dans les boîtes de nuit ivoiriennes pour se disséminer ensuite dans toute l’Afrique.
Le « Félicia », le stade Félix Houphouët-Boigny, le plus grand du pays avec une capacité de 34.000 places, abritera la cérémonie d’hommage qui a mobilisé les meilleurs promoteurs de spectacles du pays.
« Les portes du stade vont s’ouvrir dès 06H00 (locales et GMT) et les animations débuteront à 10H00 jusqu’au lendemain », après quoi la dépouille de l’artiste, père de cinq enfants, sera enterrée samedi dans le cimetière de Williamsville, dans la commune populaire d’Adjamé, a précisé M. Kenzo.
De nombreuses personnalités du monde artistique sont attendues à cette célébration, selon M. Kenzo, mais la liste des noms n’était pas arrêtée vendredi matin.
Des écrans géants seront installés dans des quartiers populaires d’Abidjan dont Yopougon, Koumassi, Abobo, ainsi qu’à Cocody-Angré où résidait DJ Arafat, pour suivre la cérémonie qui sera aussi retransmise en direct par la Radio-Télévision publique ivoirienne.
« Les préparatifs se passent bien. La sécurité sera de mise », a assuré à l’AFP Victor Yapobi, un des responsables de l’organisation.
De nombreux Abidjanais redoutent cependant des dérapages. L’administration publique ivoirienne, des ambassades, des institutions et des entreprises ont alerté leurs employés sur la situation « très volatile » pendant ces deux jours (vendredi et samedi), et vont pour certaines fermer leurs bureaux proches du stade.
– Il a ‘révolutionné le coupé-décalé’ –
Le décès du « Daishinkan » (un autre de ses surnoms lié à un héros de BD) a suscité un émoi national : dirigeants politiques, stars de football et artistes de renom se sont succédé pour « saluer son talent ».
Né d’un père ingénieur du son réputé et d’une mère chanteuse, le jeune DJ Arafat s’était formé à la musique sur le tas. « Il faisait le tour des studios pour apprendre, il était curieux de tout », raconte Franck Alcide Kacou, directeur label et publishing d’Universal Music Africa (filiale de la multinationale Vivendi), la compagnie qui produisait DJ Arafat depuis 2013.
DJ dans les maquis de la rue Princesse à Yopougon, le grand lieu de la fête à Abidjan, il avait percé avec le titre « Jonathan » en 2003, avant d’enchaîner les tubes pendant 15 ans : « Kpangor » (2005), Djessimidjeka (2012), Maplorly (2015), Dosabado (2018), entre autres.
Arafat a « révolutionné le coupé-décalé, en mélangeant les sons, les rythmes. Il s’est par exemple inspiré de musiques traditionnelles africaines, mais aussi de l’afrobeat nigérian, du rap, du baile funk brésilien. Il était aussi un danseur exceptionnel et a associé à sa musique des concepts de danse nouveaux », explique M. Kacou.
« Il était l’artiste le plus influent de l’Afrique de l’Ouest, avec une communauté de deux millions de fans sur facebook. Il avait une véritable aura », selon M. Kacou. « Il commençait à percer en Europe et en Amérique, à toucher un public au-delà de la diaspora ivoirienne ».
Sur son dernier album, « Renaissance », sorti fin décembre 2018, il avait invité des artistes internationaux tels que Maître Gims, Dadju, Davido et Fally Ipupa.
Il était parfois controversé. « C’était une personnalité clivante. Il était très sensible, d’où ses réactions +sans filtre+ et ses clashes avec les autres artistes, qui faisaient partie de sa carrière musicale », raconte M. Kacou. « Mais c’était aussi des coups marketing. Arafat était aussi un génie de la communication, il utilisait très bien les réseaux sociaux ».
DJ Arafat avait été désigné « meilleur artiste de l’année » aux Awards du coupé-décalé en 2016 et 2017. Il avait aussi été distingué en 2012 « meilleur artiste africain » au Kora Music Awards, récompenses musicales panafricaines.
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