Eisenstein, « Apocalyse Now » et la famille: quand Coppola évoque son parcours
Ses débuts, ses prises de risques, sa famille … Le géant du cinéma américain Francis Ford Coppola est revenu sur son parcours lors du Festival Lumière à Lyon qui se termine dimanche après l’avoir récompensé pour l’ensemble de sa carrière.
– le choc Eisenstein –
C’est après avoir vu le film de Sergueï Eisenstein « Octobre » (1927) que Coppola a décidé de se tourner vers le cinéma.
« J’étais intéressé par les sciences » mais après avoir échoué dans cette branche « je suis devenu étudiant en théâtre, parce que c’était là qu’étaient les filles », a-t-il raconté lors d’une conversation avec le public.
« Un après-midi, je suis allé à une projection à 16H00, à laquelle il n’y avait personne. C’était +Octobre+. Et je n’en croyais pas mes yeux », a-t-il raconté. « J’ai dit +je vais faire du cinéma comme Eisenstein+. Et je suis allé étudier dans le département cinéma de UCLA ».
– imagination et enthousiasme –
« Certains réalisateurs ont un don de Dieu », comme « Roman Polanski, Steven Spielberg ou William Wyler », a estimé Coppola lors d’une conférence de presse.
« D’autres ne sont pas aussi doués. Mais ils parviennent à atteindre un niveau créatif en travaillant beaucoup, en réécrivant sans cesse », a-t-il ajouté. « C’est le genre de talent que j’ai ».
« Mes dons sont une bonne imagination, de l’enthousiasme et peut-être une petite vision de l’avenir, mais c’est tout ».
– prises de risques –
« Je ne veux pas refaire un film que j’ai déjà fait », a expliqué le cinéaste, mettant en avant « son envie d’apprendre ». Pour lui, « le risque est ce qui est si palpitant dans l’art ».
« Ma carrière a commencé avec un film de gangsters qui a eu du succès (+Le Parrain+, ndlr). J’aurais pu faire des films de gangsters pendant toute ma carrière ».
« Mais ensuite j’ai fait un film le plus éloigné possible d’un film de gangsters, un film de guerre sur le Vietnam d’un style totalement différent », a-t-il poursuivi, puis, plus tard, « un film sur Dracula ».
« Chaque film que j’ai fait était une expérimentation pour m’apprendre des choses sur mon style », a-t-il dit, avant de plaisanter: « Apprendre est l’un des rares plaisirs humains qui ne fait pas grossir, qui ne donne pas de diabète et qui ne met pas votre femme en colère contre vous ».
– dépassé par +Apocalypse Now+ –
Coppola est revenu sur son film culte au tournage maudit « Apocalypse Now » (1979) et sur « le cauchemar de sa production » qui l’a « complètement dépassé ».
« La plupart du temps, quand vous essayez de convaincre quelqu’un de financer votre film, vous essayer d’avoir l’air de savoir comment vous allez le faire », a-t-il dit.
« Pour Apocalypse Now, j’ai dit que ça allait être une grosse production avec des hélicoptères et que ça allait être un gros film de guerre », a-t-il ajouté. « Mais quand je suis arrivé là-bas je me suis rendu compte que je ne savais pas comment faire ».
Prévu pour un budget de 13 millions de dollars, le film en coûtera 30 millions. Coppola y investira sa fortune personnelle en hypothéquant ses biens.
– cinéma en famille –
« Quand je partais plus de deux semaines (pour des tournages), je retirais les enfants de l’école et je les amenais avec moi », a raconté Coppola. « Et c’était une bonne idée, parce que les deux semaines se transformaient généralement en six mois! ».
« Nous étions comme une troupe familiale (…) J’ai toujours mis mes enfants dans mes films », comme Sofia bébé dans « Le Parrain », puis dans « Le Parrain 3 ».
« Résultat, ils ont été dans l’univers du cinéma », a-t-il ajouté, sa fille Sofia comme son fils Roman, tous deux réalisateurs.
Sa petite-fille Gia Coppola, réalisatrice, « représente la cinquième génération de la famille Coppola dans le cinéma », a-t-il souligné avec fierté. Le père de Coppola, compositeur et musicien, a participé aux bandes originales de plusieurs de ses films et son grand-père paternel a notamment été l’un des inventeurs du procédé de cinéma sonore Vitaphone.
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