Ernest Hemingway : quatre mariages et un enterrement
À travers le prisme de ses quatre épouses, Arte propose ce dimanche à 22h45 un portrait de ce géant de la littérature américaine.
Né au crépuscule du XIXe siècle, dans la paisible banlieue d’Oak Park, à Chicago, Ernest Hemingway (1899-1961), dont le patronyme est alors Miller, a vite la bougeotte. Les faubourgs huppés, très peu pour lui.
À 18 ans, la guerre lui offre l’échappatoire rêvée et il s’engage comme ambulancier de la Croix-Rouge sur le front italien. Fringuant, athlétique et un brin trop sûr de lui, le fougueux Ernest est blessé en juillet 1918 dans une tranchée de Vénétie.
Hem aime Paris et l’écriture
Après la Grande Guerre, il regagne le pays de l’Oncle Sam. Déprimé, il y fait toutefois deux rencontres décisives : celles de Sherwood Anderson, un écrivain qui lui conseille d’aller vivre à Paris, et d’Hadley Richardson, une pianiste de huit ans son aînée qu’il épouse en 1921.
Hemingway est ensuite recruté par le journal Toronto Star comme correspondant à l’étranger. Avec Hadley, ils s’établissent dans la Ville Lumière. Le Paris bohème enchante le couple. Surnommé Hem, il devient le protégé de la poétesse Gertrude Stein qui connaît toute la «Rive gauche» des artistes. James Joyce, qui vient juste de publier «Ulysse», le prend aussi sous son aile.
Voyant son amitié pour les écrivains, Hadley lui offre une machine à écrire. En 1923, il publie un premier ouvrage composé de trois histoires et dix poèmes : «En notre temps».
L’appel de l’aventure
Fraîchement écrivain, Ernest entame aussi son job de père de famille. Mais, l’aventurier en lui ressurgit : s’imaginer père de famille à temps plein, il n’y parvient pas. Alors il arpente le monde pour le Toronto Star, interviewant même Mussolini dont il dira : «C’était un pauvre type».
En 1924, Hem lâche son premier métier pour se consacrer entièrement à l’écriture romanesque. En 1927, il divorce et épouse sa maitresse, Pauline Pfeiffer, une consœur travaillant pour Vogue. Alors qu’il peaufine «L’Adieu aux armes», qui fera de lui une star de la littérature, son père se suicide. Il tient sa mère pour responsable.
Avec Pauline, ils partent s’installer en Floride. Désormais père de trois enfants et fortuné, Ernest continue à s’adonner à ses passions… et son vice : l’alcool, les chats, et les voyages, dont un en Espagne où il tombe amoureux de la tauromachie. Sous le charme de la culture ibérique, Hemingway y retourne souvent, même lorsque Madrid est pilonnée par les Allemands et les Italiens dès 1936. Il fait alors la connaissance de Martha Gellhorn, une reporter de guerre qui devient sa troisième épouse fin 1940.
Entrée en guerre et consécration
L’âme de journaliste de Hem l’avait pressenti, l’entrée des USA dans la Seconde Guerre est inévitable. Il y prend part. «On le retrouve en Normandie, immortalisé par le photographe Robert Capa lors du Débarquement», relate L’Express. «Hemingway se l’était juré : être toujours là où l’Histoire s’écrit !»
Après la guerre, l’homme est en mal d’action et dépérit. «Ses proches décrivent un être hâbleur, gavé de succès, ivrogne, colérique et volontiers bagarreur. Martha le trouve pathétique et demande le divorce», poursuit l’Express.
En 1946, il épouse sa maîtresse, Mary Welsh, une journaliste du Time. Alors que le monde littéraire l’a déjà jeté aux oubliettes, Hemingway publie «Le Vieil homme et la mer», chef d’œuvre auréolé du prix Pulitzer en 1953 et du Nobel 1954.
Mort dans l’après-midi
Malgré cette consécration, Ernest souffre de trop de maux : hypertension, diabète, cirrhose, dépression, Alzheimer… Le 2 juillet 1961, comme son père trente-trois ans avant lui, il met fin à son supplice physique et psychologique en se suicidant d’un coup de fusil. Pour éviter le scandale, sa veuve parle d’un accident. Répondant peut-être aussi à l’une des volontés de son époux : «Je préférerais que l’on analyse mon œuvre plutôt que les infractions de mon existence».
Cet article est paru dans le Télépro du 2/9/2021
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