Eddie Murphy : l’artiste polymorphe !
Avec ou sans grimage, en période de succès ou d’échec, la star aux mille visages s’est faite toute seule. Parfois envers et contre tous. Ce vendredi à 22h30, Arte diffuse le documentaire «Eddie Murphy, le roi noir d’Hollywood».
Son rire si caractéristique continue de galvaniser les spectateurs à chaque fois qu’il retentit. Phénomène des années 1980, Edward Regan Murphy a imposé un style unique.
Errance et chèques-repas
Artiste de stand-up dans de petites boîtes new-yorkaises à ses débuts, Eddie Murphy (62 ans) s’est inspiré de ses aînés, Peter Sellers et Richard Pryor, mais dit devoir son humour à son enfance difficile. Après avoir perdu son père, le petit Ed est balloté à 8 ans, avec son frère, entre leur mère et des foyers d’accueil. Même si cette errance est brève, le gamin y puise l’insolence nécessaire pour tenir le coup. Puis, pour réussir quand le «Saturday Night Show», émission américaine très connue mais en perte de vitesse, l’engage afin de pimenter l’ambiance avec des sketches. L’excentrique a 19 ans et se donne deux années pour atteindre le sommet. Promesse ambitieuse tenue. À 20 ans, il vit de chèques-repas. Un an après, le voilà star de cinéma.
Rien que de bons mots
Sa première apparition dans «48 heures» (1982) confirme le succès de ses sketches. Eddie Murphy a un autre atout. Il remanie toutes ses répliques afin qu’elles collent à sa personnalité. «J’ai toujours essayé de rendre le dialogue fluide, plus authentique. Je ne me considère pas vraiment comme un acteur, mais comme humoriste. Ça me met plus à l’aise car les bons mots ne dépendent que de moi !», assure la star au magazine Rolling Stone. En effet, ça marche. Du tonnerre ! En 1984, «Le Flic de Beverly Hills» met tout le monde d’accord.
La loi de Murphy
Le triomphe est hélas versatile. L’acteur le sait : «Hollywood est une entreprise où le succès est l’exception et non la règle.» Ses choix et ses films séduisent soudain moins le public. Eddie se perd de vue. Il est arrêté dans une rue glauque avec une prostituée travestie dans sa voiture. Et prétend avoir simplement aidé la dame en la raccompagnant chez elle… Baissant dans l’estime des médias et des cinéphiles, il se livre alors à un tour de force, déjà amorcé avec «Un prince à New York» (1988), en jouant plusieurs personnages à la fois dans «Le Professeur Foldingue» (1996) grâce à des grimages et des modulations vocales stupéfiantes. La star étonne aussi dans «Dreamgirls» (2006) qui lui vaut un Golden Globe.
Pourtant, ses prestations sont encore souvent dépréciées, voire moquées. La reconnaissance n’est arrivée qu’en janvier dernier. Eddie Murphy a reçu le prix Cecil B. DeMille saluant sa «contribution exceptionnelle au monde du divertissement» ! À 62 ans, ses tumultes ont fait place à la sérénité. Et une certaine fierté : «Je me sens bien dans ma peau, j’ai économisé du flouze, mes enfants sont beaux et intelligents, tout le monde est en bonne santé. Après toutes ces années, j’ai bien réussi. Et je suis cool !» Qui en douterait ?
Cet article est paru dans le Télépro du 26/10/2023
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