Elizabeth II : secrets d’une icône de platine
Elle est la tête couronnée à la fois la plus connue et la plus méconnue du monde. Pourquoi la Reine de 96 ans reste-t-elle iconique ? Ce samedi à 13h40 sur TF1, «Grands reportages» raconte «Elizabeth II, une histoire de famille».
On en sait beaucoup sur les siens, Charles, William, Kate et «all the family». Mais qu’en est-il de celle qui célèbre son jubilé de platine, soit ses 70 ans de règne qui seront fêtés à travers l’Angleterre du 2 au 5 juin prochains ?
Exposée lors de faits publics marquants, comme le discours sur son «Annus Horribilis» (1992) en passant par les mariages et enterrements, Elizabeth Alexandra Mary d’York, née le 21 avril 1926, n’a jamais donné d’interview, cultivant une totale discrétion. Il faut donc lire entre les lignes…
Icône du courage
Elizabeth a très tôt compris son destin et a vite adhéré à de fortes valeurs dont l’engagement et le courage. Durant la Seconde Guerre, celle qui a atteint ses 18 ans insiste auprès de son père, le roi George VI, afin d’aider son pays.
Second Subaltern Elizabeth Windsor enfile une combinaison de mécanicienne et conductrice de camion militaire. La future souveraine côtoie alors des femmes «du quotidien», elles aussi engagées. Ce partage les enrichira toutes. À ce jour, Elizabeth est la seule femme de la Famille royale à être entrée dans les forces armées et la seule cheffe d’État encore vivante à avoir servi durant le conflit.
Icône du sang froid
Bien que très surveillée, la monarque a deux fois été confrontée à un danger mortel proche. Et a réagi avec un flegme étonnant. Le 13 juin 1981, elle défile à cheval. Soudain, Marcus Sarjeant, 17 ans, admirateur des assassins de JFK et de Lennon, tire six coups à blanc vers la Reine. Celle-ci ne panique pas, calme son cheval et continue son chemin. L’agresseur sera interné dans un centre psychiatrique.
Un autre importun réussit, le 8 juillet 1982, à pénétrer dans Buckingham Palace en escaladant une corniche et à entrer dans la chambre de Sa Majesté ! Michael Fagan, 31 ans, père de famille au chômage tient à lui parler de sa situation avant de se suicider. Il est 7 h 15, Elizabeth s’éveille et, en attendant les secours, s’entretient avec lui durant dix minutes.
En 2020, The Independent a retrouvé Fagan, septuagénaire, qui cultive toujours une admiration pour la Reine : «Je me réjouis de son jubilé, j’espère qu’elle vivra jusqu’à cent ans, je lui enverrai un télégramme pour le célébrer !».
Icône du devoir, mais…
Malgré son grand intérêt pour ses sujets, Sa Majesté a dû apprendre au fil du temps à être plus proche d’eux. Notamment suite au drame de la mine Aberfan en 1966. Après une nuit de pluie, 140.000 m² de déchets de charbon entassés côté d’une école, glissent et ensevelissent le village, faisant 144 morts.
Elizabeth envoie son époux Philip sur les lieux. Après de vives critiques du peuple, elle s’y rend huit jours plus tard. En 2002, elle avouera que ne pas avoir été visiter Aberfan immédiatement était «son plus grand regret».
Icône de la comm’
Sa capacité à s’adapter au changement se manifeste dès son couronnement, le 2 juin 1953. Après son mariage capté par la BBC en 1947, et même si son Premier ministre et ami Winston Churchill s’y oppose, «Liz» décide de diffuser l’investiture à la radio et à la télé afin de moderniser la monarchie et se rapprocher du peuple. Vingt-sept millions de Britanniques seront devant un petit écran et onze millions près d’un transistor.
En 1969, contre toute attente, Elizabeth accepte que soit réalisé et diffusé un documentaire de 105 min en couleur, sur son quotidien et sa vie de famille afin d’humaniser l’image de la monarchie ! Le film, un peu pompeux, est critiqué par certains, mais rencontre un franc succès avec trente millions de téléspectateurs attentifs.
Durant l’entracte, les toilettes londoniennes ont tant fonctionné que cela aurait provoqué une pénurie d’eau. Mais pas de tendresse. «Cela a redéfini la vision de la Nation sur la Reine», selon le Daily Telegraph. «Le public a été étonné d’entendre Sa Majesté parler spontanément et de la voir dans son salon !».
Icône des artistes
Si elle fascine ses sujets et ses fans du monde entier, Elizabeth II intrigue et inspire aussi les artistes. Si bien que celui-ci a été «revu et réinterprété» à toutes les sauces faisant d’elle une icône «pop», au sens «populaire». Parmi les plus amusants ou «shocking» : le collage de Jamie Reid (1977) affichant une reine punk, le portrait sérigraphié et coloré d’Andy Warhol (1985), une image pixelisée de Kim Dong Yoo (2007), composée de centaines de mini-images de… la princesse Diana.
Enfin, en 2012, Banksy a aussi croqué «Lilibeth» avec un énorme graffiti à Bristol où elle porte le même maquillage que son compatriote Bowie : le mythique éclair de Ziggy Stardust. CQFD : Elizabeth II est mondialement emblématique et légendaire !
Cet article est paru dans le Télépro du 26/5/2022
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